A-T-ON ENCORE LE DROIT DE PARLER DU CŒUR AUJOURD’HUI ?

De parler du cœur qui bat, du cœur qui se serre et monte à la gorge… peut-on parler du quelqu’un qui aime et de l’amour du cœur ? Est-ce anachronique ou inconvenant, aujourd’hui ?

 

Eh bien moi, j’ose le dire, nous en crevons d’avoir censuré le cœur, de l’avoir exclu du vocabulaire tant profane que religieux, et de trembler devant l’accusation de sentimentalisme. Et c’est vrai qu’on a abusé de ce mot, on l’a galvaudé, affadi, rendu douceâtre et poisseux. Mais est-ce une raison pour s’en priver à jamais et ne plus parler que d’affectivité ou d’érotisme, avec tous les visas de la psychanalyse et de la sexologie ?

 

Aujourd’hui je désire crier ce que j’ai dans le cœur : le sentiment, l’amour bien vrai, bien chaud, bien vivant, bien humain, c’est cela qu’on nous a enlevé et qui rend notre monde si dur et triste, celui des jeunes comme celui des vieux, celui des gens qui s’amusent et celui des gens sérieux, celui des impies et celui des pieux. L’amour, paraît-il, ça ne doit plus rimer avec toujours, l’amour, ça vient, ça va, ça passe et ça s’en va, ça ne vient pas du cœur mais d’une imagination dans la tête et d’un ensemble de sensations.

 

NON, le cœur, ça existe. L’amour, ça existe. Nous, les chrétiens, nous le savons. Nous le disons. Nous savons bien que nous n’en sommes pas dignes. Quelqu’un est-il digne de l’amour ? Pour les chrétiens, Dieu est Amour, l’Amour, c’est Dieu.

 

Pour les philosophes, Dieu n’aime pas. Enfin du moins pas comme nous. Dieu est impassible, Dieu est un pur esprit. Dieu n’a donc pas de cœur. S’il avait un cœur, il ne laisserait pas mourir les petits enfants, ni arriver toutes ces choses horribles. Vous pensez à une maman, oui, ça a un cœur. Un cœur de maman ça se prouve, le cœur existe, c’est vrai qui ose dire le contraire ? 

Mais moi, je dis que Dieu a un Cœur.  Enfin, qu’il aime comme nous, je veux dire : son amour à Lui, c’est comme le nôtre, le meilleur, le plus fin, le plus pur, le plus fort, le plus fou. Si c’est différent, ce n’est pas parce que c’est moins, c’est parce que c’est plus. Plus n’est pas autre, infiniment plus mais infiniment cela qui nous fait battre le cœur quand nous pensons : amour. Et je dis que Dieu nous aime d’amour qu’on peut l’aimer d’amour. Et que l’amour de Dieu est comme dans un cœur d’homme, ou de femme, c’est le même feu qu’on lit dans les yeux, oui dans les yeux de ceux qui aiment.

 

Et je l’ai vu les feux briller dans des yeux. Je vous l’affirme. Et je témoigne que l’amour de Dieu est un amour du  cœur et que ce n’est pas une illusion. Ce n’est pas une illusion un amour auquel on donne toute sa vie sans le regretter. J’ai vu ça, pas une fois, mais bien cent et bien davantage, et au départ, et en cours de route et à l’arrivée, oui j’ai vu comment on meurt quand on aime Dieu, et qu’en  lui on trouve et retrouve tout amour. Oh ! Ce n’est pas toujours glorieux ni surtout facile, car l’amour du côté des humains est toujours pauvre et faible amour. Mais ce n’est pas seulement la petite Thérèse de Lisieux qui rend l’âme en disant : « JÉSUS… je vous aime !»

 

JÉSUS ! Ah, s’il n’y avait pas Jésus, je ne sais pas si j’aurais pensé ou osé dire tout cela. J’aurais eu beau lire dans la Bible des pages et des pages brûlantes d’un amour qui montre Dieu comme un Père qui aime son enfant Israël avec tendresse, comme un époux qui aime son épouse, Sion, Jérusalem, avec passion. J’aurais beau lire le Cantique des Cantiques et essayer d’y voir, comme les mystiques, le chant d’amour de Dieu et l’âme, de Dieu et de la Création, cela me serait apparu, sans doute, comme une déclaration d’amour, mais sans preuves.

 

Mais il y a eu JÉSUS. Mais il y a Jésus. Jésus dont le cœur s’émeut sur la foule qui est là comme des brebis sans berger, Jésus « pris aux entrailles » devant cette veuve dont on porte son fils en terre. Jésus qui regarde, de quel regard, Simon-Pierre qui vient de le renier. Jésus qui se fâchait parce qu’on éloignait les petits enfants… Jésus qui aimait Jean d’un amour de préférence parce qu’il n’écoutait pas seulement ses paroles mais qu’il était à l’écoute de son Cœur et saurait mieux que les autres nous parler de son Amour.

 

Jésus qui se disait doux et humble de cœur, lui si fort et si magnanime, et qui voulait que celui qui commande soit le serviteur et l’esclave de tous. Jésus qui disait : « on vous reconnaîtra pour mes disciples, à cela que vous aurez de l’amour les uns pour les autres » Et : « je vous donne un commandement nouveau : c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme moi je vous ai aimés ! »

 

Ce que Jésus, qui est Dieu, qui est mon Dieu, m’a fait comprendre, c’est que Dieu, dans son amour pour moi, n’est pas inhumain ni même surhumain, mais qu’il est seulement plus humain, qu’il est en nous-mêmes, ce qui  fait de nous ce qu’on appelle humain. Et que notre étincelle d’humanité, parmi toute notre animalité, notre brutalité est un peu de sa grande Lumière et en cela la flamme d’amour qui brille dans les yeux, quand on aime. Et cet Amour est pour tous !

 

Toute la théologie du Cœur de Jésus, c’est cette vérité merveilleuse, cette Vérité qu’on ne savait pas avant Jésus, qu’on n’ose pas croire tant qu’on ne fréquente pas Jésus : c’est que Dieu, s’il n’a pas de cœur, Il est celui même qui remplit le cœur et sans cela le cœur serait vide et dépourvu de sens ! Il est l’Amour, et en Jésus, cet amour nous a aimés avec un cœur sacré, avec un cœur pleinement divin, pleinement humain. Et c’est pourquoi nous pouvons aimer Dieu d’amour, et comprendre : « il faut avoir le cœur plein de Dieu, comme un conjoint a le cœur plein de l’autre qu’il aime ». C’est seulement avec Dieu que l’Amour à trois est possible !!

 

Dans le Cœur de Jésus