Sainte Elisabeth de la Trinité - Chapitre 4

Photo du Carmel de Dijon.

Au cours de l’année 1905, Elisabeth est marquée par la Lettre de Saint Paul aux Ephésiens. Un passage retient particulièrement son attention :

 

« En Lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de Celui qui réalise tout ce qu’Il a décidé : Il a voulu que nous vivions à la louange de Sa Gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ.

En Lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu

est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de Sa Gloire. »

 

Et de se poser aussitôt la question : « Comment devenir parfaites louanges de Gloire de la Sainte Trinité ? » Elle y répondra en écrivant : Le Ciel dans la Foi. Il s’agit ici d’un aspect essentiel de sa spiritualité. Pour elle, devenir louange de gloire est un cadeau de Dieu. Pour modèles, les bienheureux dans le ciel de la gloire. La louange devient possible en étant fondée et enracinée dans l’amour. Il faut fixer Dieu dans la foi, en silence, en étant toujours en actions de grâces et en espérant le Ciel pour récompense. Elisabeth aspire de toute son âme à sa vocation éternelle, « celle par laquelle Dieu m’a élue en Lui, in principio, celle que je poursuivrai in æternum alors que, plongée au sein de la Trinité, je serai l’incessante louange de Sa Gloire ». Elle signe désormais toutes ses lettres par ces mots : laudem gloriæ. Sous l’action de l’Esprit Saint, elle veut être « tout identifiée avec cet Exemplaire divin, toute passée en Lui et Lui en moi. »

 

Cette même année 1905, sa santé se détériore, une grande fatigue l’accable au point qu’on lui accorde des exceptions à l’observance de la règle. Elle commence à souffrir atrocement au point, lorsqu’elle revient des offices – elle l’avouera plus tard à la Mère Supérieure – de vivre de véritables agonies, d’être obligée de s’appuyer au mur pour regagner sa cellule. Elle est atteinte de la maladie d’Addison qui affecte les glandes surrénales et qu’à l’époque on ne sait pas soigner. Elle s’affaiblit progressivement et doit, au mois de mars 1906, entrer à l’infirmerie du Carmel. Totalement épuisée, elle s’alimente de plus en plus difficilement. Le Dimanche des Rameaux, elle reçoit l’Extrême-Onction et, le Vendredi Saint suivant, son état est très inquiétant. Sa maladie va durer huit mois. On ne lui administre ni morphine, ni calmants et elle subit un véritable martyre. Elle avoue « Je sens comme des bêtes qui me dévorent en dedans, c’est comme si on m’arrachait les entrailles. ». Elle devient squelettique, paraît littéralement calcinée (cette maladie dite « bronzée » provoque en effet une pigmentation de la peau).

« Du palais de la douleur et de la béatitude, Votre petite louange de gloire ne peut dormir, elle souffre ; mais de son âme, encore que l’angoisse y passe, il se fait tant de calme… Je sens mes Trois si près de moi ; je suis plus accablée par le bonheur que par la douleur. »

Car, au creux de cette souffrance, Elisabeth se voit transformée en Jésus-Christ : « Je ne peux pas dire que j’aime la souffrance en elle-même mais je l’aime parce qu’elle me rend conforme à Celui qui est mon Epoux et mon Amour. » Elle dit aussi « aller à ma passion avec Lui pour être rédemptrice avec Lui. »

Mère Germaine, la Supérieure du couvent, se tient souvent au chevet d’Elisabeth. Sachant l’admiration que cette dernière portait à Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, de quelques années son aînée, elle lui demanda un jour si, à l’exemple de la Sainte, elle passerait son éternité à redescendre sur la terre pour le bien des âmes. Elisabeth répondit : « Oh non, bien sûr, à peine sur le seuil du Paradis, je m’élancerai comme une petite fusée au sein de mes Trois, une louange du gloire ne pouvant avoir d’autre place pour l’éternité et je m’y enfoncerai toujours davantage. »

Et après une pause : «  Pourtant si le Bon Dieu m’accorde quelque crédit, il me semble qu’au ciel, ma mission sera d’attirer les âmes dans le recueillement intérieur. »

 La mort, imminente, ne l’effraie pas : « la mort, c’est le sommeil de l’enfant s’endormant sur le cœur de sa mère. » Et elle témoigne : « Quels jours ineffables j’ai passés dans l’attente de la grande vision… Qu’elle est suave et douce, la mort pour les âmes qui n’ont aimé que Lui. » Elle pense aussi à ceux et celles qu’elle a connus et qui l’ont précédée dans la mort : « Dans l’unité d’une même foi et d’un même amour, nous retrouverons en Dieu nos chers disparus qui nous ont précédés là-haut. Jamais je ne les ai sentis aussi présents. »

La Mère Supérieure, témoin quotidien de la spiritualité d’Elisabeth lui demande d’écrire une retraite sur le thème de la Louange de Gloire. Ce texte est écrit vers la fin du mois d’août 1906 sous le nom de Dernière Retraite.

« Avant de mourir, je rêve d’être transformée en Jésus Crucifié » confie Elisabeth. Sa maladie empire courant octobre 1906. Lors de la Toussaint, la communauté récite la prière des agonisants. Elle rend son âme au Seigneur le 9 novembre 1906 avec ces mots : « Je vais à la Lumière, à l’Amour, à la Vie ».

 

Elisabeth demeure aujourd’hui pour nous la Sainte de l’intériorité. C’est dans l’intimité de l’âme qu’habitent « les Trois » que la Sainte a tant aimés « dans ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en nous et de nous transformer en Lui. » Et voici ce qu’Elisabeth de la Trinité nous lègue : « Je vous laisse ma foi en la présence de Dieu, du Dieu tout Amour habitant en nos âmes. Je vous le confie, c’est cette intimité avec Lui « au-dedans » qui a été le beau soleil irradiant de ma vie en en faisant déjà comme un ciel anticipé. »

 

A la mort d’Elisabeth, Mère Germaine, Supérieure du Carmel, publie une petite biographie de quatorze pages sur la jeune carmélite, diffusée aux différents carmels. Cette brochure est très vite épuisée. Mère Germaine décide alors d’écrire un livre sur Elisabeth, intitulé Souvenirs. Publié en 1909 à 1500 exemplaires, il est constamment réédité. Cinquante ans plus tard, il comptait une parution de plus de 100000 exemplaires. Un dominicain, le Père Philipon, publie un livre sur Elisabeth en1931, année où le procès de béatification de la Sainte est ouvert. Son livre compte 15 éditions et est traduit en neuf langues. Un théologien suisse, Hans Urs von Balthasar, lui consacre aussi un ouvrage. 

 

En 1938, un moine de Citeaux, Dom Jean Chanut, fut miraculeusement guéri d’une tuberculose des reins qui avait progressé à tel point qu’il ne lui restait plus guère de temps à vivre. A la suite d’une neuvaine à Elisabeth de la Trinité, priée par toute la Communauté, Jean Chanut se sentit mieux au point de reprendre ses activités. Des examens ultérieurs montrèrent l’absence totale du bacille de Koch. Le moine, guéri, n’eut jamais de rechute, il devint Prieur puis Abbé de Citeaux. Le miracle fut reconnu le 17 février 1984. Elisabeth de la Trinité a été béatifiée le 25 novembre 1984 par le pape Jean-Paul II.

 

En 1997, une enseignante de la province de Liège, Marie-Paul Stevens, apprit qu’elle était atteinte du syndrome de Sjögren, une maladie auto-immune. En 2002, les médecins l’informèrent qu’elle était atteinte d’une deuxième lésion cérébrale et ils ne lui laissèrent aucun espoir. Professeur de religion, Marie-Paul Stevens entretenait avec Elisabeth de la Trinité une « amitié spirituelle ». Elle avait, en l’an 2000, dit « oui » à l’ordre séculier du Carmel. Consciente de sa mort imminente, elle voulut, malgré les terribles difficultés du voyage inhérentes à sa maladie,  faire un pèlerinage à Dijon auprès d’Elisabeth. Emmenée par des amis, elle se rend à la chapelle, prie. Puis elle sort pour rejoindre ses amis au parking. Et là, elle se rend compte qu’elle peut bouger, que tout est en train de changer. De retour chez elle, les analyses pratiquées indiquent qu’il n’y a plus un gramme de Sjögren dans le sang. Elle est complètement guérie au point qu’elle retourne à pied, en pèlerinage, parcourant quelque 350 kilomètres, au Carmel de Flavignerot, près de Dijon, où les reliques de Sainte Elisabeth ont été transportées. Sa guérison est reconnue par décret papal.

Sainte Elisabeth de la Trinité est canonisée par le pape François le 16 octobre 2016. Sa fête a été fixée au 13 novembre.

 

Avant de quitter Sainte Elisabeth de la Trinité, redisons avec elle sa prière d’adoration, Ô mon Dieu, Trinité que j’adore (cf. chapitre 3). Et si certains d’entre nous ont des difficultés à entrer en prière, qu’ils se laissent conduire par la Sainte : « On vient tout simplement à Celui qu’on aime, on se tient près de Lui comme un petit enfant dans les bras de sa mère et on laisse aller son cœur. »

Avec la Vierge Marie dont Elisabeth de la Trinité a dit : « à travers tout, la Vierge restait l’Adorante du don de Dieu », adorons « les Trois », Père, Fils et Saint-Esprit.

 

Je vous salue Marie…

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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9 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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