Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Chapitre 2

Dès son ordination, Montfort part à Nantes rejoindre les prêtres de Saint-Clément où il est attendu pour des missions populaires. A pied, égrenant son rosaire et chantant des cantiques, il voyage joyeusement, heureux de se donner bientôt à l’évangélisation. Mais l’accueil est frais. Sa personne déplaît à ces prêtres bien policés. On le juge incapable de conduire des missions parce qu’il n’est pas docteur de Sorbonne. Le voici remercié. Il doit reprendre la route. et repart vers l’est en direction de Fontevrault où il est invité à la prise d’habit de l’une de ses sœurs. Il s’en réjouit mais oublie la date, tout occupé qu’il est, en route, à évangéliser les passants. Il arrive à Fontevrault après la cérémonie et là, il fait la rencontre inattendue de la protectrice de sa sœur qui n’est autre que Madame de Montespan. L’ex favorite du Roi, qui n’avait jamais renié sa foi, a choisi d’expier ses péchés à Fontevrault et se préoccupe des intérêts de l’Eglise. Loin de la rebuter, les manières de Montfort suscitent son intérêt et elle l’encourage dans son désir d’évangéliser les pauvres. Elle le recommande à Monseigneur Girard, ancien précepteur des enfants royaux et, pour lors, évêque de Poitiers. Arrivé à l’hospice des pauvres de cette ville, il est si loqueteux que les miséreux se cotisent pour lui faire l’aumône ! Mal accueilli par l’évêché que sa personne dérange, il reprend à tout hasard la route de Nantes. Et là, par lassitude sans doute, on lui confie des missions dans les paroisses pauvres de la région nantaise.

Merveilleuse décision ! Son contact avec les paysans est un magnifique succès. Sa voix chaude remue les consciences et sa foi, sa sainteté font le reste. Les gens sont conquis. Il les enseigne, il pleure sur les âmes, on pleure avec lui, les conversions suivent et la joie de croire se manifeste dans des processions où, la foule, derrière la Croix, fait claquer les étendards de Marie. L’heureuse issue de ces missions semble indiquer que la vocation de Montfort doit s’exprimer ainsi, dans les campagnes auprès du petit peuple. Mais, dans ce service du Seigneur où il excelle, il est bientôt contrarié. Madame de Montespan n’admet pas la rebuffade essuyée à Poitiers. Elle a pris de nouveau contact avec l’évêque Girard et Montfort apprend qu’il est attendu à Poitiers où son désir de se consacrer aux pauvres est cette fois pris en compte. Il est nommé aumônier de l’hospice.

Il y déploie un zèle qui va fortement irriter les administrateurs de l’œuvre. En effet, comme le laisser-aller général l’indispose et que l’ordinaire des malheureux en souffre, il n’hésite pas à monter sur un âne et à aller mendier pour eux  en ville… ce qui sera, à juste titre, interprété comme un blâmevis-à-vis des autorités de l’hôpital. Cependant sa foi est telle que bientôt la douceur, la piété, la fraternité règnent chez les pensionnaires et non plus les révoltes et les rancunes passées. Montfort jouit d’un prestige qui, même si le personnage agace, le fait accepter. A l’hôpital, une jeune fille pieuse s’occupe des malades et lui confie son désir de vie religieuse. Elle s’appelle Marie-Louise Trichet et est la fille d’un juge du Tribunal de Poitiers. « - Ceux que le monde délaisse doivent vous toucher le plus » lui dit Montfort. Elle sera la Fondatrice des Filles de la Sagesse, premier volet de l’œuvre de Montfort. Elle prend l’habit en 1703 et, à l’hôpital, se consacre à l’éducation et aux soins.
Pour sa part, Montfort est de plus en plus aimé du peuple et que lui importe si les bourgeois le traitent de fou ? Cependant le clergé le regarde toujours avec méfiance et un regrettable incident va venir mettre le feu aux poudres.

Un jour, au bord du Clain, il assite à un spectacle grossier de jeunes débauchés. Le péché l’insupporte. Il voit rouge, se saisit de sa discipline et se précipite sur la petite troupe. Les lanières métalliques frappent les jeunes gens avec vigueur et l’un d’eux se plaint d’être grièvement blessé. L’affaire est portée devant la justice. L’occasion est trop belle pour signifier à Montfort son renvoi.

Où se rendre ? A tout hasard, il reprend le chemin de Paris, toujours à pied avec son bagage habituel : la statuette de la Vierge, le Rosaire, le bréviaire et la discipline. A Paris, ni Saint Sulpice, ni les diverses paroisses n’ouvrent leurs portes à ce loqueteux. Il trouve une méchante soupente où se réfugier, rue du Pot-de-Fer. Il y médite de longues heures, sort une fois par jour prendre, dans un couvent, le repas des mendiants. Il écrit. C’est dans doute dans cette retraite qu’il rédige L’amour de la Sagesse Eternelle. Surtout, il évangélise. Dans les chapelles, dans les rues, il fait le catéchisme, il prêche aux pauvres avec un tel amour qu’il console et convertit les malheureux. L’archevêque de Paris en est averti et lui confie une mission : réformer les ermites du Mont-Valérien, gardiens du Calvaire, plus soucieux de percevoir les revenus des foules de visiteurs, que d’adorer le Christ en Croix. Montfort, s’il constate le relâchement de ces pieux laïcs, n’en dit rien. Il s’installe comme un pauvre au milieu d’eux. Etrange réformateur, pensent-ils. Mais, par sa dévotion au Calvaire, Montfort va rallumer la flamme de l’adoration et les ermites se réforment.

Cependant, à Poitiers, les pauvres s’impatientent et le réclament. Le voilà de nouveau sur la route avant de retrouver dans la joie ses mendiants, ses estropiés ses misérables de l’hôpital…. et aussi le ressentiment et la colère du clergé que ce saint héroïque, par sa seule existence, dérange. En effet, à Paris, dans le mépris de son propre corps, il a progressé. Son ascétisme effraie. Il se flagelle avec sa discipline cinq fois par jour et une fois la nuit. Il couche sur la dure sans jamais quitter son cilice et les chaînes de fer qu’il porte en signe d’esclavage à Marie. En tout, il est absolu. Les jansénistes conçoivent une telle haine de sa personne qu’ils forment bientôt une coalition contre lui. Montfort en a conscience et consulte Marie-Louise Trichet sur la conduite à tenir. Elle lui conseille de démissionner de l’hôpital et il s’exécute.

L’évêque de Poitiers qui avait eu des échos du succès fabuleux de l’évangélisation de Montfort dans le pays nantais lui confie alors des missions populaires. Celui-ci se jette de toutes ses forces dans ce nouvel apostolat et s’attaque à Montbernage, le faubourg le plus mal famé de Poitiers. Il y est accueilli par des rires et des pierres et s’en réjouit. Il a en effet constaté que le diable commence toujours par faire grand tapage quand il voit reconquérir un terrain où il pensait régner en maître. Louis-Marie réunit d’abord quelques personnes dans une salle de bal qui se remplit petit à petit d’une foule hostile de curieux. Et le miracle se produit. Bientôt tous renoncent à leur mauvaise vie et se mettent à pleurer. A la fin de la mission, tout le faubourg défile en procession en chantant des cantiques.

Mais, pour Montfort, jamais de succès sans que naissent aussitôt les difficultés. Comme si le Seigneur voulait éprouver sans cesse la foi et l’amour de son serviteur. Et les ennuis sont souvent le fait de son tempérament excessif, de ses outrances. Voici que, dans une autre mission, il persuade les paroissiens de rassembler tous leurs mauvais livres pour les brûler devant l’église. Mais avant qu’il mette le feu, des voyous placent sur le bûcher une image obscène et s’en vont dire à l’évêque que Monfort va brûler le diable. La cérémonie est interdite et Montfort chassé du diocèse.

Tout en recevant ces épreuves comme des grâces, il s’interroge sur le sens de son apostolat. Où le Seigneur l’attend-il vraiment ? Il décide de se confier au pape. Il veut lui confier son inquiétude face à l’influence janséniste qui progresse partout en France. Concernant son propre destin, il pense que, ne pouvant rien mener à bien en France, le Pape va sans doute l’envoyer évangéliser d’autres pays.

Il part donc, comme d’habitude à pied, sans oublier sa statuette de la Vierge, son rosaire, son bréviaire, ses chaînes et sa discipline, franchit les Alpes et se dirige vers Rome. Mais auparavant, il a écrit à ses chers amis, récents convertis de Montbernage une lettre dont voici un extrait :

« L’amitié que je vous porte est si forte que je vous garderai partout dans mon cœur, à la vie, à la mort et dans l’éternité. Souvenez-vous, mes chers enfants, ma joie, ma couronne, d’aimer ardemment Jésus-Christ et de L’aimer par Marie, de faire éclater partout et devant tous votre dévotion véritable à la très Sainte Vierge, notre bonne Mère, afin d’être partout la bonne odeur de Jésus-Christ. »

Et plus loin :

« Adieu sans adieu ; car si Dieu me conserve la vie, je repasserai par ici, soit pour y demeurer quelque temps… soit pour passer dans un autre pays parce que Dieu étant mon Père, j’ai autant de lieux où demeurer qu’il y en a où Il est injustement offensé par les pécheurs. »

A Rome aussi, le pape Clément XI s’inquiète des progrès considérables du jansénisme et Montfort va trouver, auprès de lui, une oreille favorable à ses propos. Nous sommes en 1706 et, sept ans plus tard, Clément XI promulguera la Bulle Unigenitus qui condamne le jansénisme. Pour l’heure, il reçoit Montfort en audience et met fin à son désir d’évangélisation hors de France. Il le nomme Missionnaire apostolique avec ces mots :

«  - Vous avez, Monsieur, un assez grand champ en France pour exercer votre zèle. N’allez point ailleurs. Et travaillez toujours avec une parfaite soumission aux évêques dans les diocèses où vous serez appelé. »

Pacifié, confirmé dans sa mission apostolique, Montfort prend le chemin du retour.

 

Partageons, avant de clore ce chapitre, une prière à la Vierge de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

« La seule Grâce que je Vous demande, par pure miséricorde, c'est que, tous les jours et moments de ma vie, je dise trois fois Amen : Ainsi soit-il, à tout ce que Vous avez fait sur la terre, lorsque Vous y viviez ; Ainsi soit-il, à tout ce que Vous faites à présent dans le ciel ; Ainsi soit-il, à tout ce que Vous faites en mon âme, afin qu'il n'y ait que Vous à glorifier pleinement Jésus en moi pendant le temps et l'éternité. »

 

Je vous salue, Marie…

 

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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