"La mort de Jésus agrandit votre espérance"

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Ecoutez une playlist spécialement créée pour le Samedi Saint et méditez avec un commentaire du Bienheureux Marie-Eugène de l'Enfant-Jésus.

Commentaire – P. Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

Après les lourds événements du Vendredi Saint, revenons vers Jérusalem. Dans toute la ville, un calme plat, non de tranquillité et de paix, mais de surprise et de terreur. C’est le grand jour du Sabbat. Les magasins sont fermés, les gens ne circulent guère ‒ le chemin qu’ils peuvent parcourir est fort limité ‒ pour la plupart, ils sont chez eux. Ils se portent cependant vers le Temple, ils circulent dans les parvis, ils parlent entre eux, à voix basse semble-t-il. Dans les premiers jours de la fête, ces lieux étaient animés par la présence de Notre-Seigneur, par les discussions. Il avait lancé des paraboles terribles, celle des vignerons homicides (Mt 21,33-46) et pharisiens et scribes avaient compris. Jésus de Nazareth n’était plus là. Beaucoup en parlaient. On n’avait pas osé l’arrêter et voici qu’il avait comparu devant le Sanhédrin, on l’avait traduit devant Pilate qui l’avait condamné. Certains étaient passés devant le Calvaire, avaient vu l’écriteau, avaient vu sa souffrance, l’avaient vu mort, peut-être. On parlait des ténèbres pendant les dernières heures de sa vie, avant sa mort. On disait que le voile du Temple s’était déchiré. Tel et tel disaient que des morts étaient ressuscités. Qu’est-ce que tout cela ? Ils avaient été embarrassés par les discours de Notre-Seigneur attaquant les autorités juives, pleurant déjà sur la cité, sur ses malheurs futurs (Lc 19,41-44).

Maintenant, qu’allait-il advenir ? Ils l’avaient mis à mort. Ils parlaient de Jésus à voix basse : « c’était un homme de bien, un thaumaturge, le Messie, peut-être » ‒ « certainement », disaient les uns ‒ « pas possible qu’il le soit », disaient les autres. Calme plat extérieur, le feu couvait sous la cendre, agitation intérieure. La haine n’avait pas désarmé, avait paru satisfaite au Calvaire et avait étalé la jouissance malsaine de son triomphe : S’il est fils de Dieu, qu’il descende de la croix ! Il n’était pas descendu ! Maintenant, ces hommes graves, ces docteurs de la Loi étaient repris par des craintes : « N’a-t-il pas dit qu’il ressusciterait ? » Ils vont trouver Pilate, pour empêcher la Résurrection. Pauvre sagesse humaine qui veut enchaîner la Sagesse de Dieu et sa puissance ! Ils obtiennent quelques gardes et les placent devant le tombeau. La puissance de Rome s’affirme encore. Les soldats sont là, indifférents pour la plupart. Monter la garde devant un tombeau pour que le mort ne sorte pas : ce travail ou un autre ! Monter la garde devant le palais du gouverneur ou devant le tombeau du Christ qui est mort : qu’importe !

Les apôtres, dispersés de-ci de-là, s’inquiètent. Quelles sont leurs impressions ? Ils n’ont pas encore reçu l’Esprit Saint. Ils savent que Jésus est mort. Croient-ils à la Résurrection ? Peut-être certains y pensent. Tous savent que Jésus est mort, c’est la désolation, la souffrance, peut-être la fin d’une aventure qui fut brillante ; leurs espoirs ont peut-être sombré dans les ténèbres du Calvaire. Ils savent si bien que Jésus est mort. Thomas voudra des preuves palpables de sa Résurrection (Jn 20,24-29). Qu’aurions-nous pensé, qu’aurions-nous fait si nous avions été là ? Pourquoi se poser le problème ? Nous avons la foi, l’espérance, et notre amour a grandi en voyant Jésus sur le chemin du Calvaire, en le voyant expirer.

Notre amour pour Marie a grandi, nous sommes ses enfants, notre amour filial nous porte vers elle. Il faut que nous la cherchions. Où est-elle ? Elle n’est pas repartie avec le clan familial, avec les gens de Nazareth qui campaient probablement sur le mont des Oliviers. Par testament, Jésus a donné sa Mère à Jean. Jean en a hérité, a pris possession de Marie. Marie est avec Jean. Sa famille a une habitation, il est connu à Jérusalem, il a pu faire entrer Pierre au prétoire, il est connu du grand Prêtre, a des relations, une maison. C’est là qu’est Marie. La maison, c’est la grande salle de séjour au rez-de-chaussée, cuisine, salon : tout le monde vient là. Il y a une chambre haute, un premier étage, plus silencieux, à l’abri des indiscrétions. Jean, Jacques et leur mère probablement, ont conduit la Sainte Vierge dans cette chambre haute. Respect de sa souffrance, amour pour Jésus : ce sont de véritables enfants de Marie. Allons à cette maison de Jean, essayons de voir la mère des Zébédée, demandons-lui de nous introduire quelques instants auprès de Marie dans la chambre haute. Peut-être ne serons-nous pas nombreux ? Il y a peu de gens après tout que Marie intéresse. Le silence des évangélistes ne semble-t-il pas l’indiquer en partie ? Et ceux qui l’aiment, par discrétion, n’osent pas s’approcher d’un tel malheur, d’une telle souffrance. Allons dans la chambre haute, nous serons bien accueillis. Nous y serons dans l’intimité.

Ô Marie, laissez-nous voir comment vous êtes. Laissez-nous lire sur votre visage, regardez-nous pour que, par vos yeux, nous pénétrions jusqu’à votre âme. Nous avons quelques droits de savoir puisque nous sommes vos enfants. Vos dispositions à cette heure nous intéressent. Souffrance à nulle autre comparable. Vous êtes la Fille de Sion décrite par les Prophètes (Is 62,11), la Fille de Sion dans la tristesse parce qu’elle a tout perdu. Jésus votre fils unique est mort. Jésus avait eu pitié de la souffrance de la veuve de Naïm (Lc 7,11-17) ‒ ce jeune homme était un jeune homme ordinaire ‒ votre fils, ô Marie, c’était Jésus. Votre fils conçu par l’opération du Saint-Esprit, chef-d’œuvre de la création humaine et un corps oint de l’onction du Verbe, en qui reposait la plénitude de l’Esprit, tous les dons, votre fils n’est plus là. Votre instinct maternel a besoin de le voir, de le toucher
Cette faveur ne vous est pas donnée. Vous l’avez eue [au soir du Vendredi Saint], ce fut très douloureux mais consolant en même temps. Pour le moment, c’est l’absence, le vide, Jésus n’est plus là. Laissez-nous voir votre souffrance, ô Marie, pour que nous puissions mesurer, trouver quelque dimension de votre amour maternel, de cet amour sensible qui accompagne l’amour spirituel. Que vous dirions-nous ô Marie ? Nos discours seraient verbiage, ils n’exprimeraient pas nos sentiments et ne seraient pas à la hauteur de vos dispositions. Permettez-nous seulement, ô Marie, de rester près de vous dans le silence de votre souffrance, dans le silence de notre compassion.

Nous le devinons, le démon rôde autour de vous. N’est-ce pas votre heure de Gethsémani ? Ces démons qui rôdaient au Calvaire, n’ont-ils pas entendu que vous étiez proclamée Mère ? Soudain, n’est-il pas monté chez eux une crainte, la peur de votre maternité, la peur de votre fécondité ? Oh ! la crainte est fondée. Le démon se rappelle : Elle t’écrasera la tête… J’établirai une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et la sienne (Gn 3,15). Cette race, il semble l’avoir éteinte puisque Jésus est mort. Il reste la femme, la mère féconde. Le démon s’agite, et il reconstruit Gethsémani. Ce Gethsémani qu’il a créé pour Jésus, dans l’obscurité du Jardin des Oliviers, il est probable qu’il le construit de nouveau avec sa haine et sa puissance autour de Marie. Brouillard sur l’intelligence, dégoût dans la volonté, tout l’enfer est là autour de vous, ô Marie. Des fantômes s’agitent dans la nuit. Le démon aime la nuit, il augmente l’épaisseur des ténèbres en créant du brouillard sur les facultés. Contre tous les artifices de cette haine savante, ô Marie, vous restez ferme, Stabat Mater. Votre amour n’est pas atteint, votre amour pour Jésus a augmenté depuis que vous êtes la mère de l’humanité régénérée. Dilatentur spatia caritatis3 : votre cœur a grandi, s’est épandu, est devenu à la mesure du monde, à la mesure de l’univers dont vous êtes la Reine. Cette expansion, cet agrandissement se fait dans le brouillard, dans les ténèbres, dans le chaos. Toute génération se fait dans le chaos. Qui le sait mieux que vous, ô Marie, à cette heure ? Nous saluons cet amour, ô Marie, cet amour dont vous nous aimez, chacun de nous, dont vous aimez l’humanité, nous saluons votre maternité, notre espérance.

Au jour de l’Annonciation, le Ciel s’est penché sur vous, attendant votre consentement, et vous avez dit : Fiat mihi secundum verbum tuum : qu’il me soit fait selon votre parole (Lc 1,38). Le Ciel à cette heure aussi est penché sur vous, ô Marie, attendant aussi votre consentement pour la génération que vous allez opérer, pour la nouvelle fécondité qui vous est promise. Aimez, ô Marie, ‒ et vous aimez, nous en avons l’assurance ‒ à la mesure du dessein de Dieu. C’est avec vous que se réalisera la prière de Jésus, la glorification de Jésus. L’Esprit Saint en est encore l’architecte et l’ouvrier, vous y ferez œuvre de mère. Vous êtes la mère de l’Église. Dans cette nuit brille votre foi. Dieu ne vous a pas trompée, vous croyez fermement à sa parole comme à la parole de l’ange. Cette nuit, ces ténèbres, ce vide, cette mort de Jésus éveille et agrandit votre espérance.

Vous êtes notre espérance. Votre espérance, ô Marie, est la seule lumière humaine qui brille dans cette nuit : petite lumière dans ce brouillard, petite clarté mais grande espérance, à la mesure du dessein de Dieu. Faites briller la lumière, la petite lumière de cette grande espérance dans votre regard, ô Marie. Nous voulons la partager. La petite lumière de votre espérance est le premier rayon du Soleil qui monte à l’horizon, l’annonce du Soleil de justice qui va se lever (Ml 3,20) dans quelques heures, le Soleil de la Résurrection. Donnez-nous cette espérance, ô Marie, pour nous préparer à la célébration du Mystère Pascal. Donnez-nous cette foi qui fera jaillir du Christ ressuscité, pour chacun de nous, des torrents de vie, des torrents de vie vivifiante, purifiante, transformante. Nous voulons mettre notre espérance à la mesure de la vôtre et espérer avec vous, non pas seulement pour nous qui sommes près de vous, mais pour toute l’Église, pour tous ceux qui seront choisis, maintenant, plus tard, pour tout le Corps Mystique de Jésus, pour toute l’humanité. C’est sous cette lumière que nous allons passer la journée.

Nous vous saluons, ô Marie pleine de grâce, Mère du Christ Jésus qui est mort, Mère du Christ Jésus qui va ressusciter, mère de toute l’Église, notre mère.

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 71 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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