La Conversion de St Augustin, de Fra Angelico

Extrait de saint Augustin

Il vient au plus bel endroit de sa vie, et parle de ce qui lui arriva dans sa trente-deuxième année, qui fut celle de sa conversion, jusqu'à ce qui se passa dans ce jardin, où, après de cruelles agitations, qu'il peint d'une manière admirable, il se trouva changé tout d'un coup, et délivré de tout ce qui dans le cœur n'était pas encore défait de ses anciennes attaches.

Seigneur, oubliez les iniquités de ma vie passée car je sentais que c'était ce qui m'accablait. Puis m'adressant à moi-même, je me disais, d'un ton qui marquait bien l'excès de ma douleur :  jusques à quand remettrais-je de jour en jour ? Pourquoi ne sera-ce pas tout à l'heure ? Pourquoi ne me tirerai-je pas dès ce moment de mes ordures et de mes infamies ? Je parlais de la sorte, le cœur percé de douleur, et pleurant amèrement, lorsque j'entendis une voix qui paraissait venir d'une maison voisine.
C'était comme la voix d'une fille ou d'un enfant qui chantait : PRENEZ ET LISEZ ; PRENEZ ET LISEZ, et qui le répétait plusieurs fois.
À cette voix, changeant de visage et retenant le cours de mes larmes, je ne pus croire autre chose, sinon que cette voix venait d'en haut, et qu'elle m'ordonnait d'ouvrir les Épitres de saint Paul, et de lire ce qui se présentait à mes yeux.

Confessions, Saint Augustin, Livre VIII, CHAPITRE XII

Un acte quotidien