Triomphe de Jésus-Christ par l'Eucharistie
En cette rentrée, nous reprenons donc la prédication du Triduum du Saint Sacrement de Miracle que le Père Eymard donna les 26-28 juillet 1858.
Cette prédication comporte 30 paragraphes intitulés (PO 20). Les 13 premiers ont été publiés lors de la Neuvaine eucharistique (25 juillet - 2 août 2018) dont vous trouverez les liens dans la récapitulation.
Triduum du saint Sacrement de Miracle
Anna de Meeûs est la fondatrice d'une association qui était encore séculière en 1858, L'Institut de l'Adoration perpétuelle, et sera la fondatrice des Religieuses de l'Eucharistie, en Belgique. Sa communauté desservait la Chapelle de Miracle, à Bruxelles, érigée à l'emplacement d'une synagogue où en 1370, selon un récit qui n'est plus admis historiquement aujourd'hui, auraient été profanées des hosties consacrées. Cette chapelle était communément appelée, du nom du quartier, Chapelle Salazar. Le P. Eymard répondit volontiers à la demande qui lui était faite et donna un triduum les 26-28 juillet 1858 [texte en PO 20 des œuvres complètes en lignes de S. Pierre-Julien Eymard. Rappelons qu'il a fondé la Congrégation du Saint-Sacrement le 13 mai 1856, à Paris]. Ce fut le début d'une collaboration fructueuse avec la fondatrice, qui aboutit à l'érection de la première communauté des Religieux du Saint-Sacrement à Bruxelles.
Triomphe de Jésus-Christ par l'Eucharistie
Notre Père qui êtes aux cieux, que votre règne arrive (saint Matthieu, ch. 7) [Mt 6,9-10].
Jésus-Christ, mes frères, est roi par nature ; comme Dieu, il est maître de la création. Mais l'homme s'est révolté, il a chassé Dieu de la terre. Adam, ses enfants, le démon s'opposent au règne de Dieu et font régner le mal. Que va faire Dieu ? Ce que fait un souverain contre un agresseur injuste : le Dieu créateur devient le Dieu conquérant, le Père éternel décrète que Jésus-Christ se fera homme pour reconquérir son royaume ; il vient comme un géant pour combattre Lucifer et ses œuvres. Jésus-Christ naît pauvre pour vaincre l'amour des richesses, il souffre pour expier la sensualité ; il se fait artisan pour triompher de la paresse. Jésus-Christ est roi Sauveur ; le démon dorénavant ne régnera plus ! Le Calvaire, voilà le champ de bataille du roi divin fait homme ; écoutez-le du haut de ce trône distribuer ses couronnes éternelles : “Aujourd'hui même, dit-il au bon larron, vous serez avec moi dans mon royaume” [Lc 23,43].
Jésus-Christ doit aussi être roi triomphant : il faut qu'il règne aux lieux mêmes où il a versé son sang, et son triomphe c'est l'Eucharistie ! Le Calvaire n'est plus que commémoratif ; c'est par l'Eucharistie seule que Jésus-Christ régnera dorénavant, c'est par elle seule qu'il fait triompher sa vérité, sa sainteté.
S. Pierre-Julien Eymard (PO 20,14)
1. La vérité triomphe par l'Eucharistie
1er Point
Pendant toute la vie mortelle de Notre Seigneur, pas un apôtre ne meurt pour la vérité ; voyez tous ces fidèles suspendus à sa parole, mais pas un n'a le courage de soutenir sa doctrine. Jésus-Christ meurt pour la vérité et personne ne croit en lui ! Les disciples doutent de sa résurrection, les apôtres seuls y croient, mais aussi, mes frères, les apôtres seuls avaient communié !
La vérité arrive par la foi de l'ouïe : l'Église enseigne la doctrine par sa puissance, par son infaillibilité. Plus heureux que les sectes protestantes, nous avons une certitude de croyance : l'Église parle et alors on s'incline, on croit par soumission. Mais par cet enseignement de l'Église, on voit seulement la vérité, on n'en a pas encore le sentiment. L'Eucharistie seule en donne le sentiment et l'amour : quiconque n'a pas communié, n'a pas goûté, mangé la vérité ; on reçoit la vérité par irradiation dans la sainte communion.
Les disciples d'Emmaüs cheminant avec Jésus-Christ l'écoutaient, se sentaient remués par sa parole divine, mais ils ne connaissaient pas celui qui leur parlait. Au repas, Jésus prend le pain, le bénit, les communie. Aussitôt, leurs yeux s'ouvrent ; Jésus disparaît, mais ils ont senti qu'il est Dieu, ils ont compris pourquoi leurs cœurs étaient touchés, et se levant, ils vont raconter que le Seigneur est ressuscité et qu'ils ont communié ! Comparez les apôtres avant et après la Cène : avant ce sont des hommes grossiers, leur intelligence simple ne leur fait poser que des questions puériles, leur ignorance est constatée par leurs actes. Mais après, quel changement ! quelle éloquence ! quelle profondeur de questions ! On ne les reconnaît plus ! “Maintenant, leur dit le Seigneur, vous savez toutes choses” [cf. Jn 15,15].
Ce qui est arrivé aux disciples d'Emmaüs arrive pour chaque fidèle, mes frères. Voyez les premiers chrétiens : les apôtres ont peu de temps pour les instruire, ils leur parlent brièvement de Jésus-Christ, ils les font communier tout de suite et c'est Jésus-Christ qui fait le reste. Il s'est manifesté à eux dans la sainte communion et aussitôt surgissent les grands confesseurs, les martyrs de tous les âges qui marchent avec joie vers la mort : ils ont peu appris la vérité, mais ils l'ont comprise, ils l'ont goûtée, et voilà ce qui en fait des héros qui donnent leur sang pour elle !
Dans ces siècles de persécution et de foi, les chrétiens possédaient la sainte Eucharistie chez eux, et à l'approche de l'ennemi, ils se nourrissaient du pain des forts ; les prisons étaient changées en églises, en cénacles ; le diacre qui avait déjà souffert pour la foi devenait la pierre sacrée vivante : on découvrait la poitrine du martyr et c'était sur son cœur palpitant encore que s'offrait le sang de l'Agneau divin, puis les prêtres distribuaient aux fidèles le pain vivant ainsi consacré ! Qu'il était touchant ce sacrifice ! Qu'ils devaient être embrasés d'amour, les cœurs qui en étaient les heureux témoins !
C'était pleine du feu sacré de l'Eucharistie qu'une jeune fille, sainte Catherine, conversait avec les philosophes grecs de manière à leur faire craindre toute discussion ; juges et tyrans n'osaient soutenir la controverse, souvent ils tombaient à genoux et demandaient le baptême. Et les saints solitaires qui gouvernaient le monde du fond de leurs cellules, ces hommes considérés partout comme des oracles, les Benoît, les Pacôme, les Antoine, où puisaient-ils ces lumières surnaturelles ? Ah ! dans leur solitude, ils communiaient chaque jour ! Dans ce roc, creusé loin de tout entretien humain, ils sont en rapport constant avec le ciel, leur intelligence s'échauffe chaque jour à ce grand foyer eucharistique, foyer de lumière et d'amour ! Ne vous étonnez donc pas de leur génie ! Plus on communie, plus l'intelligence s'élève, se spiritualise, se divinise en quelque sorte. “Si vous ne buvez mon sang, nous dit le Fils de Dieu, et si vous ne mangez ma chair, vous n'aurez pas la vie en vous” [Jn 6,53]. L'entendez-vous, mes frères ? Vous n'aurez pas la vie. Or la vérité seule donne-t-elle la vie ? Pour vous sentir vivre, ne faut-il pas que vous sentiez palpiter d'amour votre cœur ? Eh bien ! la sainte communion seule vous donnera ce sentiment de l'amour. Approchez du foyer et votre cœur s'échauffera.
L'homme qui communie rarement trouve peu à peu moins de clarté dans l'intelligence, les ténèbres succèdent à la lumière et l'incrédulité arrive. L'incrédulité ! Vous niez la vérité, vous niez même la divinité ! Comment ! Le païen, le sauvage croient à une divinité, et vous n'y croiriez pas ! Non, non, cela n'est pas possible ! Quand on a communié, c'en est fait ; plus jamais on ne peut nier de bonne foi ! Le sentiment, la douceur de la croyance s'affaiblissent ; vous êtes entraîné par une incrédulité négative, mais vous niez par le cœur, jamais par la raison.
C'est, mes frères, l'histoire de tous les hommes qui ne croient plus à Jésus-Christ. Ce jour où vous êtes devenu une sorte de monstruosité, c'est le jour où vous avez refusé de recevoir le pain eucharistique. Revenez à la pénitence, à la prière, à la communion et vos yeux s'ouvriront, l'incrédulité cessera car la lumière se fera dans votre esprit.
S. PIerre-Julien Eymard (PO 20,15)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6