S'unir au Saint-Esprit

Instruction publique dans la chapelle des Religieux du Saint Sacrement de Paris
14 juin 1867
À compter du mois d'avril 1867, la communauté a été transférée dans un ancien pensionnat, au 112 boulevard Montparnasse. C'est là, dans une salle aménagée en chapelle, que le P. Eymard donnait ses prédications, en fin d'après-midi, au moment du salut du saint Sacrement, et cela jusqu'au bout (deux semaines environ avant sa mort, le 1er août 1868).

Notes prises par le Père Albert Tesnière.

Publié dans Pierre-Julien Eymard, Écrits spirituels, vol. 2 : La vie chrétienne et l'Eucharistie, Paris, Montréal, Bruxelles, Librairie eucharistique, 1953, p. 78 (adaptation libre).

L'opérateur divin

Vendredi 14 juin 1867

”Et Spiritus Sanctus superveniet in te” – L'Esprit Saint viendra sur toi. [Lc 1,35].

Ce qui arriva en Marie lors de l'Incarnation se reproduit en nous dans la sainte communion. Le Saint-Esprit fut l'opérateur divin de l'Incarnation. Il prépara Marie à devenir mère de Dieu. Il la conserva immaculée, infusa et cultiva en elle toutes les vertus, et quand vint le temps de former et d'animer le corps du Verbe divin, ce fut le Saint-Esprit qui féconda le sein de Marie. Il demeura ensuite en elle pour que les splendeurs du soleil ne l'éblouissent point, il la couvrit de son ombre. Car le Saint-Esprit a une double opération. Il est une colombe et une nuée.

Or nous sommes dans l'octave de la Pentecôte. Écoutez les merveilles du Saint-Esprit dans l'Eucharistie. Le Saint-Esprit sanctifie Marie, sans doute toute la Trinité sanctifie, cependant cette opération s'attribue spécialement au Saint-Esprit. Il l'arma de toutes les vertus. Alors que Marie tremblait d'être engagée à violer son vœu, l'ange lui dit de demeurer en paix, que la vertu d'en haut l'entourerait et que son enfantement, œuvre du Saint-Esprit, serait tout virginal. Remarquez que le Saint-Esprit était déjà en Marie puisqu'elle était pleine de grâce. Comment se fait-il alors que l'on dise : “Le Saint-Esprit surviendra en vous” [Lc 1,35] ? C'est qu'il viendra spécialement pour vous préparer, pour vous fortifier, vous, faible créature à ce mystère de toute-puissance ; faible, que craindrez-vous quand vous aurez en vous Dieu lui-même pour recevoir Dieu ? Car l'ange ne vint chez Marie que pour solliciter son consentement puis il se retira. Il n'était pas digne de recevoir un Dieu. Et ce fut le Saint-Esprit qui reçut le Verbe divin dont il procède et qui lui donna sa nature humaine.

S. Pierre-Julien Eymard (PP 31,1a)

Photo : Marie et les apôtres lors de la Pentecôte
Vitrail de l'église Sainte-Clotilde, Paris
© Pascal Deloche / Godong