La vertu fait le chrétien – 2/4 : De la vertu (suite)
Prédication générale publiée dans la Revue Le Très-Saint Sacrement à titre posthume,
en 1893, d'après un autographe du Père Eymard.
La vertu fait le chrétien
De la vertu (suite)
Il faut donc avant tout prier pour obtenir la grâce de telle vertu – pour combattre il faut avoir des armes et les armes spirituelles ne viennent que de Dieu.
Il faut ensuite étudier, méditer la vertu que l'on veut acquérir, car l'on n'aime que ce que l'on estime et l'estime suit la connaissance, et la vraie connaissance n'est que dans la foi.
Interrogez alors ce que la foi vous apprend de telle vertu, ce que Dieu en a dit. Voyez-la en action en Notre Seigneur, votre bon Maître ; contemplez-la au ciel dans la gloire dont Dieu la couronne, et alors vous la connaîtrez dans l'excellence de sa nature, dans sa vérité pratique et enfin dans son mérite éternel.
Faites surtout au commencement beaucoup d'actes intérieurs sur cette vertu, d'admiration, de désir, d'amour ; demandez-la avec ferveur et constance pendant huit à quinze jours ; faites-en votre pensée dominante et unique. Si vous suivez cette marche, bientôt vous la naturaliserez en votre esprit ; l'esprit entraîne facilement le cœur et le cœur c'est la vie.
Pendant ces huit jours, ne lisez, ne méditez que ce qui regarde cette vertu ; qu'elle soit la grande intention de vos prières et de vos communions ; ne vous inquiétez pas de vos autres défauts, ni des autres vertus. Tout sera entraîné vers le bien par cette vertu reine.
C'est là le moyen infaillible et nécessaire pour arriver en peu de temps à l'habitude d'une vertu, à la rendre naturelle en quelque sorte. Pendant ce temps la transformation se fait en nos facultés ; c'est comme une germination, une floraison, sous l'unité de pensées et d'actions.
C'est parce qu'on ne suit pas cette méthode que l'on ne réussit jamais à acquérir l'habitude d'une vertu ; on en fait des actes isolés, mais on ne lui donne pas le temps de prendre racine : c'est une fleur coupée sur sa tige et qui perd vite sa beauté sans sève.
Ainsi, on n'arrive jamais à rien de solide ; bien par sa faute, parce qu'on ne veut pas se donner un peu de peine, d'attention au commencement.
S. Pierre-Julien Eymard (PG 266,1b)
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6