Nous ne sommes pas seuls à aspirer à l’union à Dieu
On se souvient peut-être du sentiment poignant d’isolement et d’abandon exprimé par Elie le prophète quand il fuyait pour sauver sa vie menacée par le roi Achab et l’impie Jézabel (1 R 19, 1 ss.). L’apôtre Paul, qui y fait allusion, relit l’événement dans une autre lumière :
« ignorez-vous ce que dit l'Ecriture à propos d'Elie, quand il s'entretient avec Dieu pour accuser Israël: Seigneur, ils ont [abandonné ton alliance] tué tes prophètes, rasé tes autels, et moi je suis resté seul et ils en veulent à ma vie! Eh bien, que lui répond l'oracle divin? Je me suis réservé sept mille hommes qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal. De même, au temps présent, il y a un reste, élu par grâce. (Rm 11, 2-5).
L’épisode et l’enseignement qu’en tire S. Paul peut s’appliquer, par analogie à chacun(e) d’entre nous, qui nous sentons trop souvent isolés dans la pratique de notre vie intérieure, tant il est rare que nous ayons l’occasion d’échanger avec d’autres fidèles à son propos.
Il serait aussi vain qu’irréaliste de nier que rarissimes sons ceux et celles qui osent parler de leurs expériences spirituelles. Et le pire c’est qu’ils croient bien faire. On les a tellement mis en garde sur la nécessité de garder secrètes les grâces divines, qu’ils n’osent pas échanger à leur sujet. Bien sûr ceux qui recommandent le silence sur les faveurs divines ont de bonnes raisons de le faire, et en particulier le souci que ne soit exposé à la dérision le don de Dieu par des fidèles exaltés ou vantards qui croient avoir atteint les sommets des voies mystiques à la moindre effusion spirituelle, réelle ou supposée. Il est bien évident qu’il ne faut pas, comme dit l’Ecriture, « jeter ses perles devant les porcs, de crainte qu'ils ne les piétinent, puis se retournent contre vous pour vous déchirer » (Mt 7, 6). Toutefois, garder un silence craintif sur les consolations divines, revient souvent à cacher indûment la gloire et la miséricorde de Dieu et à empêcher nos coreligionnaires de « goûter et d’éprouver comme est bon le Seigneur » (cf. Ps 34, 9).
Autre écueil, et non des moindres : parler de choses spirituelles n’est hélas pas de saison dans de trop nombreux milieux chrétiens, de nos jours. La grande Thérèse se plaignait déjà qu’il en était ainsi dans les couvent, et elle recommandait, au contraire, à ses religieuses de s’entretenir des faveurs divines avec des âmes pieuses.
On se fût attendu à ce que, à l’ère d’Internet et des réseaux interconnectés, les échanges sur ce sujet soient facilités, voire qu’ils prolifèrent. Ce n’est hélas pas le cas. Il n’est pas facile de savoir pourquoi. Sauf erreur, il n’existe même pas de ‘collectif’ d’accueil pour permettre à celles et ceux qui ont expérimenté la suavité de l’amour du Seigneur et souhaitent partager leur expérience et s’encourager mutuellement à s’engager plus avant dans la vie intérieure et s’initier à l’oraison de contemplation.
Cet état des lieux est sans doute imparfait, voire par trop pessimiste. Son auteur ne demande pas mieux que d’être détrompé. Vos commentaires sont donc les bienvenus. Merci.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6