J26 - Quatrième dimanche - Quitter nos ingratitudes…

Image de la publication

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,14-21

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a ­tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

1.  « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »

Le livre des Chroniques se présente à nous comme un résumé du chemin spirituel vécu par le peuple hébreu. Nombreuses ont été les occasions où le peuple a oublié ­l’Alliance, ignoré son Dieu et enterré les grâces reçues au long de son histoire mouvementée. Une volonté d’émancipation a surgi dans des cœurs séduits par les tromperies du temps présent. La mémoire a été défaillante, aussi Israël a-t-il méconnu son Dieu et ses cadeaux. Certes, cette histoire nous semble bien éloignée de nos questions contemporaines, mais ne sommes-nous pas nous-mêmes tentés d’oublier les bienfaits du Seigneur ? Peut-être faudrait-il ouvrir l’album de photos de notre propre histoire sainte pour reconnaître que ce mécanisme de l’oubli la traverse ? Ne sommes-nous pas parfois des enfants ingrats atteints d’amnésie spirituelle ? La Bible est ponctuée de nombreux « souviens-toi » émanant de la bouche de Prophètes et distillés au long de l’histoire du Peuple de Dieu face à des générations aux oreilles fermées, au cœur endurci.

Ce temps propice du carême ne pourrait-il pas devenir une période heureuse où Dieu, en nous attirant au désert, parlerait au cœur de tout croyant ? Car au centre de toutes ces vicissitudes humaines et défaillances, une force demeure : la miséricorde de Dieu est toujours au rendez-vous. Elle s’offre inlassablement. Aussi nous est-il bon de faire mémoire de cette miséricorde qui n’a cessé de se montrer, de se développer, de s’intensifier. Les malheurs du peuple élu sont la conséquence de l’oubli de son Dieu. Mais Dieu ouvre toujours une brèche pour faire renaître la vie. Il n’a cessé d’appeler et d’envoyer, vers son peuple rebelle, des messagers aux bras chargés d’appels au repentir. La surdité et la méchanceté ont fait leur travail. Mais Dieu ne peut pas délaisser et oublier son peuple. Si un roi païen a été l’auteur du désastre et de la déportation, Cyrus, autre roi païen sera l’instrument du salut : « Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir une maison à ­Jérusalem, en Juda. ». Le Seigneur l’a chargé de lui bâtir une maison.

Ne serions-nous pas, aujourd’hui, de ces bâtisseurs ? Dieu s’invite chez nous. Alors il nous faut reprendre le chant du psalmiste : « Que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir ! » Et si nous entrions ensemble cette semaine dans un travail de mémoire, de souvenirs ? Non, les miséricordes de Dieu ne se sont pas effacées. Aussi relisons lentement la lettre que saint Paul écrivait aux Éphésiens : « Frères, Dieu est riche en miséricorde. » L’Apôtre développe son thème : nous étions des morts par suite de nos fautes, Dieu nous a donné la vie avec le Christ ; c’est bien par grâce que nous sommes sauvés. Ce thème de l’amour de Dieu, de son infinie miséricorde, traverse les trois lectures de notre dimanche, tel un refrain qui ne s’épuise pas, mais vient redire avec force le cœur de notre vie de foi : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. »

La miséricorde de Dieu est bien une constante de l’histoire biblique. Elle se révèle tout au long de l’Histoire sainte. Dieu utilise pour son peuple tous les moyens susceptibles de provoquer sa conversion, et donc notre conversion aujourd’hui. Il serait bon pour nous de goûter les préfaces énoncées avant le récit de la Cène à chaque eucharistie. Relisons un extrait de la préface de ce dimanche : « En prenant la condition humaine, le Christ a guidé vers la lumière de la foi l’humanité qui s’en allait dans les ténèbres, et par le bain qui fait renaître, il a donné aux hommes, nés dans le péché, de devenir vraiment fils de Dieu. » Mais cet appel à devenir fils de Dieu ne se réalisera pas sans nous. Et l’évangile de ce dimanche insiste pour que nous allions à la lumière. En un mot : que nous ayons le courage de reconnaître nos impasses, ces voies sans issue choisies ou subies qui nous font dériver, aller à contresens de la Bonne Nouvelle, de l’Évangile.
Aussi Jean insiste-t-il dans le récit de ­l’Évangile de ce dimanche : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière ». À quelle(s) vérité(s) sommes-nous appelés, invités ? Non, nous ne sommes pas convoqués au tribunal céleste. Nous sommes appelés à une rencontre au cours de laquelle, ayant accepté, chacun, de nommer sa vérité, nous serons invités à laisser l’eau de la miséricorde couler sur nous en abondance. « Frères, Dieu est riche en miséricorde » nous a rappelé saint Paul. Comment cette semaine allons-nous accueillir cette force et en vivre ? La maison que Cyrus propose de bâtir à la suite de la demande du Seigneur, ne porterait-elle pas le nom de : « Maison de la Miséricorde » ? Peut-être faudrait-il oser franchir son seuil ?

« Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique. »

2.  « Frère Laurent se jeta à corps perdu entre les bras de la miséricorde infinie… »

Dieu en son Fils Jésus nous attend dans cette maison de la miséricorde. Ne le laissons pas attendre ! Frère Laurent de la ­Résurrection nous y invite et nous devance. Suivons-le en écoutant ce témoignage sur notre frère : « De cette foi vive naissait la fermeté de son espérance en la bonté de Dieu, une confiance filiale en sa providence, un abandon total et universel de lui-même entre ses mains.(…) Il ne se contenta pas, pendant la plus grande partie de sa vie, de se reposer de son salut sur la puissance de sa grâce et sur les mérites de Jésus-Christ, mais, oublieux de lui-même et de tous ses intérêts, il se jeta, comme dit le Prophète (Romains 4,18), à corps perdu entre les bras de la miséricorde infinie.

Plus les choses lui paraissaient désespérées, plus il espérait, semblable à un rocher qui, étant battu des flots de la mer, s’affermit davantage au milieu de la tempête.(…) C’est pour cette raison qu’il disait que la plus grande gloire que l’on pouvait donner à Dieu, c’était de se défier entièrement de ses propres forces et de se confier parfaitement dans sa protection, parce que c’est là que l’on fait un aveu sincère de sa propre faiblesse et une confession véritable de la toute-puissance du ­Créateur ». (Éloge 44) Lui-même se confie à un religieux : « Je me regarde comme le plus misérable de tous les hommes, déchiré de plaies, rempli de puanteurs et qui a commis toutes sortes de crimes contre son Roi. Touché d’un sensible regret, je lui déclare toutes mes malices ; je lui en demande pardon, je m’abandonne entre ses mains pour faire de moi ce qu’il lui plaira.

Ce Roi plein de bonté et de miséricorde, bien loin de me châtier, m’embrasse amoureusement, me fait manger à sa table, me sert de ses propres mains, me donne les clefs de ses trésors et me traite en tout comme son favori ; il s’entretient et se plaît sans cesse avec moi en mille et mille manières, sans parler de mon pardon ni m’ôter mes premières habitudes. Quoique je le prie de me faire selon son cœur, je me vois toujours plus faible et plus misérable, cependant plus caressé de Dieu. Voilà comme je me considère de temps en temps en sa sainte présence. » (Lettre 2)

Fr. Didier-Joseph CAULLERY, ocd (Avon)

Plus les choses lui paraissaient désespérées, plus il espérait, semblable à un rocher qui, étant battu des flots de la mer, s’affermit davantage au milieu de la tempête.

Prière de la communauté

Notre Père

Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Amen

Merci ! 348 personnes ont prié

9 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Carême avec Laurent de la Résurrection

Je m'inscris