La nouvellle de la délivrance d'Orléans se répandit au loin, attestant aux yeux de tous la divinité de la mission de Jeanne. La sainte fille, se dérobant à la reconnaissance des Orléanais, retourna précipitamment à Chinon. Elle voulait, profitant de l'enthousiasme soulevé autour d'elle, partir pour Reims immédiatement, entraînant le Roi afin de le faire sacrer. Le Roi l'accueillit avec de grands honneurs, mais refusa de la suivre. Il acceptait le dévouement de cette fille héroïque, mais il entendait que ses efforts généreux ne troublassent en rien la lâche inertie de sa royale existence. Il fut décidé que Jeanne irait attaquer les places que les anglais tenaient encore sur les bords de la Loire.

     Le 11 Juin, les Français occupèrent les faubourgs de Jargeau. Le lendemain, à la première heure, Jeanne donna le signal du combat. Le duc d'Alençon voulait retarder l'assault : "Avant, gentil duc, à l'assault! ne doutez point, c'est l'heure quand il plaît à Dieu; travaillez, et Dieu travaillera". Elle-même monta à l'échelle; elle fut renversée par une pierre qui la frappa à la tête. Mais elle se releva, criant à ses gens : "Amis, sus! sus! Notre sire a condamné les anglais; ils sont nôtres à cette heure; ayez bon courage!". Les remparts furent escaladés. Les anglais, poursuivis jusque sur le pont de la ville, furent pris ou tués. Suffolk fut fait prisonnier. Le 15, les Français se rendirent maîtres du pont de Meung; le 16, ils mirent le siège devant Beaugency; le 17, la ville capitula.

     Le 18 Juin, Jeanne atteignit, près de Patay, l'armée anglaise conduite par Talbot et Falstaff. "En nom Dieu il faut les combattre, dit-elle; quand ils seraient pendus aux nues, noous les aurons, parce que Dieu nous les envoie pour que nous les châtiions. Notre gentil Roi aura aujourd'hui la plus grande victoire qu'il eut". Elle voulait se porter à l'avant-garde, on la retint, et la Hire fut chargé d'attaquer les anglais pour les obliger à faire volte-face, afin de donner aux troupes françaises le temps d'arriver. Mais l'attaque de la Hire fut si impétueuse que tout céda devant lui. Lorsque Jeanne accourut avec ses hommes d'armes, les anglais se retiraient en désordre. Leur retraite devint une fuite. Talbot fut pris.

 

"Je sais que la grandeur de l'homme est sa fidélité"(*)

Ste Jeanne d'Arc est pour nous l'exemple même de la fidélité à la parole donnée, à l'engagement pris et au don de soi. Elle reste fidéle à sa mission divine et au Roi. Ayant pris Orléans, elle pense conduire le dauphin à Reims, le faire sacrer et ainsi retourner vivre auprès de ses parents. Le dauphin refuse et lui demande de poursuivre le combat. Elle accepte humblement et avec confiance. Elle ne se révolte pas, ne doute pas et n'abandonne pas. Cet imprévu, cette nouvelle épreuve que Dieu met sur sa route, elle les accepte et en fait une preuve d'amour et de sainteté.

 

"Travaillez et Dieu travaillera"

Jeanne le sait, la victoire aime l'effort et rien ne se fait et ne s'accomplit sans sacrifice, surtout pas la sainteté. Le Sacrifice sanglant de la Croix nous le rappelle à chaque messe. Jeanne se porte une fois encore à la tête de ses hommes d'armes, de ses officiers et les conduit à la victoire. Elle place toutes ses décisions, ses actions et ses faits d'armes sous le regard de Dieu et lui rend grâce en assistant quotidiennement à la messe.

 

(*) céremonial guide aînée SUF de la parole de feu.