Une Femme, également annoncée - 3/30
L’attente de « Celle qui doit enfanter » (Michée 5,2)
(La Mère du Rédempteur)
« Sa descendance t’écrasera la tête, et toi, tu la meurtriras au talon »
(Genèse 3,18)
Le prophète Michée parle de « Celle qui doit enfanter » en se référant à la grande prophétie d’Isaïe donnée 30 années auparavant, qui annonçait le signe que le Seigneur donnerai un jour à la maison royale de David : « Voici que la Vierge est enceinte, elle enfantera un fils et on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire "Dieu avec nous" » (Isaïe 7,14), mais il se réfère aussi certainement à la Femme annoncée dans la Genèse, dont la descendance « écrasera la tête du serpent » (Genèse 3,15). Elle est également « la racine de Jessé » (Isaïe 11,1) sur laquelle poussera la fleur du Messie, « l’élue » (Tobie 13,11), « l’épouse » du Cantique des cantiques, « la plus belle des femmes » (Cantiques 5,9) qui « séduit le Roi » (Psaume 46,12), étant « comme le lys au milieu des chardons » (Cantique 2,2), « sans tache aucune » (Cantique 4,8). Elle sera également « la femme qui entourera l’homme » selon la prophétie de Jérémie (31,21-22), « la Fille de Sion » qui danse et se réjouit de porter le Roi d’Israël « en son sein (littéralement : en ses entrailles de mère) » (Zacharie 2,14-15), qui accouchera miraculeusement (Isaïe 66,6-8), qui restera éternellement « une fontaine scellée » (Cantique 4,12) et « une porte fermée » (Ézéchiel 44,1-2). Marie est aussi l’image la plus parfaite d’Israël qui attend le Christ et l’icône de l’Église qui le prolonge, en ayant été également celle qui a été le plus avec lui durant toute sa vie, pendant les 9 mois de la grossesse, puis les 30 ans de la vie cachée et finalement les 3 années de la vie publique de Jésus.
Dans la tradition juive,
ces textes ont toujours été attribués à la mère du Messie qui est la seule autre personne annoncée par les prophéties bibliques, avec également la figure du Précurseur du Messie, évoquée de manière plus furtive, en seulement deux passages de Malachie (3,23-24 et 3,33).
Etant donné que cette tradition juive affirme que « tous les prophètes sans exception, n'ont prophétisé que pour les jours du Messie » (Talmud, traité Sanhédrin - fol. 99 recto; Sabbat, fol. 63 recto ; Berahhot, fol. 54 verso.) elle ne se prive jamais de rechercher dans toutes les images, personnes, figures et thématiques bibliques un lien avec l’avènement du Messie et c’est ainsi que beaucoup d’autres textes peuvent être attribués à la mère de « Celui qui doit venir » (Mt 11,3).
Dans l’accomplissement chrétien,
qui reconnait le Christ Jésus comme « le centre du cosmos et de l’Histoire » (Jean-Paul II - Redemptor Hominis 1), la place éminente de sa mère, la Vierge Marie sera bien évidemment mise en lumière puisque c’est elle, seule, qui a répondu au nom de toute l’humanité son « Fiat » à l’Incarnation du Fils de Dieu et qui a ainsi permis et scellé cette Alliance nouvelle et éternelle par laquelle nous sommes sauvés.
L’Hymne Acathiste et les Pères de l’Église feront ainsi après Pâques, dans la lumière du Christ ressuscité et au-delà de ce que pouvait en percevoir la Synagogue antique, une relecture typologique de toutes ces images, figures et prophéties de l’Ancien Testament pour y reconnaître « dans une plus parfaite clarté la figure de la femme, Mère du Rédempteur » (Lumen Gentium n°55).
C’est ainsi qu’on dira, par analogie, et en méditant le mystère de l’Incarnation, que la Vierge elle aussi a été couverte par la nuée divine (cf. Exode 40,34) comme le Mont Sinaï (Exode 19,18 ; 24,16), l’Arche (Ex 25,10) et le Temple (1 R 6,2), et qu’elle est devenue ainsi à l’Annonciation l’Arche de la Nouvelle Alliance « dorée par l’Esprit » (Hymne Acathiste cf. Ex 25,11), qui porte l’Emmanuel « Dieu avec nous » (Isaïe 7,14) et qui renferme le gage précieux de l’alliance de Dieu avec les hommes (DHES 2 page 9).
La Vierge Sainte est également relue par exemple comme plusieurs symboles importants de la Bible :
- L’Arbre de la Vie (Gn 3,22) « dont le fruit splendide nourrit les croyants » (Hymne Acathiste)
- L’Arche de Noé (Gn 6,9) « qui abrite tous les pécheurs de la terre » (Saint Alphonse de Liguori) et qui nous libère du déluge de la faute » (Jean Mauropole)
- La Montagne (Gn 7,9) « dont la hauteur dépasse la pensée des hommes » (Hymne Acathiste)
- La Colombe de Noé (Gn 8,11) « qui apporte au monde le rameau de la paix » (Hymne Acathiste)
- L’Échelle de Jacob (Gn 28,12) « en qui Dieu descend sur la terre » (Hymne Acathiste),
- Le Buisson Ardent, où Dieu se cache au milieu des flammes, et l’humble arbrisseau des point atteint du feu et conserve son intégrité (Ex 3,2 cité en DHES 2 page 9)
- La Nuée féconde (Ex 16,10) qui fait descendre sur la terre le juste et la justification (Is 45,8 cité en DHES 2 page 10 et DHES 1 page 87 note 7).
- La Colonne de Feu (Ex 13,21) « qui illumine notre marche dans la nuit » (Hymne Acathiste)
- La Mer (Ex 14,28) « où trouve sa perte le Pharaon qui nous tient dans l’esclavage du péché » (Hymne Acathiste)
- L’Abime (Ex 15,5) « à la profondeur insondable » (Hymne Acathiste)
- Le Rocher de Moïse (Ex 17,6) « d’où jaillit la Source qui abreuve les assoiffés » (Hymne Acathiste)
- Le Havre de Paix (Nb 35,28) « pour ceux qui se débattent dans les remous de la vie » (Hymne Acathiste)
- La Verge d’amandier d’Aaron, qui sans racine et sans sève de la terre fleurit et produit un fruit miraculeux (cf. Nb 17,8 cité en DHES 2 page 9)
- Le Pays (Ex 13,5) « ruisselant de lait et de miel » (Hymne Acathiste)
- La Belle Terre de la foi (Dt 28,8) « où s’accomplit la promesse » (Hymne Acathiste)
Elle est annoncée aussi par l’image du Temple et de ses composants, étant par analogie :
- Le Tabernacle (Ex 29,41) « du Dieu vivant» (Hymne Acathiste)
- La Table (Ex 25,23-30) « qui offre la Réconciliation en plénitude » (Hymne Acathiste)
- Le Vase sacré renfermant la manne céleste en réserve dans le Tabernacle devant le Seigneur » (Ex 16,33 cité en DHES 2 page 10)
- et elle est vraiment, « le Temple du Dieu de toute immensité» (Hymne Acathiste) »
Elle est également entrevue à travers des images bibliques ou d’autres paraboles naturelles comme :
- L’Etoile (Si 50,6) « qui annonce le lever du soleil » (Hymne Acathiste)
- La Toison de Gédéon (Jg 6, 37-40) « qui recueille la rosée du Ciel » (Origène, Saint Bernard)
- La Chambre nuptiale (Tb 6,13) « où Dieu épouse notre humanité » (Hymne Acathiste)
- Le Porche du mystère (Ez 40,16-48) « enfoui depuis des siècles » (Hymne Acathiste)
- La Tour solide de David (Ct 4,4) « qui garde l’Église » (Hymne Acathiste)
- Le Rempart inébranlable (2 R 14,13) « de la Cité de Dieu » (Hymne Acathiste)
- L’Aurore (Ps 130,6) « qui précède le lever du Soleil » (Hymne Acathiste)
- La Lune (Ct 6,10 ) « qui reflète la lumière du soleil » (Hymne Acathiste)
- Le Trône (2 Sa 7,13) « du Roi » (Hymne Acathiste)
- et elle est bien (Ps 46,5-6) « la Demeure très sainte de Celui qui siège au-dessus des Séraphins » (Hymne Acathiste)
De même, quantités d’attitudes ou de personnages bibliques sont relus comme des annonces de certains aspects de la vie ou de la mission de la Vierge :
- Ève, reconnue comme « la Mère de tous les vivants » (Gn 3,20)
- Sarah, qui ne pouvait enfanter sinon miraculeusement « le fils de la promesse » (Gn 17,17)
- Rebecca, celle qui fut « choisie par Dieu » pour son élu (Gn 24,15)
- Rachel, la « bien aimée » qui pleure ses enfants de Bethléem (Jr 31,15)
- Déborah, qui conduit le peuple Israël et « chante sa victoire » (Jg 5,12)
- Myriam, sœur de Moïse, qui chante entraine Israël dans un cantique nouveau (Ex 15,21)
- Judith, « bénie entre toutes les femmes » qui frappe à la tête notre ennemi (Jt 13,18)
- Esther, qui intercède pour son peuple et conquiert la bienveillance du Roi (Est 8,4)
- Anne, qui enfante Samuel par miracle et chante son cantique d’action de grâce
- Tamar, qui perpétue la tribu de Juda (Gn 38,1-30)
- Léa, qui n’enfante plus après avoir atteint la limite de la perfection (Gn 29,35)
- Ruth, « humble servante » qui le glorifie son Seigneur (Rt 3,9)
- La Mère des Maccabées, qui reste debout devant le martyr de ses fils (2 Mac 7,22-28)
- Le prophète Elie, qui fut enlevé au Ciel dans un char de feu (2 R 2,11)
- Marie est vraiment « la Reine, assise à la droite du Roi » (Ps 45,10-18)
« Telle est l’admirable Vierge annoncée dès les premiers jours du monde, prédite par les prophètes, figurée tant de fois dans l’Ancien Testament » (Paul Drach - DHES 2 page 9)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6