Le privilège d’être servante et reine
Dans leur lettre « Claire d’Assise, Femme nouvelle », les ministres généraux de l’Ordre Franciscain écrivaient à propos de Claire, au §22 :
« Sa personnalité si pleinement féminine et maternelle apparaît encore dans son esprit de service, qui la porte à accomplir des gestes humbles et cachés, à l’exemple de Jésus qui lave les pieds de ses disciples : sans oublier tant d’expressions et d’attentions de charité, qu’elle détaille, alors que la Règle de François ne les mentionne même pas. Il s’agit, par exemple, des nécessités matérielles ou spirituelles des sœurs ou de la communauté (vêtements adaptés aux besoins de chacune, soins particuliers pour les jeunes sœurs, pour les sœurs malades ou faibles physiquement ou moralement). Par exemple encore, les appels à la plus large coresponsabilité de toutes, avec les formules qui reviennent souvent : « nous », « toutes », « utilité commune », « unité mutuelle dans la charité ». Ajoutons enfin la sollicitude maternelle de l’abbesse-mère-servante, sœur parmi ses sœurs, à qui l’on doit obéir par amour et non par crainte ; qui ne cherche pas des privilèges, ne se laisse pas prendre par des préférences pour certaines sœurs, reste l’ultime refuge pour les affligées ». Ses exigences, posées en fidélité à l’engagement pris, le sont toujours « avec la modération et le respect dus à des personnes concrètes ». Féminité n’est pas mollesse ! Mais elle imprègne d’humanité la fidélité quotidienne, donnant à la vie -même la plus âpre- douceur et légèreté. Servir, c’est la manière humble d’aimer. Et Claire préférait « servir elle-même les servantes du Christ plutôt qu’être servie », témoigne son biographe.
Qui sert ainsi en portant une attention concrète au prochain connaît la fatigue qui en découle. Mais à cette fatigue éprouvée, François attache une promesse, dans son exhortation aux sœurs de Saint-Damien :
Vous qui êtes accablées d’infirmités, et vous qui peinez à les servir, toutes sachez supporter cela en conservant la paix ; vous l’aimerez, cette fatigue, puisque chacune de vous sera reine au ciel et couronnée avec la Vierge Marie.
Il importe ici de souligner que la royauté ne vient pas seulement au terme, comme un salaire ou une récompense, l’accomplissement d’un contrat ou d’une promesse. La royauté se manifeste dans le service même. « Servir, c’est régner », dit-on.
Si on ne peut vraiment « régner » qu’en « servant », comme le montre l’attitude du Christ, le « service » exige en même temps une maturité spirituelle telle qu’il faut la définir comme une « royauté ». Pour être capable de servir les autres dignement et efficacement, il faut savoir se dominer soi-même, il faut posséder les vertus qui rendent cette domination possible » (St Jean-Paul II, Redemptor hominis §21).
Parole de Dieu:
"Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie.
Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites." (13, 1-17)
Prière:
Seigneur Jésus, Toi le Seigneur et le Maître, je Te regarde déposer ton vêtement, prendre un linge et le nouer à ta ceinture, verser l'eau dans un bassin, Te mettre à genoux et laver les pieds de Tes disciples. Je Te rends grâces pour ce geste humble et caché que Claire à ta suite a accompli pour ses soeurs. Dans ton infinie Bonté Seigneur, accorde-moi cet esprit de service, cette joie de me mettre au service des autres dans l'humble quotidien. Donne-moi de savoir me rendre attentif aux besoins de mes frères et soeurs en humanité, et d'être assez maître de moi-même pour y répondre avec générosité. Apprends-moi à "aimer cette fatigue", à accueillir la charge royale qui est celle du service et à croire que "servir est la vraie façon de règner".
Piste pour la journée
"C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous."
Aujourd'hui, je prends le tablier de serviteur et je deviens témoin et artisan du Royaume par mes gestes de service.
Merci ! 145 personnes ont prié
6 commentaires
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6