« Parle-moi d'Amour » de Michel Quoist :

En un instant les certitudes, qu'en moi je croyais fermement établies, à  nouveau vacillaient sur leurs bases. Allaient-elles s'écrouler ? Le doute était réapparu. Je le croyais vaincu. Mais il vivait encore, termite dévastateur, sous la couche légère de mon bonheur fragile. 

Oui, je doutais de l'AMOUR. 

En prendre conscience me bouleversait. J'étais consternait. 

Mais la révolte en moi se fit plus forte que mon abattement, et c'est presque en criant que je m'adressais au sage : 

- Pourquoi dieu nous a t'il donné cette liberté qui tue ? Il savait qu'elle tuerait !

- Parce qu'il nous aime, répondit-il doucement.

- Est ce aimer que risquer la souffrance et la mort de ceux qu'on aime ! Est-ce aimer que de les laisser croupir dans les prisons, crier sous la torture, mourir de faim, se battre, tuer et se faire tuer !...

Ma colère se gonflait de toutes les plaintes des hommes. Elle se nourrissait de toutes les prières inexaucées des suppliants, qui depuis des siècles demandèrent en vain, pour eux ou pour les leurs d'être soulagés, préservés, sauvés. Je voulais une réponse. Pour les autres. Pour moi. Il me fallait atteindre en moi le doute et le terrasser à jamais. Avec lui présent en mon cœur, je ne pourrai revivre. 

- Calme-toi, mon petit, dit le sage. Ecoute :

La maman aimerait-elle son enfant, si elle refusait de le « mettre au monde »

 Parce que le monde est méchant

L'aimerait-elle si, petit bébé, elle refusait de le « mettre à terre »

 Parce qu'il ne sait pas marcher, et risque de tomber et se blesser ?

L'aimerait-elle si adolescent, elle l'enfermait en sa maison

 Parce qu'il ne sait pas encore vivre et aimer ?

Il se tue. Ce qui me désarmait chez mon ami c'était son calme. Sa douceur. Je sentais qu'il ne voulait pas me convaincre pour gagner, mais me faire comprendre pour m'aider.

Et c'est pour cela que je croyais, tout au fond de moi…. Qu'il devait avoir raison.

Il reprit : vois-tu mon petit, une maman qui aime authentiquement est capable, à cause même de cet amour, de risquer que son enfant tombe, se blesse et meurt, plutôt que de lui ôter la liberté de vivre. Et pourtant, elle sait d'avance, qu'il souffrira. Si reculant devant ce risque, elle refusait de se séparer peu à peu de l'enfant chéri, de ne plus le porter et le protéger, -sous prétexte de lui épargner les épreuves de la vie- elle tuerait en lui l'homme qu'il devait devenir. 

- Mais si on enfant se blesse dis-je timidement – car l‘assurance que me donnait la colère était tombée – l'abandonnera t'elle, sous prétexte qu'il est … un homme ?

- Non, elle ne le laissera pas seul. Elle se hâtera vers lui, se fera plus proche et portera sa souffrance avec lui.

- Mais la souffrance demeurera. 

- Certes. Mais si l'enfant se laisse aimer, il deviendra plus fort pour la porter. Quand quelqu'un est touché par un amour vrai, cet amour fait surgir en lui une énergie cachée ; celle de la vie trop longtemps retenue. Aimer, c'est faire jaillir en l'autre, une  nouvelle vie. C'est le recréer. 

- Et c'est ainsi pour Dieu ?

- Exactement. Sauf que pour Lui son Amour est infini et la vie qu'Il nous donne, c'est sa vie éternelle.

- Il n'est alors que de nous ouvrir à Dieu !

- Oui, mais de cela aussi  nous sommes libres, car ou serait l'amour si nous étions forcés d'aimer ?

Prière

Notre Père qui es aux cieux...

Je vous salue Marie…

Gloire au Père…