Disponibilité

Image de la publication

Chers compagnons de prière,

Pour ce dernier jour de notre neuvaine, en ce jour de la Fête de Saint François, essayons de saisir toute l’ampleur de l’expérience intérieure de saint François et tâchons d’en tirer un enseignement. Laissons habiter en nous cette vérité qu’il a atteint au plus profond de l’oraison : le moindre bien que nous réalisons, la moindre parcelle de vérité que nous approchons, sont toujours et seulement un bien que Dieu opère par nous, une vérité par laquelle Dieu nous habite.

Écoutons saint François :

Sans le secours de l'Esprit-Saint, dit l'Apôtre, nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ;

Sans le secours de l'Esprit-Saint, nul, pas un seul homme, n'est capable de faire le bien.

C'est pourquoi celui qui est jaloux d'un de ses frères par l'intermédiaire duquel le Seigneur dit et fait du bien, celui-là commet un véritable blasphème : c'est au Très-Haut lui-même que sa jalousie s'en prend, puisque c'est de Dieu seul que dérivent toute bonne parole et toute bonne action.



L’Esprit seul nous permet de connaître Dieu et de le laisser agir en nous et par nous ; la vie de l’esprit seule permet à l’Esprit d’habiter en nous. Ce n’est pas le travail de l’intellect mais la pratique de l’oraison qui nous permet d’avancer dans la connaissance de Dieu. La Parole ne doit pas être reçue par notre intelligence, mais habiter notre coeur. Alors notre âme pourra s’élever. Gardons en mémoire ce que saint Bonaventure nous dit de la compréhension de François, allant bien au-delà de la réflexion :

“Un jour, à Sienne, il fut interrogé par un religieux, docteur en théologie sacrée, sur certaines questions fort difficiles. Il lui découvrit avec une telle clarté les secrets de la sagesse divine que le savant en demeura dans la plus complète stupéfaction et qu’il redisait avec admiration : “Vraiment la théologie de ce saint Père est comme un aigle planant dans le ciel sur les ailes de la pureté et de la contemplation, tandis que notre science se traîne à terre sur son ventre.””



Même quand nous essayons, avec toute notre intelligence et notre volonté, de faire le bien, en agissant en conformité à ce que nous comprenons comme étant les commandements de Dieu, comme étant l’action juste selon l’évangile, nous pouvons nous tromper, et même nous tromper grandement. Nous ne pouvons jamais connaître la volonté de Dieu, celle-ci est bien trop vaste et complexe pour notre intellect, elle se situe dans l’éternité quand nous vivons dans l’écoulement du temps.

Nous ne pouvons jamais en définitive faire le bien : nous ne pouvons que laisser passer à travers nous le bien que Dieu veut faire par l'intermédiaire de notre personne, et qui sera peut-être fort différent du bien qu’il réalisera au moyen d’une autre personne, que nous ne comprendrons peut-être pas…

Rappelons-nous le conseil de François à Frère Léon : il s’agit pour chacun de suivre la vocation que Dieu lui a réservée, et que chacun ne peut connaître que dans une relation intime, dépouillée de soi-même et obéissante, à Dieu. Acceptons d’être instrument de Dieu en toute inconnaissance de sa volonté : laissons Dieu agir dans notre âme et notre coeur, nous façonner à son gré et agir à travers nous d’une manière que nous ne maîtrisons pas, nous laissant guider par l’oraison et la disponibilité profonde, totale, qu’elle ouvre en nous.

Écoutons saint Bonaventure nous parler de la disponibilité de François à l’Esprit :

Il avait coutume de ne laisser passer sans y prendre garde aucune des visites de l’Esprit. Quand elle se présentait, il y était attentif et, autant que le Seigneur le permettait, il jouissait de la douceur qui lui était offerte. Quand il sentait, en voyage, le souffle de l’Esprit divin, il laissait ses compagnons avancer, s’arrêtait, faisait son profit de cette inspiration nouvelle et ne recevait pas la grâce en vain. Souvent il était absorbé par une contemplation si profonde que rempli de sentiments dépassant l’humaine mesure, il ignorait ce qui se faisait autour de lui. [...]

Il avait remarqué que, dans l’oraison, la présence tant désirée de l’Esprit-Saint se fait d’autant mieux sentir à ceux qui prient qu’Il les trouve plus éloignés des bruits du monde. Aussi cherchait-il des lieux solitaires [...].

Alors l’homme de Dieu, dans la solitude et dans la paix, remplissait les bois de ses gémissements, arrosait la terre de ses larmes, se frappait la poitrine et, comme dans une retraite plus secrète, il s’entretenait avec son Seigneur. Là il répondait au Juge, là il suppliait le Père, là il conversait avec son ami.

Magnifique disponibilité totale au souffle de l’Esprit..  “Mon coeur est prêt !” dira François dans ses psaumes. Le coeur de François est façonné par la prière, toujours prêt à recevoir un signe de l’Esprit et à y s’ouvrir. Ô, puissions-nous nous inspirer de sa manière d’être ! Puissions-nous être assez attentifs, assez ouverts, assez dépouillés de nous-mêmes et de nos idées préconçues, de nos maîtrises intellectuelles pour percevoir le murmure de Dieu, la brise divine. Soyons disponibles à toutes les manières dont l’Esprit nous parle. Sachons nous arrêter, arrêter nos projets et accepter de ne plus rien maîtriser quand il nous dit “viens, suis-moi”.

Sachons voir et entendre au-delà de nos sens.

Rappelons-nous l'enseignement de saint François :

“ Le Père habite une lumière inaccessible ; Dieu est esprit ; personne n'a jamais vu Dieu.

Puisque Dieu est esprit, on ne peut donc le voir que par l'Esprit, car c'est l'esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien.

Il en va de même pour le Fils : en tant qu'il est égal au Père, on ne peut le voir autrement que le Père, autrement que par l'Esprit.”

Sachons voir au-delà de nos sens Dieu incarné dans la personne de Jésus, le Corps du Christ dans l’hostie.

La disponibilité de saint François à l’Esprit est ouverture à une autre dimension de l’existence. Il voit avec les yeux de l’âme : il voit la nature habitée par l’énergie divine, le Saint Esprit à l’oeuvre, il peut rencontrer au coeur de lui-même Jésus salvateur et rédempteur.

François ne nous transmet pas des préceptes de vie, mais une manière d’être au monde en Dieu. Passant des heures à se donner à la présence du Père dans un primat absolu de la dévotion, François a donné son âme à Dieu pour qu’il la façonne pour la rendre apte à accueillir et accomplir sa volonté. La disponibilité totale de François, disponibilité du coeur, de l’âme et de l’esprit, ne fait plus qu’un avec l’amour. Au terme de son itinéraire spirituel François atteint l’adoration perpétuelle, l’absorption de lui-même dans la volonté de Dieu. il devient alors digne et capable de porter avec Jésus son fardeau. Mystère d’amour des stigmates, marques d’amour de Dieu, d’amour pour Dieu, de vie absolument en Dieu.

Écoutons Saint Bonaventure nous raconter l’impression des stigmates.

François était parti dans la montagne pour se donner dans un carême à Saint Michel. Dans la prière, "ne recherchant que le bon plaisir de Dieu”, il a été guidé vers la méditation approfondie de la Passion. “Son amour pour le bon Jésus s’était développé en son coeur comme un incendie inextinguible”. Habitée de cet amour incandescent sa méditation “le transporte en Dieu” ; lui est alors donnée une vision d’un séraphin transportant Jésus crucifié.

“Il comprit que la divine Providence lui avait envoyé cette vision pour lui apprendre à lui, l’ami du Christ, que ce n’était pas le martyre de son corps mais l’amour embrasant son âme qui le transformerait en la ressemblance du Christ crucifié.” C’est ainsi que “le véritable amour du Christ l’a transformé en la ressemblance de celui qu’il aimait”.

Alors “François, l’homme angélique, redescendit de la montagne, portant avec soi l’image du Crucifié, non gravée sur des tables de pierre ou de bois par la main de l’ouvrier, mais reproduite en sa chair même par le doigt du Dieu vivant.”

Par les stigmates offerts à François et par François, Dieu nous donne l'accomplissement et le dépassement des tables de la loi : les signes de l’amour rédempteur.

Elevons notre âme vers le ciel, avec François rappelons-nous que l’homme est un être spirituel vivant au sein de la matière : durant sa vie terrestre il a part au Ciel. Notre vie terrestre est un passage, un pont, qui doit mener à Dieu. Voyons avec les yeux de l’âme, écoutons avec l’oreille du coeur. Ne nous laissons pas engluer dans un monde qui voudrait nous faire croire que l’homme n’est que matière, que n’existe que la conscience qui siègerait dans les processus chimiques à l’oeuvre dans le cerveau. Ne nous laissons pas amoindrir par une vision du monde matérialiste qui ne pourrait voir dans l’hostie autre chose qu’un morceau de pain. Choisissons résolument la vie de l’esprit. Laissons-nous guider par saint François dans l’oraison qui ouvre la voie de l’âme vers Dieu. Et appuyons-nous dans notre itinéraire sur ses conseils donnés à frère Rufin pour se diriger dans la prière  : ce qui adoucit le coeur, ce qui donne la paix de l’âme est de Dieu. L'âme en paix et le coeur pur... itinéraire d'exigence et de douceur que nous offre saint François.

Avec François pratiquons avec amour l’oraison jusqu’à vivre l’adoration au fond des pires souffrances de notre vie : quand nous savons que nous ne sommes rien, quand il semble que tout et même Dieu nous abandonne, rendons grâces à Dieu de toute notre âme. Alors nous atteindrons la joie parfaite, dont le souvenir nous accompagnera tout au long du chemin.

“Ton amour est aussi vaste que l’univers,

ta fidélité plus haute que les cieux.

Sois loué, ô Dieu, tout là-haut dans les cieux,

et que ta gloire rayonne sur toute la Terre”.




je vous remercie de m’avoir accompagnée durant ces 9 jours de prière. J’espère avoir pu vous transmettre un peu de l’esprit de Saint François et avoir pu contribuer à tisser un lien entre lui et chacun d’entre vous.

Je vous souhaite une belle route,

Puisse l’Esprit Saint vous éclairer, Dieu vous garder et Jésus vous faire entrer dans son amitié.


Prière de la communauté

Louange pour toutes les heures

Prions : Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu, souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul es bon, puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction ; puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens. amen

Merci ! 64 personnes ont prié

5 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Neuvaine à St François d'Assise, Chemin d'Oraison

Je m'inscris