Une réflexion sur l'âme humaine, ou la place de la mémoire.

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Image: A. Mantegna (1430- 1506), S. Agostino (détail de Polittico di S. Luca), Milan.

Nous commençons donc notre enquête spirituelle : où et comment Dieu est-il présent en l'homme ?

Les Confessions sont le texte qui peut servir de point de départ pour rendre compte de la manière dont S. Augustin pense l'inhabitation de Dieu. En effet, après avoir retracé l'itinéraire de sa conversion dans les neuf premiers livres, S. Augustin adopte ensuite un ton philosophique au livre X, pour aborder la question du temps. Au cours de son analyse du temps, il mobilise le concept de mémoire, qui occupe chez lui une position centrale. C'est après avoir remarqué que nous ne pouvions pas connaître Dieu par nos sens, parce qu'alors les animaux pourraient aussi le connaître (chapitre 7), que S. Augustin évoque la mémoire comme mode par lequel l'homme peut connaître Dieu (à partir du chapitre 8).

S. Augustin a une haute estime de la mémoire, qu'il présente comme un « vaste palais » et comme un « trésor », qui est le propre de l'homme, et pour lequel il ne cache pas son admiration. La mémoire est ce lieu « infini » où l'homme conserve l'image des choses qu'il a perçues par ses sens, et qui permet de les mobiliser lorsque la réalité de ces choses n'est plus immédiatement accessible à notre perception sensorielle. Alors, nous nous souvenons de ce que nous avons auparavant perçu.

Cependant, la mémoire n'est pas seulement un attribut sensitif, car elle contient également les connaissances scientifiques (chapitre 9), que nous possédons véritablement, quoi qu'elles n'y soient pas entrées par nos sens (chapitre 10). C'est ainsi, par exemple, que nous pouvons percevoir les vérités mathématiques, ou d'autres « vérités éternelles », qui sont comme déposées en nous.

Ainsi, la mémoire contient également des réalités permanentes et intelligibles, c'est-à-dire des réalités que l'homme n'acquiert pas par l'usage de ses sens, et qui sont présentes dans sa mémoire avant qu'il ne les comprenne. En cela, la mémoire peut aussi fonctionner sur un mode inchoatif, qui fait connaître au présent ce qu'elle contenait déjà, à la manière dont une virtualité s'effectue et s'accomplit.

S. Augustin écrit aussi que:

 La mémoire conserve les états émotionnels et les passions de l'âme, ses expériences et ses opinions. Ainsi la mémoire en vient à devenir synonyme de conscience de soi. La mémoire est l'esprit, elle est le moi lui-même (Conf. X, 17, 26).

On le devine, la mémoire est très valorisée chez S. Augustin. Mais en quoi peut-elle nous aider à avancer sur le chemin de la connaissance de Dieu ? Nous le verrons la semaine prochaine...

Prière de la communauté

Oraison de S. Augustin

Renouvelle, Seigneur, en ton Église, l'esprit dont tu animas l'évêque saint Augustin ; qu'il nous remplisse pour nous donner soif de toi, source de la vraie sagesse ; pour nous donner de te chercher, toi, l'auteur du plus haut amour. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

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15 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Avec S. Augustin, découvrir où Dieu habite

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