Noël & l'Eucharistie – De Bethléem au pain de vie - 4/5
Prédication générale de S. Pierre-Julien Eymard de février 1865,
publiée dans la revue Le Très-Saint Sacrement, Ire année (1864-1865).
Une note de l'éditeur précise à la première page :
“Quoique cet article nous soit arrivé de Rome beaucoup trop tard pour être publié avant Noël, nous n'avons pas cru devoir en priver nos lecteurs.”
Le Père Eymard, en février 1865, était en effet à Rome pour l'affaire du Cénacle de Jérusalem (voir les lettres de cette époque et la Grande retraite de Rome qui sera publiée ici, à partir de janvier 2022).
De Bethléem au pain de vie
Voilà bien la Noël, où est l'Eucharistie ? Elle brille de tout son éclat ; admirez-en les splendeurs. Le Verbe s'est fait chair pour souffrir, devenir la victime de propitiation, et nous donner en nourriture cette même chair, immolée sur la croix, ressuscitée dans sa puissance et vivante dans sa gloire. À Bethléem il sème ce grain de froment, ce froment des élus, afin qu'il germe dans l'humilité, croisse dans l'obéissance et mûrisse au feu de l'amour du Calvaire. Il a dit : “Si le grain de froment tombant dans la terre ne meurt pas, il restera stérile ; mais s'il meurt, il portera beaucoup de fruits.” [cf. Jn 12,24] Le voilà donc semé ce petit grain de froment. Attendez, et vous verrez la bénédiction d'Isaac accomplie devenir comme un champ fertile, qui embaume au loin par sa suave et bienfaisante odeur. Mais auparavant, celui qui porte l'univers sera faible et brisé comme la paille qui lui sert de couchette et dont il semble aujourd'hui remplacer le grain absent. La souffrance et la persécution l'accueilleront dès son entrée dans le monde. Sa mère l'emportera fugitif jusqu'en Égypte [cf. Mt 2,14], ce pays du froment miraculeux de Joseph [cf. Gn 41,49]. Elle nous préparera ensuite ce pain de vie dans l'obscure bourgade de Nazareth, où il croîtra, ignoré, à l'ombre de son amour, jusqu'à ce que le moment de la moisson arrive, de cette moisson révélée, à Samarie, au puits de Jacob [cf. Jn 4,5-26] ; jusqu'à ce que le Cénacle s'ouvre à la pâque eucharistique. Le froment de Bethléem sera mûr alors ; et Jésus, prenant du pain dans ses mains saintes et vénérables, le bénira, rendra grâces à son Père, le donnera à ses disciples en disant : “Prenez et mangez ; ceci est mon corps, qui sera livré pour vous.” [cf. Lc 22,19] Et les disciples mangeront ce pain si nouveau.
Chantons donc Noël comme nos vieux pères ; aimons encore cette gracieuse étable devenue le rendez-vous du ciel et de la terre.
Faisons renaître le divin enfant dans notre amour, afin de lui renouveler les premiers hommages de sa crèche. L'amour aime à redire ses sentiments, et Dieu lui-même se complaît dans l'hommage rendu à ses bienfaits.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 252,4)
Image : L'adoration des bergers - Giotto di Bandone - Cappella degli Scrovegni - Padoue
J O Y E U X N O Ë L ! ! !
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6