CHARLES DE JÉSUS N'EST PAS MORT QUE POUR VOUS SEULS

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JE NE PUIS RIEN RETRANCHER AU TEMPS CONSACRÉ AUX TOUAREGS

« Je suis très content de mon séjour dans l’Adrar. Ma tente n’a pas cessé depuis un mois d’être pleines de Touaregs, et au point de vue de la langue, j’ai collectionné environ 6000 vers... » (Lettre à l'abbé Huvelin du 15 juillet 1907)

Aussi longtemps que je pourrai rester utilement dans ce pays et que d’autres n’y viendront pas me remplacer, j’y resterai...car c’est un poste où il faut quelqu’un.
En ce moment j’y suis nomade sous la tente, changeant sans cesse de lieu, c’est très bon pour les débuts, car cela me fait voir beaucoup de monde et de pays, mais dès que je pourrai m’établir en résidence fixe, en quelque lieu, je le ferai.

Outre les misères sans nombre, un point me peine : je voudrais réciter le bréviaire, avoir les heures d’oraison, de méditation, les petites lectures de la sainte Ecriture... et si j’essaye de le faire il ne me reste [rien] pour m’entretenir avec les Touaregs, pour étudier leur langue... ne pouvant allier les deux choses, je laisse la première et ne fais que la seconde que me semble la plus voulue du bon Dieu.

Vous savez ce que je cherche chez les Touaregs, les apprivoiser, lier amitié avec eux, faire tomber peu à peu ce mur de préventions, d’ombrage, de défiance, d’ignorance qui le sépare de nous... Ce n’est pas l’œuvre d’un jour, je commence à défricher, d’autres suivront qui continueront.

Prêcher Jésus aux Touaregs, je ne crois pas que Jésus le veuille ni de moi ni de personne. Ce serait le moyen de retarder, non d’avancer, leur conversion. [...] Il faut y aller très prudemment, très doucement, les connaître, nous faire d’eux des amis et puis après, petit à petit, on pourra aller plus loin avec quelques âmes privilégiées qui seront venues et auront vu plus que les autres et qui, elles, attireront les autres.  Je n’hésite jamais à prolonger les conversations et à les laisser durer très longtemps, quand je vois qu’elles sont utiles aux âmes.

APÔTRE PAR LA BONTÉ

Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant, on doit dire : « Puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne». Si l’on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : « Parce que je suis le serviteur d’un bien plus bon que moi. Si vous saviez comme est bon mon Maître JÉSUS ». Je voudrais être assez bon pour qu’on dise : « Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ?» (Carnet de Tam 1909)

La confiance dont m’entourent les Touaregs du voisinage va croissant, les amis anciens deviennent plus intimes ; de nouvelles amitiés se forment. Je rends service en ce que je peux, je tâche de montrer que j’aime ; lorsque l’occasion semble favorable je parle de religion naturelle, des commandements de Dieu, de son amour, de l’union à sa volonté, de l’amour du prochain .

Tout chrétien doit être apôtre, c’est un devoir strict de charité. Apôtre par la bonté, par la tendresse, par l’humilité... (Lettre à Joseph Hours, 3 mai 1912)

Il ne m’est pas possible de pratiquer le précepte de la charité fraternelle sans consacrer ma vie à faire tout le bien possible à ces frères de Jésus à qui tout manque puisque Jésus manque. Si j’étais à la place de ces malheureux [...] qui ne connaissent rien de ce qui fait tout notre bonheur ici-bas et toute notre espérance là-haut (...) comme je voudrais qu’on fit son possible pour m’en tirer ! Ce que je voudrais pour moi, je dois le faire pour les autres : « Fais ce que tu veux qu’on te fasse ».

LE FRÈRE UNIVERSEL

Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs... à me regarder comme leur frère, le frère universel. Ils commencent à appeler la maison la fraternité et cela m’est doux. (Retraite à Ephrem, jeudi après le 3° dimanche de carême 1898)

Ayez au fond de l’âme gravé profondément ce principe d’où tout découle : que tous les hommes sont vraiment, véritablement frères en Dieu, leur Père commun, et qu’Il veut qu’ils se regardent, s’aiment, se traitent, en tout, comme les frères les plus tendres.

Estimons infiniment nos frères les plus petits... Mêlons-nous à eux ; autant que Dieu le veut, soyons l’un d’eux... traitons-les fraternellement pour avoir l’honneur et le bonheur d’être comptés comme l’un d’eux !

Les petits Frères ne feront point acception de personnes. Que leur universelle et fraternelle charité brille comme un phare ; que nul, même pécheur ou infidèle, n’ignore, bien loin à la ronde, qu’ils sont les amis universels, les frères universels, consumant leur vie à prier pour tous les hommes sans exception et à leur faire du bien ; que leur Fraternité est un port, un asile, où tout humain surtout pauvre ou malheureux est à toute heure fraternellement invité, désiré ou reçu ; qu’elle est, selon son nom, la maison du Sacré-Cœur de Jésus, de l’amour divin rayonnant sur la terre, de la Charité brûlante, du Sauveur des hommes.

« Ce soir pour la fête du saint nom de Jésus, j’ai une grande joie : pour la première fois des voyageurs pauvres reçoivent l’hospitalité sous l’humble toit de la Fraternité du Sacré-Cœur. Les indigènes commencent à l’appeler la Khaoua et à savoir que les pauvres y ont un frère, non seulement les pauvres, mais tous les hommes.»

(Lettre à l'abbé Huvelin du 1 janvier 1908)

 

TU PORTERAS DU FRUIT EN SON TEMPS

Quelques années avant sa mort, Charles, fatigué et malade, écrit :

Dans la cinquantième année de mon âge : quelle moisson je devrais avoir et pour moi et pour les autres !

Et au lieu de cela, moi la misère, le dénuement,
et aux autres, pas le moindre bien... C’est aux fruits qu’on connaît les arbres et ceci montre ce que je suis...

Dans bien des lettres, il suppliait ses amis de prier, d’intercéder pour que des frères le rejoignent...

Ne connaissant pas de pays plus perdus, plus abandonnés, plus délaissés, manquant plus d’ouvriers évangéliques, que le Sahara et le Maroc, j’ai demandé et obtenu l’autorisation d’établir, à leur frontière un Tabernacle et d’y grouper quelques Frères dans l’adoration. J’y vis depuis quelques années –seul jusqu’à présent... Mea culpa : quand le grain de blé qui tombe à terre ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruits... Je ne suis pas mort, aussi je suis seul... Priez pour ma conversion, afin que, mourant, je porte du fruit.

Pourtant déjà à Nazareth en 1897, il avait pressenti qu’un jour sa vie apparemment stérile porterait du fruit. Il écrit dans une méditation de la Parole de Dieu :

Vous me dites que je serai heureux, heureux du vrai bonheur, que tout misérable que je suis, je suis un palmier planté au bord des eaux vives de la volonté divine, de la Parole divine, (...) et que je donnerai mon fruit en son temps. Et vous ajoutez : tu seras un bel arbre à feuilles éternellement vertes, et toutes tes œuvres auront une fin prospère, toutes rapporteront leur fruit pour l’éternité. Mon Dieu que vous êtes bon.

ÊTRE DES DÉFRICHEURS

Je dois faire tout ce que je puis faire de meilleur pour les âmes de ces peuples infidèles, dans un oubli total de moi.

Après avoir longtemps souhaité fonder une congrégation il élabore, peu à peu, dans les huit dernières années de sa vie un tout autre projet : des prêtres et des laïcs, des hommes et des femmes, mariés, célibataires, envoyés partout en mission là où la foi chrétienne est absente, chacun étant un défricheur à la manière où il l’est lui au Sahara au milieu d’une population étrangère au christianisme.

Il y a fort peu de missionnaires isolés faisant cet office de défricheur ; je voudrais qu’il y en ait beaucoup.

Il s’agit pour ces « missionnaires » de travailler à la tâche primordiale du « défrichement évangélique », d’avancer sans cesse en vivant l’Evangile dans leur existence de tous les jours, leur métier, leur vie sociale, citoyenne, politique ; l’Eucharistie étant leur nourriture de route. À ceux et celles qui veulent participer à ce projet, il propose de réunir dans une « confrérie », l’Union de ces missionnaire dispersés à travers le monde et désireux de faire connaître leur « bien-aimé frère et Seigneur Jésus ».

Les mondes ecclésiastique et laïque s’ignorent tellement que le premier ne peut donner à l’autre. Il est certain qu’à côté des prêtres, il faut des Priscille et des Aquila, voyant ceux que le prêtre ne voit pas, pénétrant où il ne peut pénétrer, allant à ceux qui le fuient, évangélisant par un contact bienfaisant, une bonté débordant sur tous, une affection toujours prête à se donner [...]

Tout chrétien doit donc être apôtre : ce n’est pas un conseil, c’est un commandement, le commandement de la charité.

Être  apôtre par quels moyens ?
Par les meilleurs, étant donné ceux auxquels ils s’adressent :
- avec tous ceux avec qui ils sont en rapport sans exception, par la bonté, la tendresse ; l’affection fraternelle, l’exemple de la vertu, par l’humilité et la douceur toujours attrayantes et si chrétiennes ; - avec certains, sans leur dire jamais un mot de Dieu ni de la religion, patientant comme Dieu patiente, étant bon comme Dieu est bon, aimant, étant un tendre frère et priant.
- avec d’autres, en parlant de Dieu dans la mesure qu’ils peuvent porter ; dès qu’ils en sont à la pensée de rechercher la vérité par l’étude de la religion, en les mettant en rapport avec un prêtre très bien choisi et capable de leur faire du bien.
Surtout voir en tout humain un frère : « Vous êtes tous frères, vous avez un seul Père qui est aux cieux ».[...]

Un chrétien est toujours le tendre ami de tout humain ; il a pour tout humain les sentiments du cœur de Jésus.

 

ON N’AIMERA JAMAIS ASSEZ

À Tamanrasset, au matin du 1° décembre 1916, Charles écrit à sa cousine Marie de Bondy. Il sera assassiné dans l’après-midi.

Notre anéantissement est le moyen le plus puissant que nous ayons de nous unir à Jésus et de faire du bien aux âmes ; c’est ce que saint Jean de la Croix répète presque à chaque ligne.

Quand on veut souffrir et aimer, on peut beaucoup, on peut le plus qu’on puisse en ce monde. On sent qu’on souffre, on ne sent pas toujours qu’on aime, et c’est une grande souffrance de plus ; mais on sait qu’on voudrait aimer, et vouloir aimer, c’est aimer.

On trouve qu’on n’aime pas assez ; comme c’est vrai, on n’aimera jamais assez, mais le bon Dieu, qui sait de quelle boue Il nous a pétris, et qui nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant, nous a dit, Lui qui ne ment pas, qu’il ne repousserait pas celui qui vient à Lui.

Quinze jours après sa mort, Moussa Ag Amastane, chef touareg, musulman fervent,
écrit ce message à la sœur de Charles et à sa famille :

Charles, le marabout, n’est pas mort que pour vous seuls, il est mort aussi pour nous tous. Que Dieu lui donne la miséricorde et que nous nous rencontrions avec lui au Paradis.

Prière de la communauté

Mon Père, je m’abandonne à Vous (Bx Charles de Foucauld)

Mon Père, je m’abandonne à Vous, faites de moi tout ce qu’il vous plaira. Quoique vous fassiez de moi, je vous remercie. Je suis prêt à tout. J’accepte tout, pourvu que votre volonté se fasse en moi, en toutes vos créatures ; je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre vos mains, je vous la donne, ô mon Dieu, avec tout l’amour de mon cœur, parce que je vous aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre vos mains, sans mesure, avec une infinie confiance car vous êtes mon Père !

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6 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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PRIER AVEC LE FRÈRE CHARLES DE FOUCAULD

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