Sainte Louise de Marillac - Chapitre 1

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Nous sommes désolés pour notre abscence ma semaine dernière, nous avons eu un petit problème logistique !

Vincent de Paul la trouve geignarde, scrupuleuse à l’excès. Doit-il vraiment devenir le directeur de conscience de cette jeune femme, cette Mademoiselle Le Gras (cf image).

Centrée sur son propre malheur ? Le confesseur de cette dame a insisté mais Monsieur Vincent hésite à accepter. Tant d’activités absorbent déjà tous ses instants. Curé de Clichy puis de Chatillon sur Chalatone près de Mâcon, aumônier des galériens, précepteur, il a fondé, en 1617, les Dames de la Charité et il vient de créer une autre Congrégation, vouée à l’évangélisation des Pauvres des Campagnes, qui prendra bientôt le nom de Lazaristes. Pour cette dernière fondation, il a bénéficié du soutien de Madame de Gondi qui l’a longtemps aidé dans ses diverses entreprises charitables et qui vient de mourir. Une perte cruelle qui le laisse démuni dans la poursuite de ses œuvres.

De son côté, en cette année 1625, Louise Le Gras, née de Marillac, vit aussi un deuil qui l’accable. Elle vient de perdre son mari, elle est éplorée, en proie à toutes sortes de soucis. Ils sont d’ordre financier : elle a quitté son hôtel pour un petit appartement et doit faire face à une certaine précarité économique. D’ordre affectif aussi : elle s’inquiète pour son fils Michel dont l’éducation est difficile et qu’elle va devoir mettre en pension. Surtout, elle n’est pas en paix. Avant son mariage, elle avait fait vœu de servir Dieu et son prochain tandis qu’elle fréquentait et pensait rejoindre les Capucines (ou Filles de la Croix) du Faubourg Saint-Honoré. Mais un prêtre, Charles Bochard de Champigny, ami des Marillac et provincial des Capucins, l’en avait dissuadée, compte tenu de sa santé fragile. Il lui avait assuré que Dieu avait sur elle « un autre dessein ». A présent, devenue veuve, elle croit que le non-respect de ce vœu est à l’origine de la tuberculose qui a emporté son mari. D’où ce malaise, ces scrupules et ces plaintes qui indisposent Vincent de Paul. Seule à 35 ans, elle ne sait quel sens donner à sa vie. Alors elle tricote pour les pauvres, tourne en rond et ne cesse de se tourmenter. Vincent essaie de la calmer :

Allez doucement, allez bonnement, soyez bien gaie.

Il ignore que cette jeune femme dont l’abord lui semble si négatif va, au cours des trente-cinq années suivantes, bâtir avec lui une œuvre gigantesque, présente aujourd’hui dans quatre-vingt quinze pays. Miracle du Saint-Esprit… Pour le moment, ils sont voisins. Vincent habite non loin du nouvel appartement de Louise. Même si leur rencontre ne suscite aucun enthousiasme ni chez l’un, ni chez l’autre, ils vont peu à peu apprendre à se connaître.

Vincent ignore l’enfance difficile de Louise. Petite fille, elle n’a pas connu, dans ses premières années, la tendresse d’une famille, ce vivier où chaque enfant puise l’équilibre qui l’accompagnera sa vie durant. Ceci peut expliquer son caractère inquiet et son manque d’assurance. On sait peu de choses sur sa naissance. Elle est venue au monde le 12 août 1591, de mère inconnue. Trois jours plus tard, Louis Ier de Marillac, chevalier, seigneur de Ferrières-en-Brie et de Villiers-Adam la nomme sa « fille naturelle » et lui octroie une rente. Est-il vraiment le père de l’enfant ou bien a-t-il endossé cette paternité pour éviter un scandale à l’un de ses frères ? On ne sait. Mais assurément, elle n’est pas la bienvenue : à peine âgée de quatre ans, la voici déjà mise en pension au monastère royal Saint-Louis de Poissy, chez les Dominicaines.

Celles-ci veillent à son éducation comme elles avaient coutume de le faire pour les jeunes filles de la noblesse qui leur étaient confiées. Louise montre bientôt un profond attachement à la Vierge Marie et a coutume de s’adresser à Jésus en lui demandant :

Accordez-moi cette grâce par l’amour que vous portez à la Sainte Vierge.

Une autre Louise de Marillac, sa tante, s’est aussi occupée d’elle et a complété son éducation religieuse la faisant bénéficier d’une solide formation humaniste.

A 13 ans, la jeune fille perd son père. Les Marillac n’ont que faire de cette enfant illégitime. Ils la retirent de Poissy et la mettent à Paris dans une pension pour jeunes filles pauvres. Elle se soumet, lit L’Imitation de Jésus-Christ et la Bible, d’un bout à l’autre. Son désir de vie consacrée grandit en elle.

Or la famille de Marillac nourrit des ambitions politiques que la jeune Louise, par une union adéquate, pourrait servir. En 1613, obéissante, elle lie sa destinée à celle d’Antoine Le Gras. Il est Secrétaire des Commandements de la Régente, Marie de Médicis. Régente que la famille de Marillac sert de son mieux. Au point que Michel de Marillac sera nommé Garde des Sceaux, en 1626 et deviendra chef du parti dévot tandis que son demi-frère Louis de Marillac sera élevé à la dignité de Maréchal de France. Lors de la Journée des Dupes, tous deux, en soutien de la Régente, vont s’opposer frontalement au Cardinal de Richelieu qui leur fera perdre la liberté et la vie.

Pour l’heure, les Le Gras mènent une vie de cour dans leur hôtel du Marais. Un fils, Michel leur est donné. Mais le calme ne dure pas. Concini, le favori de Marie de Médicis, détesté par le peuple et par les courtisans, est assassiné. Par cet acte, Louis XIII entend mettre fin à la Régence et la reine-mère est exilée à Blois. Les Le Gras connaissent alors la disgrâce et les soucis financiers. En 1621, Antoine tombe gravement malade et son caractère, déjà difficile, s’en ressent. Louise se désespère. Elle vit une grave crise de sa foi. Jusqu’à ce jour de Pentecôte de 1623 où, dans l’église Saint-Nicolas des Champs, elle reçoit l’Esprit-Saint au point de déclarer :

Tout en un instant, mon esprit fut éclairé de ses doutes.

Par la suite, elle ne doute plus, elle accepte la disgrâce, soigne son mari et s’occupe de son petit garçon. Mais lors de son veuvage, les épreuves semblent avoir raison de son équilibre et de sa force. Sans doute Vincent de Paul a-t-il, faisant fi de sa première impression, compris quelle belle âme dissimulait cette dame éplorée. Peu à peu, il va réussir à lui faire préférer le salut des autres à ses propres difficultés. L’aidant à surmonter ses angoisses et à oublier ses problèmes de santé, il va lui proposer de visiter les Confréries de la Charité pour encourager les Dames dans leur service auprès des plus pauvres. Louise sort d’elle-même et prend conscience de la détresse des pauvres. Pendant quatre ans, elle va accomplir sa tâche avec un total dévouement. Au point d’être la nommée solennellement, dans une lettre de M. Vincent du 6 mai 1629, Chargée de mission auprès des Dames de la Charité.

Seules les épouses des nobles avaient droit au titre de « Madame »

Vincent de Paul et Louise de Marillac, le tandem de Dieu… En suivant le parcours de Louise, nous sommes émerveillés par l’action de l’Esprit-Saint dans sa vie. Sa rencontre avec Vincent de Paul a bouleversé sa destinée. Parfois, dans nos vies, le Seigneur agit ainsi, avec discrétion, par une simple rencontre. Encore faut-il savoir répondre à Son appel, le vouloir. Et nous y préparer par la prière. Le profond attachement de Louise de Marillac à la Vierge Marie fut sans doute la source de l’abondance des grâces qu’elle a reçues pour dire « oui » et travailler au Royaume de son Fils. A son exemple, prions la Vierge Marie.

 

Je vous salue, Marie…


Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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