Sainte Jeanne Jugan Sœur Marie de la Croix - Chapitre 2

Le panier accroché au bras, Jeanne va de maison en maison. Parmi ses pensionnaires, celles qui avaient vécu de mendicité lui indiquent où se rendre pour trouver de généreux donateurs. De ceux-là, Jeanne accepte tout. De l’argent, mais aussi des vêtements, du linge usagé, de la laine, de la nourriture, parfois les reliefs de repas, tout…

« On vous enverra en quête, mes petites filles, » dira-t-elle plus tard aux novices. « Cela vous coûtera. Moi, je l’ai faite aussi avec mon panier ; cela me coûtait mais je le faisais pour le Bon Dieu et pour ses pauvres. »

Elle n’est pas toujours bien reçue. Un vieil avare accepte de faire un don. Le lendemain quand elle revient, il refuse : « J’ai déjà donné hier ! » Elle objecte : « Hier, mes pauvres avaient faim. Mais aujourd’hui, ils ont encore faim. Et demain, ils auront toujours faim. »

Et le vieil avare s’attendrit. Une autre fois, un homme la gifle. Elle dit : « Merci ! Cela, c’est pour moi. Maintenant donnez pour mes pauvres, s’il vous plaît ! » Et il s’exécute.

Avec son sourire, elle invite les mieux nantis à réfléchir, à se préoccuper davantage des besoins des pauvres qu’ils côtoient chaque jour. La quête, qui restera la ressource majeure des Sœurs, devient ainsi un moyen d’évangélisation.

Les pauvres ne viennent pas spontanément demander son hospitalité. Certains, malades, abandonnés, n’en ont même plus la force. Quand Jeanne a fini de quêter, elle repart les chercher. Elle découvre ainsi un ancien marin de 72 ans, Rodolphe Laisné, couvert de haillons, abandonné dans un caveau humide, avec une pierre pour oreiller. Elle part lui chercher des vêtements propres et le transporte chez elle. Il se rétablit. Une autre fois, une prostituée jette sa vieille mère dans la rue, en face de la maison de Jeanne. Celle-ci la recueille et soigne un horrible ulcère qu’elle avait à la jambe.

La quête comme moyen d’évangélisation

Bien que sa vocation l’incite à s’occuper en priorité des personnes âgées, il lui arrive aussi de secourir des enfants comme cette petite Thérèse, orpheline âgée de 5 ans, dont personne ne voulait parce qu’elle était estropiée. Ou bien ces deux enfants, venus de Basse-Bretagne, qui avaient déserté la maison paternelle où il n’y avait plus de pain. On les conduit à Jeanne qui les nourrit, les réconforte et les remet à l’Administration qui les reconduit chez eux.

L’œuvre de Jeanne suscite l’intérêt et l’on va visiter sa maison. Le besoin de donner un asile à la vieillesse abandonnée est reconnu et bientôt plusieurs personnes généreuses se réunissent pour contribuer à l’achat d’une demeure plus spacieuse. Mais elle est prévenue, on ne pourra se cotiser davantage. Elle devra finir de payer la maison, pourvoir à la nourriture et à l’entretien des pensionnaires dont le nombre ne cesse d’augmenter. De vingt, il passe à trente puis à quarante… Et Jeanne continue de s’en remettre à la Providence.

Les Sœurs partagent ses soins et ses fatigues, vaquant, à l’intérieur, aux ouvrages les plus pénibles, avec un grand dévouement, parfois au détriment de leur santé. En 1844, un chroniqueur compte autour d’elles soixante-cinq misérables des deux sexes, tous vieux ou infirmes ou estropiés ou manchots ou idiots ou atteints de maux incurables, arrachés à leur solitude, à la honte de mendier et aux vices attachés à leur triste condition. Parmi eux, certains sont encore capables de rendre service. Aux vieilles femmes valides, Jeanne distribue rouets, quenouilles et dévidoirs et toute se mettent au travail, heureuses de contribuer à l’œuvre commune en gagnant quelques sous.

Les pensionnaires se mettent au travail

Peu à peu, les Sœurs s’organisent. Désormais connues sous le nom de Petites Sœurs des Pauvres, elles s’habillent d’un même costume, uniforme inspiré des tenues paysannes de la région, un bonnet, un petit crucifix et une ceinture de cuir. Jeanne prend, en religion, le nom de Sœur Marie de la Croix. Toutes prononcent des vœux d’obéissance et de chasteté. S’y ajouteront, plus tard, ceux de pauvreté et d’hospitalité. Le 8 décembre 1843, elles procèdent à des élections et Jeanne est élue Supérieure à l’unanimité.

 

Hier comme aujourd’hui, les personnes âgées ne suscitent guère d’intérêt. Certes un progrès a été fait. Les maisons de retraite existent, le maintien à domicile aussi. Mais elles sont nombreuses en souffrance, faute de soins, d’hygiène, faute de personnel pour s’occuper d’elles, faute d’argent. On pourrait dire « faute d’amour », cet amour que Jeanne Jugan, avec ses moyens dérisoires, savait si bien prodiguer.

Sainte Jeanne, donne-nous ton regard sur les personnes âgées qui nous entourent, fais-nous agir en leur faveur, que ce soit en prenant des responsabilités dans la cité ou, plus simplement, en leur venant en aide directement. Avec le secours de la Vierge Marie.

 

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Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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