Œuvre de la Première communion des ouvriers
Publié en août 1864 dans la revue Le Très-Saint Sacrement, 1re année (1864-1865), n° 2 p. 60-68.
« C'est grâce à l'Œuvre de la Première communion des adultes que le P. Eymard avait obtenu le 13 mai 1856 l'approbation de sa Société, lors de son entrevue avec Mgr M.-D. Sibour, archevêque de Paris. Dès le début, il chercha à créer cette œuvre. Mais c'est à partir d'avril 1858, où il installe sa communauté au 68 rue du Faubourg Saint-Jacques, qu'il va la développer avec l'aide de laïcs. Le récit savoureux qu'il fait des débuts de l'œuvre et de sa croissance met en relief la situation des “enfants pauvres de Paris” confrontés aux dures conditions de travail de l'époque et l'abandon religieux de “ce Paris de la misère et de l'indifférence”. – “Paris a son côté de missions étrangères”, note-t-il avec beaucoup d'à-propos. »
Introduction : Le Père Eymard, provincial mariste à Lyon, lors de la Révolution de 1848
« Que le P. Eymard n'ait pas voulu troubler ses sœurs, toujours inquiètes de nature, » dans sa correspondance avec elles, habitantes de sa petite ville natale, La Mure d'Isère,
« on le conçoit. Mais à Lyon, c'était l'insécurité. On licenciera les élèves du grand séminaire. Le décret du 13 mars 1848 du Gouvernement provisoire qui supprimait les congrégations religieuses provoqua la fermeture du noviciat (mariste) de La Favorite et la dispersion de la plupart des religieux de Puylata. Le P. Eymard resta avec quelques confrères.
C'est dans ce contexte d'effervescence sociale et de lutte anticléricale qu'il faut situer un événement qui aurait pu être dramatique pour le P. Eymard, mais qui se termina bien. Il se trouva un jour en présence d'une bande d'émeutiers et voici qu'on se mit à crier : « Comment, ici un calotin ! » D'aucun d'enchaîner : « Le prêtre au Rhône ! » Pourtant, quelqu'un le reconnaît : « Mais c'est le P. Eymard ! » On passe de la haine farouche à l'admiration : « Oh ! non, celui-là fait trop de bien dans notre ville ! » On le ramène en triomphe jusqu'à son couvent aux cris de « Vive le P. Eymard ! » Pour manifester enfin qu'il était bien de leur bord, les ouvriers hissent le drapeau tricolore sur la façade de la maison ! »
André Guitton
in L'Apôtre de l'Eucharistie – Biographie de saint Pierre-Julien Eymard
Expériences lyonnaises et appels du monde, p. 81.
Éditions Nouvelle Cité, 2012
Construite vers 1840 sur les pentes de la Croix-Rousse, à Lyon, la Cour des Voraces est l'exemple emblématique de l'architecture populaire dite ”canuse”, liée à l'industrie de la soie. Son nom vient d'un groupe d'ouvriers canuts nommés les Voraces, qui s'illustrèrent par leurs insurrections républicaines de 1848 et 1849, lors de la révolte des Canuts.
Œuvre de la Première communion des ouvriers
Une œuvre chrétienne manquait à Paris ; c'est l'Œuvre de la Première communion des pauvres ouvriers.
À peine capables de travailler, les enfants pauvres de Paris sont placés dans les fabriques pour y gagner quelques sous d'abord, puis 10, puis 1 franc ; et cela aide à avoir un peu de pain pour sa pauvre famille, et à payer les 40 sous de loyer par semaine. S'il n'y a pas de place dans les fabriques de boutons, de papier, etc., l'enfant, avec sa petite hotte, part le matin ou le soir, et va chiffonner dans la ville.
Que de centaines d'enfants en sont là dans Paris ! Semblables à des plantes étiolées qui manquent d'air et de terre, ces pauvres enfants portent sur leur visage la preuve de leurs privations.
Si du moins la vie religieuse compensait la misère de la vie du corps ! Mais, hélas ! elle est encore plus déplorable. Le petit ouvrier ne va pas à l'église apprendre à connaître, à aimer et à servir Dieu ; ses parents ne lui en parlent pas, ils ont été élevés ainsi, ou bien l'indigence les rend honteux et les abrutit.
Car Paris a son côté de missions étrangères, sa population nomade, sans autre religion que le culte des morts. Ici, que d'enfants n'ont pas reçu le saint baptême ! On ne connaît ni pasteur ni église. Que d'unions illégitimes et inconstantes ! Et quel fruit religieux peut-il en sortir ? Non, rien ne ressemble à ce Paris de la misère et de l'indifférence !
De là, combien de jeunes ouvriers vont grandir sans faire la première communion ! Or, un jeune homme qui n'a pas fait sa première communion est un être livré à la première erreur venue.
Puis, on contracte un mariage sans sacrement, parce qu'on n'a pas fait sa première communion. Que deviendra une semblable alliance ? Que deviendra ce jeune homme sans principes religieux, sans foi comme sans amour de Dieu ? Il deviendra un libertin, un voleur, un révolutionnaire. Que devient un vaisseau sans voiles et sans gouvernail ?
S. Pierre-Julien Eymard (PG 243,1)
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Image : Cases de la BD de 1982, Éditions Univers Media :
Pierre-Julien Eymard — quand l'Eucharistie devient vie.
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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6