L’obéissance et la fraternité

Chers frères prêtres,
En ce quatrième jour de notre retraite, nous vous proposons de poursuivre le parcours de la liturgie de l’ordination. Après le rite d’appel et l’invocation de l’Esprit Saint, se placent plusieurs engagements, dont la promesse d’obéissance à l’évêque. Voici, toujours avec Saint Jean-Paul II, quelques éléments de méditation.
Un double engagement
Candidats à l’ordination, agenouillés et les mains jointes dans celles de l’évêque, nous lui avons promis obéissance :
« Promettez-vous de vivre en communion avec votre évêque, dans le respect et l'obéissance ?
- Je le promets.
- Que Dieu lui-même achève en vous ce qu'il a commencé. »
Un deuxième engagement a ensuite éclairé cette obéissance :
« Voulez-vous devenir prêtre, collaborateur des évêques dans le sacerdoce, pour servir et guider le peuple de Dieu sous la conduite de l'Esprit Saint ?
- Oui, je le veux ».
Ici, le lien créé par l’ordination est élargi de plusieurs façons. Tout d’abord, l’évêque hiérarchique est placé dans l’ensemble du collège des évêques. Le prêtre, par l’appelation « collaborateur des évêques dans le sacerdoce » est également appelé à se situer dans un presbyterium, dans une communauté unie, dans l’obéissance, autour d’un même pasteur. Enfin, le prêtre est ordonné au service pastoral d’un peuple.
En somme, l’obéissance promise à l’évêque doit se vivre dans une fraternité plus large : une fraternité hiérarchique avec l’évêque, une fraternité entre les prêtres, et une fraternité de service avec les fidèles.
Un soutien mutuel
Saint Jean-Paul II développe ces trois aspects de l’obéissance sacerdotale dans Pastores dabo vobis au n°28 :
« Parmi les qualités les plus indispensables pour le ministère des prêtres, il faut mentionner la disponibilité intérieure qui leur fait rechercher non pas leur propre volonté, mais la volonté de celui qui les a envoyés (cf. Jn 4, 34 ; 5, 30 ; 6, 38) » (74). […] Cette grâce [du discernement], Jésus en a doté les Apôtres et leurs successeurs pour que le mystère de l'Église soit gardé fidèlement et pour que la cohésion de la communauté chrétienne soit maintenu sur le chemin unique qui la conduit au salut. […]
L'obéissance du prêtre présente en outre une exigence « communautaire » : ce n'est pas l'obéissance d'un individu isolé en rapport avec l'autorité, mais au contraire cette obéissance est profondément intégrée dans l'unité du presbyterium qui, comme tel, est appelé à vivre en collaboration cordiale avec l'évêque et, par lui, avec le successeur de Pierre (cf. Presbyterorum Ordinis n°15). Cet aspect de l'obéissance sacerdotale demande une ascèse considérable : d'une part, le prêtre s'habitue à ne pas trop s'attacher à ses propres préférences ou à ses propres points de vue ; d'autre part, il laisse aux confrères l'espace suffisant pour qu'ils mettent en valeur leurs talents et leurs capacités, à l'exclusion de toute jalousie, envie et rivalité. L'obéissance sacerdotale est une obéissance solidaire. […]
Enfin, l'obéissance sacerdotale a un caractère particulier, le caractère « pastoral ». Cela veut dire que le prêtre vit dans un climat de constante disponibilité pour se laisser saisir, ou pour se laisser « manger » a-t-on pu dire, par les nécessités et les exigences du troupeau qui doivent être raisonnables ; elles devront parfois faire l'objet d'un discernement et être soumises à vérification, mais il est indéniable que la vie du prêtre est totalement remplie par la faim d'Évangile, de foi, d'espérance et d'amour de Dieu et de son mystère, laquelle, plus ou moins consciemment, est présente dans le peuple de Dieu qui lui est confié. »
Prions pour la communion !
Dans la suite de cette méditation, nous vous proposons aujourd’hui une démarche d’intercession.
Puisque notre promesse d’obéissance nous invite à vivre la communion, prions d’abord pour notre propre évêque. Confions au Seigneur sa charge de pasteur du diocèse, ainsi que toutes les préoccupations qui en découlent. Seigneur, apprends-moi à aimer mon évêque et à vivre en communion avec lui !
Prions également pour nos frères prêtres. En particulier pour ceux qui connaissent des épreuves et ceux que je côtoie fréquemment. Seigneur, apprends-moi à être attentif à mes frères et à prendre soin d’eux, comme j’aimerais qu’ils prennent soin de moi !
Prions enfin pour tous ceux qui nous sont confiés. Seigneur, apprends-moi à « prendre l’odeur de mon troupeau » (cf. Evangelii gaudium n°24) et à être un instrument d’unité.
Seigneur, écoute-nous, Seigneur, exauce-nous !
Pour aller plus loin :
Pastores dabo vobis n° 28 et 74, et Lumen Gentium n°28.
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Crédit photo : Denis FORISSIER (ordinations diaconales, église de l'Annonciation à Lyon, 20 juin 2015)
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6