Chant final: "Puisque tu fais miséricorde" par la Communauté de l'Emmanuel

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait :
« Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites,
parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux :
à l’extérieur ils ont une belle apparence,
mais l’intérieur est rempli d’ossements
et de toutes sortes de choses impures.
C’est ainsi que vous, à l’extérieur,
pour les gens, vous avez l’apparence d’hommes justes,
mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.
Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites,
parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes,
vous décorez les tombeaux des justes,
et vous dites :
“Si nous avions vécu à l’époque de nos pères,
nous n’aurions pas été leurs complices
pour verser le sang des prophètes.”
Ainsi, vous témoignez contre vous-mêmes :
vous êtes bien les fils de ceux qui ont assassiné les prophètes.
Vous donc, mettez le comble à la mesure de vos pères ! »
Source : AELF

Méditation Père Michel Quesnel

Il était courant chez les Juifs, au 1er siècle de notre ère, de blanchir le dessus des tombeaux à la chaux, pour qu’ils soient bien visibles et qu’on puisse éviter de mettre le pied dessus. Si on l’avait, même par mégarde, touché du pied, on aurait contracté une impureté, puisqu’un cadavre était impur, ainsi que tout ce qui le touchait de près. C’est à de tels tombeaux que Jésus compare les scribes et les pharisiens hypocrites : propres et nets à l’extérieur mais, à l’intérieur, remplis de chairs et d’os en décomposition rongés par les vers.

Plus haut dans l’évangile de Matthieu, Jésus avait déjà déclaré à des scribes et des pharisiens qui avaient essayé de prendre en défaut son enseignement : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur. Mais c’est ce qui sort de la bouche qui rend l’homme impur. » Car « ce qui sort de la bouche provient du cœur » (Mt 15, 11 et 18).

Poursuivant son propos sur les tombeaux, Jésus accuse ensuite les scribes et les pharisiens de bâtir pour les prophètes de somptueux mausolées. On peut encore en voir quelques-uns dans le village de Siloé, la tombe de Zacharie, par exemple. Bâtir un tombeau pour une personne décédée depuis longtemps, c’est la tuer une deuxième fois. Je donne l’illusion de l’avoir en estime et de faire grand cas de ses paroles ; mais en fait, je la transforme en monument et je la fais taire. En termes plus triviaux, on dirait : je la récupère.

C’est toute l’ambiguïté du geste qui consiste à dresser des statues : celui que nous figeons dans la pierre ou dans le bronze, sous prétexte de l’honorer, devient moins dérangeant que les paroles qu’il a prononcées. Préserve-nous de l’hypocrisie, Seigneur.