‘' Oh ! la belle Dame ! …. Oh ! le beau ange !''
Croquis de la première apparition à l'Île Bouchard
Le titre rapporte les paroles prononcées par Nicole, cousine de Jacqueline Aubry, puis Jeanne sa petite sœur de 7 ans lorsqu'elles virent brusquement devant elles une belle Dame et un bel ange. Cela se passait vers 13 heures le lundi 8 décembre 1947 dans l'église Saint Gilles à l'Ile Bouchard. Jaqueline Aubry récitait son chapelet devant l'autel de la Vierge que surmontait une statue de Notre Dame avec l'Enfant Jésus, appelée Notre Dame des Victoires. Vers le quatrième ‘' Je vous salue Marie'', apparait brusquement une belle Dame accompagnée d'un ange. Jacqueline pousse du coude Nicole occupée à rechercher au sol la pochette du chapelet de Jeanne. Et successivement, apercevant la scène, les deux fillettes s'exclament : ‘' Oh ! la belle Dame ! Oh le beau ange !'' ,
Qui était cette Jaqueline qui avait entrainé quelques minutes avant sa cousine et sa sœur à prier une dizaine de chapelet à l'église Saint-Gilles proche de l'école ou allaient les enfants : Elle l'a raconté au père Vernet qui a publié un livre sur ces apparitions le 8 décembre 1992 : Ce livre s'appuie sur un très grand nombre de documents relatifs aux personnes ayant trait à ces apparitions.
‘' J'aimais bien la Sainte Vierge depuis que j'étais toute petite. Mes parents étaient pâtissiers à L'Île-Bouchard ce qui explique que maman, étant prise par le commerce, n'avait pas le temps d'aller nous promener. Or à côté de la pâtisserie vivait une voisine, une vieille demoiselle qui, tous les jours, depuis que j'ai commencé à marcher, avec mon frère qui avait 2 ans et demi de plus, nous emmenait nous promener. Et tous les jours, on passait devant l'église Saint-Gilles, et tous les jours cette demoiselle rentrait dans l'église faire ses dévotions. Étant avec elle, nous rentrions avec elle. Elle faisait son chemin de Croix, récitait son chapelet. Alors, temps en temps, on trouvait le temps long et mon frère se dissipait. Elle se retournait vers nous puis nous disait : ‘' Mes enfants ! Mais priez donc votre maman du ciel ‘' elle nous montrait alors son chapelet : ‘' Voyez-vous c'est comme ça qu'on fait''. Elle nous apprenait ainsi à dire les Je vous salue Marie et c'est comme cela que j'ai appris à aimer la Sainte Vierge. ‘'
Pourquoi Notre Dame était-elle venue en France et spécialement à l'Ile Bouchard ? Le déroulement des événements qui se passaient en France à cette époque a été confirmé par une lettre que le père Vernet a reçu le Ier novembre 1979 d'un officier de police venu rencontrer le chanoine Ségelle, curé de l'Ile bouchard une semaine après les apparitions.
‘'Le gouvernement était affolé. Nous savions avec certitude que ça devait sauter et que nous n'avions pas les moyens d'arrêter ça. Nous n'arrivions pas à comprendre pourquoi ça n'a pas sauté'' Et quand monsieur le curé eut tout raconté cet officier lui dit : ‘'La France ignore qu'elle a été sauvée par la prière de ces quatre gosses'' et Jacqueline Aubry de préciser ‘'La France a été sauvé de cette guerre civile le vendredi 12 décembre ce qui explique l'auréole lumineuse de la tête de la Vierge et on a pu lire en entier le mot ‘'Magnificat'' car la Vierge avait baissé ses mains''.
Jacqueline a raconté comment elle a été amenée à se rendre dans l'église Saint Gilles devant laquelle elle passait tous les jours pour se rendre à l'école.
‘'Je vous ai déjà dit combien j'aimais la Sainte Vierge. De temps en temps, j'allais lui dire un petit ‘'Je vous salue Marie''. Mais ce jour-là je pensais à ce que la chère sœur nous avait dit : ‘' Je m'adresse alors à Jeannette et à Nicole :'' Vous voulez bien rentrer dans l'église. La chère sœur nous a demandé de prier la Sainte Vierge pour la France ! ‘' .‘' Oui, oui, oui! On veut bien ! '' Alors nous voilà toutes les trois entrées dans l'église et comme j'en avais l'habitude, je les entraîne vers l'autel de la Sainte Vierge.''
Elles entrèrent par l'antique portail qu'avait dû emprunter quelques siècles auparavant Jeanne d'Arc, patronne secondaire de la France, sur la route de Chinon et avait dû prier pour la France avant de rencontrer le ‘' gentil dauphin''. Ecoutons le récit de Jacqueline : ‘' On prit de l'eau bénite dans le bénitier, on fit le signe de croix et la génuflexion, puis on alla tout de suite à gauche par la nef. En passant devant la statue de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, on s'arrêta devant elle et, debout, on récita un Je vous salue Marie, on s'avança devant l'autel de la Vierge. On s'agenouilla à droite, (de l'autel) etc….''
Image de l'autel de la Vierge à l'Île Bouchard au moment des apparitions
Comme Notre Dame a dû être heureuse à cet instant : 3 petites filles vont à l'église prier pour la France. Avant de s'adresser à Notre Dame, patronne principale de la France, elles prient sa patronne secondaire. Et Notre Dame, après les avoir ravies par sa simple présence, va les charger d'une mission concernant la France, mission qu'elles vont remplir fidèlement.
Jacqueline poursuit : ‘' Terminant une dizaine de chapelet, je vis tout à coup, entre le vitrail et l'autel, une grande lumière vive et non éblouissante au milieu de laquelle apparut une belle Dame se tenant dans une grotte et ayant à sa droite un ange ‘' Notre Dame réserve ainsi la primauté de son apparition à Jacqueline qui recevra quelques jours après une bénédiction particulière de Notre Dame. Notre Dame apparait entre le vitrail de Notre Dame de Lourdes et l'autel de l'Eucharistie comme le montre le dessin illustrant cette publication.
Après avoir averti Nicole de ce quelle voyait, c'est autour de la petite Jeannette qui entendant parler sa sœur et sa cousine ‘' …Elle lève la tête, s'assoit et joint les mains et dit alors : ''Oh ! le beau ange, Oh ! le beau ange !'' Avec la Dame, il y avait en effet un ange. Alors, instinctivement, nous nous sommes rapprochées toutes les trois ; nos cœur battaient fort, c'était tellement beau !''….'' La peur nous prenant, nous partons. En sortant, Jeannette se retournera et dira avec joie : ‘' Elle y est encore'' L'horloge au-dessus du portail d'entrée marque 1 heure 10.
‘' Venez voir la belle Dame qui est dans l'église''. En sortant de l'église, Jaqueline interpelle les sœurs Croizon, Sergine (13 ans ) et Laura (8 ans). Laura se précipite et depuis la statue de sainte Thérèse aperçoit la belle Dame ‘' Elle nous attend ‘' dira Laura, mais sa grande sœur ne la voit pas. Les enfants se sont placés en biais vers l'angle Nord-Est et Jaqueline commence une dizaine de chapelet. ‘' La belle Dame prie avec nous ‘' dira Jaqueline et Sergine s'unira au chapelet. 4 voyantes et 5 priantes en ce début d'après-midi. 6 jours plus tard, ils seront plus de 2000.
Cette prière de la belle Dame qui s'associe à celle commencée par Jacqueline, se voit par ses lèvres qui remuent en silence et ses doigts qui égrènent le chapelet qu'Elle tient dans ses mains. Elle s'arrête de remuer ses lèvres au moment où les enfants récitent ‘' Sainte Marie…..'' . Notre Dame est heureuse de contempler ces enfants qui redisent les paroles de l'ange de l'Annonciation et les paroles typiques du mystère de l'incarnation contenu dans cette première partie de l'Ave Maria. Elle leur sourit, tout particulièrement à Jeannette. La seconde partie de l'Ave Marie ne concerne que nous-même et la demande d'une heureuse issue à notre vie d'ici-bas. Les enfants ne savent pas encore que l'ange avec un genou en terre est cet envoyé de Dieu. Ils n'ont pas réalisé non plus que cet ange est placé tout contre un médaillon disposé sous le vitrail représentant l'apparition du 25 mars 1858 à Lourdes. Notre Dame a planté le décor et souligne ce mystère de l'Incarnation par cette disposition dans cet endroit précis ; le lendemain Elle placera l'ange du côté de l'autel et fera en sorte que la grotte englobe le tabernacle. Et lorsqu'Elle demandera que l'on reproduise la grotte, Elle précisera qu'il faudra laisser l'autel à sa place. Pour l'instant, la belle Dame et tout le reste disparaissent ‘' dans une poussière de lumière ‘'
L'heure avance : Sergine presse le groupe en disant'' Allez-venez : c'est peut-être le diable ‘' et Laura d'ajouter : ‘' Elle ne va peut-être plus revenir''
Jaqueline et sa petite sœur passent à la maison en allant à l'école : ‘' Maman, on a vu une belle Dame''. Me Aubry pense à une histoire de gosses et ne les croit pas. Leur voisine, par contre, la vieille demoiselle qui parlait à leur Maman du ciel, Mlle Grandin, fut interloquée et leur dit ‘' Oh ! mes enfants ‘'. Sans doute faisait-elle partie des ‘'personnes pieuses ‘' de cette ville qui ont justifié la venue sur place de Notre Dame comme Elle le précisera un peu plus tard.
‘' …La cour de récréation était gardée par sœur Marie de l'Enfant Jésus. … En courant vers la sœur, je me suis dit : ‘' Mais cette Dame, c'est la sainte Vierge !'' Alors je m'approche d'elle et lui dit : ‘' Chère sœur, chère sœur, j'ai vu une belle Dame dans l'église, j'ai vu la sainte Vierge.'' Oh ! me dit-elle, ma petite enfant, ne dis jamais une chose pareille !'' Nous verrons plus tard la position de la religieuse et la justification de sa réponse.
Sergine avait déjà parlé à tout le monde de ce qui s'était passé et Jaqueline avait confirmé le fait à Monsieur le curé ‘' Tu as vu trouble à travers tes grandes lunettes'' lui a t- il répondu en faisant entrer les 4 enfants dans une classe. ‘' …Vous allez travailler et on en parle plus ! c'est fini ''. La directrice et le chanoine Ségelle, le curé de l'Île Bouchard, font sortir les enfants de la classe en les interrogeant séparément. Les récits concordent. C'est alors que le signal de la rentrée est donné. Jaqueline va trouver la supérieure, et lui dit : ‘' Oh chère sœur, si vous saviez comme la Dame était belle ! ‘' et sœur Saint-Léon de répondre : ‘' Ah ben ! à ta place, si elle était aussi belle que cela, je serais restée à l'église ‘' et Jaqueline de penser : ‘' Moi, j'ai pris cette réplique de la sœur comme une permission ‘' ; Elle dit aux autres voyantes : ‘' Venez, la chère sœur veut bien qu'on reste à l'église ‘' Sur place, Notre Dame et l'ange sont déjà là. ‘' Elle nous attend '' dira Laura, Elle leur sourit, leur fait signe avec l'index de s'approcher puis soudain prend un air très triste et leur dit : ‘' Dites aux petits enfants de prier pour la France, elle en a grand besoin.'' , marquant un temps d'arrêt après le mot ‘'France''. ‘' On ne l'a pas vu pleurer, non, mais Elle était toute triste ‘'.
A la demande de Jacqueline, qui avait l'habitude de passer par sa petite sœur pour faire ses demandes à sa mère, Jeannette et Laura interrogent alors la Dame au sujet de sa personne et celle de l'ange. ‘' Oui, je suis votre maman du Ciel,'' en élevant ses beaux yeux bleus en prononçant le mot ‘'ciel ‘' et l'ange en se tournant vers les enfants dira ‘' Je suis l'ange Gabriel''. Notre Dame fait signe aux enfants de s'approcher encore plus près, puis à Jaqueline de lui donner sa main. Elle y dépose un baiser ainsi qu'aux autres voyants. Pour les deux plus petites, Jaqueline les soulèvera sans effort pour les présenter au visage de leur maman du ciel. La trace sur le dos des doigts, un oval blanc lumineux, s'estompera hélas peu à peu sur le chemin de l'école, mais les enfants ont senti le contact des lèvres de Marie : ‘' et la douceur de la peau, et la tiédeur des lèvres de la Dame'', comme pour annoncer à l'avance le dogme de l'assomption que le pape Pie XII prononcera 3 ans plus tard : Marie est montée au Ciel, en Corps et en âme. Juste après, Notre Dame leur dit : ‘' Revenez ce soit à cinq heures et demain à une heure'', puis l'apparition disparait pour la seconde fois, dans ‘'une poussière d'argent ‘'. A Pontmain Elle avait dit ‘' Mais priiez mes enfants, Mon Fils vous exaucera en peu de temps''. A l'Ile Bouchard, Notre Dame veut que les petits enfant prient et Elle charge les 4 fillettes de leur faire savoir. Et dans cette école libre tenue par des religieuses, les autorités sauront comprendre l'importance de cette demande et la satisferont. A Fatima, la petite Lucie avait été désignée par Dieu pour répandre dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. 100 ans plus tard, chacun peut constater le résultat.
L'accueil à l'école, avec un quart d'heure de retard, fut ‘'froid ‘' dira Jaqueline. Mais sœur Saint-Léon qui s'était entretenue avec sœur Marie de l'Enfant Jésus, commençait à être ébranlée et peu avant la sortie de l'école, fit rédiger à Nicole et Jacqueline ce qu'elles avaient vu et entendu à l'église, ce qui fut le premier récit écrit de ces apparitions. Des écrits ultérieurs apporteront des précisions, notamment la première inscription sur la pierre sur laquelle se tenait la sainte Vierge, qui reprenait intégralement celle de la médaille miraculeuse.
Au rendez-vous à l'église fixé par Notre Dame à 17 heures, Jacqueline se trouva seule. Notre Dame n'apparut brusquement que vers la fin du chapelet récité par le curé. Tout en gardant le silence, Elle fait signe d'approcher à Jacqueline qui se trouvait au second rang. Mais au regard en arrière, interrogatif, vers sœur Saint-Léon, cette dernière répondit en lui faisant ‘' les gros yeux''. En regardant de nouveau en face, Jaqueline s'aperçu que Notre Dame et l'ange avaient disparus. Elle entendit alors la clochette annonçant l'arrivée du prêtre portant l'ostensoir. L'apparition se manifesta de nouveau lorsque le prêtre entonna ‘' Ô Marie conçue sans péché, priez pour la France ‘'. La sœur conduisit alors ses écolières vers la sortie de l'église, puis revient vers Jacqueline qui lui dit : ‘' Chère sœur, la Dame est là, Elle nous regarde. Que faut-il faire ?'' La sœur commença des ‘' je vous salue Marie'' mais était tellement décontenancé qu'elle n'arrivait pas à les terminer. Brusquement, toute l'apparition disparut dans un nuage de poussière de lumière : ce fut la dernière fois de la journée.
Belle double démonstration de la part de Notre Dame qui a voulu, sans paroles, nous rappeler d'une part la présence réelle de son Fils dans l'Eucharistie (A Fatima, Elle avait chargé l'ange, à se dernière apparition, a le rappeler textuellement) et d'autre part son humilité, en laissant à son Fils toute la place, alors qu'Il était sur l'autel qui était dédié à sa Mère. Ce soir, le curé est ébranlé, dira Jacqueline : ‘' Une enfant ne peut pas inventer cela''
Ô Marie conçue sans péché, priez pour la France