Hildegarde de Bingen guérit le corps et l'esprit

Mens sana in corpore sano, dit le vieil adage. Sainte Hildegarde de Bingen, figure lumineuse du Moyen Âge, l’avait parfaitement compris. Dans ses différents ouvrages, elle nous transmet une vision holistique de la santé, où le corps et l'esprit s'entrelacent dans une quête d'harmonie. Convaincue que l’élévation de l’âme passe par le soin du corps, elle fait de la nature une alliée essentielle, exploitant les trésors que Dieu y a déposés. Dans son œuvre *Physica*, elle révèle avec une précision admirable les vertus thérapeutiques des aliments, des plantes et même des pierres, considérant que chacun de ces éléments porte en lui un pouvoir de guérison divinement inscrit.  

Hildegarde prône une alimentation mesurée et consciente, où chaque mets devient une médecine, et magnifie l’épeautre pour ses bienfaits sur le bien-être physique et spirituel. Mais elle ne s’arrête pas là : ses écrits témoignent d’un savoir étendu, où les plantes sont des remèdes subtils pour les maux du corps et les pierres, chargées d’énergies profondes, participent à la restauration de l’âme. À travers cette approche globale, elle nous invite à redécouvrir une harmonie profonde avec la création, où la terre, dans sa générosité infinie, offre à l’homme les clés de sa réconciliation intérieure et de sa pleine santé.

Le respect de ces principes sacrés possède des vertus aussi prophylactiques que guérisseuses. Découvrez dans cet article quelques recettes d’Hildegarde. 

Voici en quelques mots les principes de guérison naturels d’Hildegarde : 

Par les plantes

“Je suis une herbe apaisante. J’habite dans la rosée, dans l’air et dans tout ce qui est vert. Mon cœur est rempli à ras bord et j’apporte de l’aide aux autres. Je relève les cœurs brisés et les ramène à la plénitude. Comme je suis le baume pour chaque douleur avec un regard aimant, j’observe les exigences de la vie et me sens partie prenante de tout.“ Hildegarde de Bingen dans Liber Vitae Meritorum. 

C’est dès l’âge de 8 ans que Hildegarde entre au couvent et qu’elle reçoit une solide éducation en botanique et pharmacologie. Dans son ouvrage Physica, elle répertorie les animaux et les plantes en faisant état de leurs pouvoirs thérapeutiques, et des meilleurs moments pour les cueillir. Dans le Causae et curae, elle livre une synthèse des théories médicales grecques et des remèdes populaires afin de réguler les maux physiques et psychiques, en indiquant les proportions précises de chaque ingrédient pour les remèdes.  

Dans le monastère d’Eibingen qu’elle a fondé, elle commence à cultiver ses plantes médicinales, à préparer des décoctions et des onguents. Ses savoirs lui sont inspirés par le divin, mais elle a étudié les textes disponibles avec précision, n’hésitant pas à consulter des manuscrits anciens, notamment hérités de la tradition hippocratique. Selon cette pensée, la santé résulte de l’équilibre délicat entre le chaud, le froid, le sec et l’humide, que l’on obtient par une alimentation adéquate et des remèdes capables de corriger tout déséquilibre.

La base de l’alimentation et donc de la guérison est constituée par l’épeautre et les pommes. On sait aujourd’hui que la composition de l’épeautre est excellente pour les muscles car riche en oligoéléments. De même, les pommes contiennent de la pectine, qui s’avère excellente contre le cholestérol. 

Par les pierres

L’abbesse manifeste également un vif intérêt pour la lithothérapie, cette pratique qui prête aux pierres et cristaux des vertus curatives. 

L’intérêt de Hildegarde pour les pierres reflète son désir de percevoir la guérison dans une dimension universelle : il s’agit là encore d’un accord entre l’être humain et le cosmos tout entier. Dans cette perspective, les minéraux deviennent des alliés précieux, des relais entre l’homme et le monde divin, contribuant à l’épanouissement de l’âme et au maintien de la santé. 

Pour l’abbesse, les minéraux ne sont pas de simples éléments inertes ; ils possèdent, selon leurs formes, leurs couleurs et leurs compositions, des propriétés susceptibles d’interagir avec l’âme et le corps humain. La lithothérapie, bien que rarement nommée ainsi à son époque, postule que comme chaque élément de la Création les pierres contiennent une parcelle de l'énergie divine, capable de restaurer l'harmonie intérieure. Ces réceptacles de l’énergie divine confèrent à chacune des pierres des propriétés spécifiques en fonction de sa couleur, de sa texture et de sa forme. 

Les minéraux aux teintes bleues, par exemple, auraient un pouvoir apaisant sur l’esprit et favoriseraient la paix intérieure, tandis que ceux aux nuances vertes ou dorées symboliseraient la vitalité et la protection. Les minéraux aux teintes rouges (rubis, grenat) possèdent des propriétés stimulantes et revitalisantes, agissant comme des catalyseurs de force et d’énergie et capables de dynamiser l’esprit. 

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