Saint Yves - Chapitre 1

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Saint Yves: 1253 – 1303

Ils sont tous deux étourdis par le vacarme ambiant, appels des mariniers, cris des marchands, boniments des commerçants. Et tandis qu’ils se dirigent vers Notre-Dame, une foule bigarrée les bouscule, échange rires et propos dans cette langue à laquelle ils sont si peu familiarisés, le français. C’est Yves, le plus jeune – il n’a que quatorze ans – qui a voulu, avant même de se chercher un logis, aller saluer Marie en sa demeure.

Nous sommes en l’an 1267 et nos deux étudiants, après avoir quitté leur Bretagne natale, viennent juste d’arriver à Paris. Yves Hélori de Ker-Martin et Jean de Kerhoz, son précepteur, âgé d’une vingtaine d’années, tout animés par la découverte de la capitale, ne ressentent plus la fatigue du voyage ni les longues chevauchées où, redoutant tout à la fois les brigands et les loups, ils avaient hâte d’arriver chaque soir à l’étape.

Mais Yves n’est encore qu’un enfant. Elevé avec sa sœur Catherine par sa mère, dame Azo, au manoir de Kermartin à Minihy-Tréguier où il est né en 1253, il a été un petit garçon dont la piété étonnait tout l’entourage. A sept ans, sortant de l’église de Tréguier, il avait demandé à sa mère comment lui être agréable et il lui fut répondu :

«  - Vivez de telle sorte, mon fils, que vous deveniez un saint ! »

Vivant au milieu des pauvres, des humbles, il les aimait et les aidait dans leurs diverses besognes. Tourné vers Dieu dont sa mère lui parlait sans cesse, il se faisait raconter la douloureuse Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Plus tard, quand il deviendra prêtre, les larmes lui monteront aux yeux chaque fois qu’il dira la messe car, pour lui, ce sera une nouvelle célébration de la Passion du Seigneur.

Dame Azo qui savait son fils surdoué et destiné à faire de brillantes études n’avait pas hésité à se séparer de lui, faisant taire son angoisse maternelle. A Tréguier, l’enfant avait appris le latin, indispensable pour suivre des études à l’Université où tout l’enseignement est dispensé dans cette langue. Cette Université de Paris, fondée par le Pape, est alors ecclésiastique. On y enseigne le trivium (grammaire, rhétorique et logique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique et astronomie).

Yves et Jean vont trouver une chambrette non loin de la place Maubert. Studieux, ils sont sans cesse sollicités par les étudiants, souvent bruyants, prompts à s’amuser et à céder aux plaisirs de la grande ville. Mais Yves se garde de toute tentation. Le matin, il se rend à Notre-Dame pour prier l’Office de Prime. Il pratique le jeûne et l’abstinence et fait preuve d’une inépuisable charité tant vis-à-vis de ses camarades que des pauvres qu’il va secourir. Parfois payé de jurons et d’insultes, il n’en a cure car il voit toujours, dans le visage de l’autre, le prochain qu’il est appelé à aimer.

Yves et Jean vont rester dix ans à Paris, à parcourir tous les cycles proposés par l’Université, le temps nécessaire à l’acquisition de toutes les sciences de l’époque. Nommé Maître ès-Arts, Yves, au terme de ses études, est en droit d’enseigner à son tour. Mais il ne choisit pas cette voie car il veut se préparer à la magistrature en s’initiant au droit civil et au droit canon, enseignés à Orléans, faculté alors réputée à travers toute l’Europe.

A Orléans, Yves continue sa vie de Paris, pratiquant l’abstinence tandis que les autres étudiants mangent de la viande et boivent du vin. Il jeûne et prie, toujours soucieux de voler au secours des plus nécessiteux qui cachent leur misère. Il le fait dans un esprit fraternel, apportant partout où il passe, la douceur et la paix.

On le décrit alors comme un beau jeune homme aux yeux gris-bleu, au visage aimable et plein de douceur dont l’expression s’attriste chaque fois que sévit ce Mal qu’il combat par tant de privations et d’attentions à tous ceux qui se trouvent sur son chemin.

Yves va rester deux ans à Orléans, toujours accompagné par Jean de Kerhoz jusqu’à l’obtention de son diplôme de docteur en droit. C’est alors seulement qu’il décide de retourner dans sa Bretagne natale qu’il ne quittera plus.

En effet sa réputation de savant – plus rien de la science d’alors ne lui reste à apprendre – est parvenue à l’évêque de Rennes qui s’empresse de lui offrir, en 1280, la charge d’official.

A l’époque la justice était exercée par des laïcs pour les affaires criminelles, le jugement des délits étant confiés à un official auprès d’un Tribunal Ecclésiastique. Maître Yves Hélory se rend donc à Rennes pour prendre ses fonctions. Il tremble à l’idée de rendre la justice, conscient des difficultés qui l’attendent. Mais il recevra le don de lire dans les cœurs.

Official à Rennes, il devient bientôt conseiller juridique du diocèse.

Dans l’exercice de sa fonction de juge, il essaiera de concilier les parties pour éviter tout jugement et il y réussira deux fois sur trois. Soucieux d’équité, il rend une prompte justice, ne se souciant ni du rang, ni de la fortune des requérants. Seule la recherche de la vérité lui importe et son amour des pauvres ne lui fait cependant pas commettre d’injustice au détriment des riches et des puissants.

La soif d’apprendre ne le lâche pas. Maître Yves Hélori, à Rennes, se met à l’école des Cordeliers dont il suit l’enseignement théologique. Les Cordeliers sont les fils de Saint François d’Assise et la pauvreté qu’ils professent est celle-là même qu’Yves, dont la vie est de plus en plus dépouillée, pratique au quotidien. Le voici bientôt sous la direction spirituelle d’un frère mineur quand il quitte ses audiences parfois difficiles. Audiences qu’il ne commence jamais sans avoir prié, de toute son âme, le Saint-Esprit.

Mépriser les choses de ce monde pour mieux désirer, avec passion, les choses du Ciel, telle était la ligne de conduite de Saint Yves qui vécut avec le bonheur de secourir, de donner, d’aimer dans l’oubli total de sa personne.

Saint Yves, donne-nous d’être équitables comme tu le fus, de savoir aimer comme tu as aimé, d’aller avec amitié, comme tu l’as fait, au-devant des pauvres de notre temps. A ton exemple, prions avec ferveur pour que nous vienne en aide, dans le service des autres, Celle que tu as tant priée et vénérée, la Vierge Marie.

 

Je vous salue, Marie


Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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