Amende honorable - 2

Amende honorable au Sacré Cœur de Jésus
Cœur de Jésus, adorable sanctuaire de l'amour d'un Dieu pour les hommes, pourrons-nous jamais assez déplorer l'excès de nos ingratitudes à votre égard ? O Dieu ! vous nous aviez aimées de toute éternité, vous nous aviez crées à votre image, vous ne nous aviez donné l'être que pour répandre sur nous les biens dont vous êtes la source, et vous satisfaire pleinement en nous rendant éternellement heureuses. Quand l'homme, en devenant coupable, a méconnu votre amour, alors plus libéral et plus miséricordieux que jamais, vous avez daigné vous anéantir pour nous racheter, jusqu'à prendre la forme d'esclave ; vous avez paru sur la terre comme le plus aimable des enfants des hommes ; vous avez pris un cœur comme le nôtre, pour forcer nos cœurs à vous aimer. Cœur divin, Cœur embrasé des plus vives flammes de la charité, vous avez réuni en vous-même nos misères et nos douleurs. Cœur infiniment saint, source très-pure de la justice et de l'innocence, vous avez porté les iniquités du monde, vous en avez épuisé l'amertume, vous avez été percé pour nos crimes, et, avec votre Sang adorable, vous avez répandu sur la terre les bénédictions qui la consolent et les grâces qui la purifient. Rien n'a pu ralentir l'ardeur de votre charité, ni les souffrances et les travaux de votre vie entière, ni les douleurs et les ignominies de votre croix, ni l'ingratitude monstrueuse dont les hommes ont payé vos bienfaits : vous avez mis le comble à tant de merveilles en vous donnant vous-même pour nourriture aux enfants des hommes ; et nous, Seigneur, à tant d'amour nous avons opposé nos crimes. Nous vous avons méconnu, nous vous avons oublié et nous ne cessons de combler, par de nouveaux outrages, la mesure de nos iniquités. Les hommes ne veulent plus vous aimer, hélas ! ils ne veulent plus vous connaître ; chaque jour, votre loi périt, et l'on voit s'effacer jusqu'au souvenir de votre nom ; vos temples sont déserts, vos sacrements abandonnés, votre religion méconnue. Les chrétiens, enivrés de l'amour des faux plaisirs, des biens périssables du monde, ne se souviennent de votre amour que pour contrister votre Cœur par l'indifférence, ou pour l'outrager par leurs désordres. O mon Dieu ! trouvez-vous encore des cœurs fidèles sur la terre ? Parmi ceux même qui vous connaissent, en est-il d'assez heureux pour vous rendre amour pour amour ? pour nous, dont vous avez daigné vous souvenir dans votre miséricorde, si nous ne vous aimons pas encore autant que le mérite votre tendresse, du moins, vous le savez, nous désirons vous aimer. Du haut de votre trône éternel, abaissez vos regards sur ce petit nombre d'âmes fidèles que la douleur, la reconnaissance et l'amour amènent en ce moment à vos pieds. Ah ! que ne pouvons-nous, par le sacrifice entier de nous-mêmes, vous rendre toute la gloire que le monde et l'enfer s'efforcent de vous ravir ! Oui, nous viendrions effacer par nos larmes tant de crimes qui percent votre Cœur divin ; heureux s'il nous était donné de les laver dans notre sang ! Mais qui pourrait, ô mon Dieu ! réparer votre gloire outragée ? qui le pourrait, si ce n'est vous-même ?… C'est donc à votre Cœur adorable que nous avons recours en faveur de ceux qui vous méconnaissent. O Cœur miséricordieux ! pardonnez à des aveugles, à des ingrates ; ou, s'il faut que vous soyez vengé, vengez-vous comme il convient à votre gloire : lancez sur nous, Seigneur, non les fléaux de votre colère, mais les traits enflammés de votre amour… Que, devenues la conquête de cet amour infini, nous en soyons toutes et pour toujours les disciples et les apôtres, et qu'après avoir pratiqué les vertus qu'il nous commande, nous puissions partager un jour le bonheur que vous nous promettez. Ainsi soit-il.