Sainte Geneviève - Chapitre 1

En ce début du Ve siècle, Nanterre est une halte commode pour les voyageurs en quête d’un gîte. Voici que, venus de l’est et en route pour la Grande-Bretagne, s’y arrêtent un beau jour deux évêques, Germain d’Auxerre et Loup de Troyes. Ils sont en mission car le pape les a envoyés combattre l’hérésie pélagienne qui sévit en Bretagne (Angleterre). Au cours de leur séjour, une petite fille de huit ans, Geneviève, fille de riches propriétaires terriens des environs, retient leur attention. L’histoire ne dit pas ce qu’elle avait de si particulier. Une piété apparente ? Un caractère bien forgé à l’évidence ? Peut-être le Saint-Esprit la leur a-t-il tout simplement  désignée… Bref, ils proposent à l’enfant de se consacrer au Seigneur. La petite acquiesce de toute son âme et ses parents donnent leur accord. En souvenir de son engagement, Germain, avant de reprendre la route, remet à l’enfant une pièce de monnaie marquée d’une croix.

Saint Germain propose à Geneviève de se consacrer au Seigneur.

(Cathédrale Sainte-Geneviève à Nanterre)

 

Cet engagement, Geneviève entend le vivre au quotidien : or un jour, sa mère, Gérontia, qui s’en va à l’église lui demande de rester à la maison. La petite a du tempérament. Elle se met à crier et à pleurer : «  Je veux aller à la messe, je veux être une bonne épouse du Christ ! » Gérontia gifle sa fille et… aussitôt perd la vue. Elle la recouvre quelques mois plus tard en se lavant les yeux, avec de l’eau puisée au puits par Geneviève. C’est là le premier des très nombreux miracles imputés à la Sainte.

 

Cette petite fille qui sait ce qu’elle veut et qui ne cède pas va jouer un rôle décisif dans l’histoire de France. Haute figure de notre pays, elle incarnera une femme moderne, pleinement investie dans la cité où elle développera des qualités de stratégie et de diplomatie lesquelles, alliées à une intrépidité qui prend sa source dans sa foi, vont conduire la Gaule divisée à l’unité du royaume franc.

Elle est aujourd’hui la patronne de Paris et des Hauts-de-Seine. Elle est aussi, depuis 1963, la patronne des gendarmes.

 

Lors de sa naissance, à Nanterre, vers 420, l’Empire romain s’effondre sous les coups des Barbares et la Gaule est morcelée. Les Wisigoths se sont implantés dans le sud-ouest, les Alamans à l’est, les Burgondes autour de Lyon, les Ostrogoths en Provence. La région de Lutèce est toujours sous contrôle romain même si l’Empire d’Occident, qui s’efface peu à peu, n’y exerce plus d’influence. Au plan religieux, la tradition druidique a disparu devant la culture gallo-romaine. La religion chrétienne s’est répandue dans le pays depuis son introduction par les évêques Pothin à Lyon et Denis à Lutèce. Cependant les formulations de la foi ont pris des aspects fantaisistes comme l’arianisme, très répandu en Gaule. Cette hérésie qui niait une part de la divinité de Jésus avait été condamnée un siècle plus tôt au Concile de Nicée.

 

Les parents de Geneviève sont d’origine franque. Comme de nombreuses familles gauloises patriciennes, ils ont épousé le mode de vie romain et embrassé la foi chrétienne. Citoyen romain, Severus son père, d’abord militaire, est devenu magistrat municipal parisien à son retour à la vie civile. Il prend soin de donner à sa fille unique une instruction de qualité.

En grandissant, Geneviève ou plutôt Genovéfa (un nom franc qui, selon les uns, signifie Fille du Ciel et pour d’autres  Né du sein d’une femme, autrement dit Autonome face au pouvoir des hommes) va prendre conscience de la situation du pays, notamment de la diffusion de l’arianisme qu’elle va combattre de toutes ses forces. De plus, elle sait qu’elle est appelée à jouer dans l’avenir un rôle politique puisqu’elle doit, au décès de son père, hériter de sa charge de magistrat au Conseil Municipal de Paris.

Nanterre où se déroule sa jeunesse, a connu un passé prospère. Importante agglomération gallo-romaine quatre siècles auparavant, on pense aujourd’hui qu’elle est à l’origine de la fondation de Lutèce, bourgade qui vit alors de commerce dans l’Ile de la Cité, reliée par ses deux ponts aux rives de la Seine. Cette nouvelle ville gauloise, qu’on appelle désormais Paris, du nom des Parisii, habitants de la région, se développe. Mais quand Geneviève s’y établit, à la mort de ses parents, elle ne compte pas parmi les cités gauloises prestigieuses de l’époque.

Sa tante et marraine accueille cette jeune fille qui mène une existence de prière et de pénitence tout en dirigeant le domaine familial et en exerçant sa charge de magistrate. Elle s’impose comme femme d’affaires, faisant bénéficier les Parisiens les plus pauvres de ses biens. En femme politique, elle va vite prendre en main le destin de Paris.

Favorisée de grâces mystiques, elle n’est cependant pas reconnue par ses contemporains et  souffre de leur racisme. Ils contestent sa personne du fait de ses origines franques. Il faudra un hommage public de l’évêque Germain d’Auxerre, lors de sa seconde visite à Paris, pour la rétablir dans sa fonction. Les Parisiens ne discutent pas son autorité. En effet, le pouvoir des évêques est immense à cette époque et dépasse largement leur mission d’apostolat. Ils exercent sur les populations un très grand ascendant et n’hésitent pas à s’investir pour les défendre lors des fréquentes attaques barbares. Suite à l’intervention de Germain, Marcel, évêque de Lutèce, « ordonne » Geneviève comme « consacrée ». A la cathédrale, elle a pour tâche d’instruire les femmes et peut prendre place, au cours des offices, dans le chœur.

 

 

Arrêtons-nous un instant sur la personnalité de Geneviève. Elle n’a pas encore accompli les hauts faits qui vont la rendre célèbre mais elle va bravement vers son destin. Elle n’a pas peur. Ni de sa mère, ni de ces parisii racistes qui cherchent à la discréditer. Elle va de l’avant, totalement confiante en Dieu à qui elle a consacré son existence. De sorte qu’en elle coexistent en harmonie une vie mystique et une vie de femme politique hors du commun. Ne pas avoir peur, rejeter tout racisme, vivre sa foi dans le monde sans être « du monde », aimer son pays et ses habitants, faire de son mieux pour améliorer leurs conditions de vie, voici ce que nous propose cette grande sainte à travers les siècles.

Avec Marie et en méditant l’exemple donné par Sainte Geneviève, prions pour notre pays.

 

Je vous salue Marie…

Prions avec Marie en cliquant sur le bouton "je prie".

Prière de la communauté

Je vous salue Marie

Je vous salue Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de vos entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen.

Merci ! 160 personnes ont prié

5 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Cheminer avec les Saints en terre de France

Je m'inscris