DU DÉGOÛT ET DU GÂCHIS À LA VÉRITÉ QUI VIENT DE L'INFINI

Image de la publication

Fondateur de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier, le père Louis-Marie de Blignières en est aussi le prieur (il l'a été de sa création, en 1979, jusqu'en 2011, puis de nouveau à partir de 2017). De sensibilité traditionnaliste et dominicaine, il a connu une période d'athéisme liée à une désillusion profonde, avant de retrouver le chemin de la foi via les Exercices Spirituels de Saint Ignace, et de se mettre à la suite de Mgr Lefebvre, qui l'ordonne prêtre en 1977, et la Fraternité Saint-Pie X, puis de rejoindre l'Église en pleine communion. Diplômé en mathématiques, physique et astrophysique, il a publié de nombreux ouvrages religieux, certains d'entre eux ayant été préfacés par des personnalités connues telles que le cardinal Robert Sarah, et Mgr David Macaire.


MA CONVERSION

 « J'ai vécu une période d'athéisme. Des circonstances politiques et ecclésiales ont joué un important rôle de déclencheur, cependant mon rejet de Dieu, du Christ et de l'Église était le fruit coupable d'une révolte métaphysique délibérée. Cette période noire s'est étendue de 1965 à 1970. Dans les derniers mois de ce triste « voyage au bout de la nuit », où j'avais étudié diverses religions comme le bouddhisme et l'islam, j'ai expérimenté la grâce d'un profond dégoût de mon existence sans finalité claire. Cet écœurement d'un monde qui me paraissait absurde a été une miséricordieuse « empreinte en creux » de Dieu dans une âme qui l'avait fui délibérément.

Des amis étudiants catholiques avec lesquels je collaborais dans un groupe pour les vraies libertés universitaires, m'ont proposé de suivre dans une abbaye, durant la Semaine Sainte de l'année 1970, les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Las d'une existence absurde, soutenu par la solide amitié qui nous liait dans un combat antimarxiste et anti-technocratique pour l'ordre naturel, j'ai accepté. J'ai donc suivi cette retraite, en m'efforçant de faire loyalement ce que l'on me demandait en fait de gestes religieux et de méditations. J'ai alors expérimenté la part de vérité d'un conseil de Blaise Pascal « en faisant tout comme si je croyais » (Pensées, Brunschvicg, n° 233), tant je souhaitais sortir du trouble des passions, de la nuit de la révolte et du cauchemar du non-sens.

J'ai été marqué par le prédicateur, un religieux au recueillement impressionnant, qui accordait une grande importance à la raison et à la philosophie. Il affirmait tranquillement, à la suite du magistère de l'Église catholique, que l'on pouvait montrer par la raison naturelle l'existence de Dieu – ce que j'avais attendu vainement des jésuites de l'école Sainte-Geneviève trois ans auparavant !

Le Principe et fondement ouvre de façon inoubliable la retraite, totalement en silence :

L'homme est créé pour louer Dieu, notre Seigneur, lui rendre révérence et le servir, et, moyennant cela, sauver son âme. Et les autres choses, sur la face de la terre, ont été créées pour l'homme, et pour qu'elles l'aident dans la poursuite de la fin pour laquelle il a été créé. D'où il suit que l'homme doit faire usage de ces choses autant qu'elles l'aident à poursuivre sa fin, et qu'il doit s'en défaire autant qu'elles l'en empêchent. Pour cela, il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les choses créés, en tout ce qui est concédé à la liberté de notre libre arbitre et ne lui est pas défendu ; en telle manière que nous ne voulions, de notre part, pas plus santé que maladie, richesse que pauvreté, honneur que déshonneur, vie longue que courte, et ainsi en tout le reste ; désirant et choisissant seulement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous avons été créés.

Le déroulement des Exercices m'a paru profondément cohérent. Il est rythmé par la méditation des péchés et celle des fins dernières, par l'appel du Christ-Roi et la contemplation de la vie et de la passion du Christ. La forte virilité ignacienne m'a intimement touché, par contraste avec la religion à dominante affective de ces années désolées d'autodestruction de l'Église.

La confession générale a été un basculement définitif dans un autre monde : elle a changé toute mon existence. Avec le recul du temps, j'y vois une irruption décisive dans ma vie des dons du Saint-Esprit, spécialement ceux de crainte et de science. J'étais préparé par le déshonneur de la trahison des « élites » (tant dans le drame algérien que dans la pagaille de 68), par l'écœurement humain d'une vie sans but, et par l'insatisfaction des « divertissements ». Les Exercices m'ont électrisé, en me présentant l'enjeu d'un salut définitif ou d'une damnation éternelle. J'y ai été porté par la lumineuse ambiance de cette abbaye, pleine de jeunes moines fervents. L'exercice du don de science, une fois l'état de grâce retrouvé, a joué à plein. Il a été l'axe de mon chemin spirituel durant de longues années.

La foi vive m'a fait retrouver une juste appréciation du monde créé. La lumière de la foi témoignait à l'intime de mon esprit, avec cette « certitude translumineuse » dont parle le père Lacordaire, d'une vérité qui venait de l'Infini. Elle me faisait adhérer fermement, obscurément, heureusement, au témoignage divin : l'absurde n'est pas vainqueur, il existe un but, un ordre final, une justice, une miséricorde… pour moi et pour tous ! Le Principe et fondement notamment a été pour moi une préparation à la docilité au don de science.

Il m'a incité à porter, comme par instinct, et dans la vue de l'éternité, une appréciation exacte sur les créatures et sur le cours des choses. Ce don m'a aidé à regarder les créatures avec détachement… comme un secours sur le chemin du ciel. Il m'est apparu, à cette lumière, que les choses qui me retenaient autrefois n'étaient, en un sens, « rien ». Comme toute conversion, la mienne s'est opérée par un sentiment intense de la vanité des biens de ce monde. L'« indifférence ignacienne » fut l'introduction « acquise » à l'expérience « infuse » de la science du salut.

Le don de science, auquel les Exercices ont donné libre carrière, a réalisé aussi en mon âme une œuvre positive : il a rendu le monde et les êtres transparents à Dieu ! Sous son influx, j'ai pu saisir le reflet du Créateur dans les beautés du monde. L'univers, dont la structure et le développement m'émerveillaient dans mes études de cosmologie scientifique, a commencé à raconter à mon âme la gloire de Dieu (cf. Ps 18, 2). J'ai aussi appris à voir la beauté des visages humains éclairés, comme de l'intérieur, par l'Image de Dieu. Ces « autres », qui étaient naguère pour ma misanthropie l'antichambre de l'enfer, sont devenus des mystères fascinants, des compagnons amicaux dans la marche vers les cieux de gloire. Ce qui m'apparaissait autrefois comme des nuages d'absurdité répandus sur la face de l'histoire et de la société se manifestait maintenant – en clair-obscur – comme les étapes du combat eschatologique du Christ et de ses membres contre le démon et ses suppôts. J'y percevais le rayonnement diffus d'une sagesse providentielle pleine d'amour.

Mon désir d'adolescent d'être « poète, savant et philosophe » a alors été exhaussé par cette grande mise en ordre. Je découvrais l'ampleur inouïe du « vrai cosmos ». Je comprenais qu'il comporte les trois « ordres de grandeurs » de Pascal. Ce bel univers sorti des mains de Dieu enchâssait les cieux de nature, les galaxies de la pensée et l'économie divine de la charité. Le poète aurait à en esquisser la beauté par le chant, le savant à en poursuivre les harmoniques sensibles dans une stupéfaction renouvelée, et le philosophe – devenu par grâce aussi théologien – à en contempler sans lassitude le mystère !

Ce don de science a eu pour moi des conséquences pratiques : la redécouverte de ma vocation, au cours de nouveaux Exercices de Saint Ignace, le Jeudi Saint 1972. Depuis l'enfance, je pensais en effet que je serai prêtre. J'avais le sentiment invincible que cela arriverait quoi que je fasse… C'est peut-être en m'imaginant me débarrasser de cette destinée – et du célibat lié au sacerdoce – que j'ai rejeté Dieu. Mais ce rejet, loin d'épanouir ma personne, la détruisait. Ni la fuite dans les religions exotiques, ni l'enchantement de la science moderne, ni l'admiration éperdue du « miracle grec », ni la construction des univers poétiques dans la ligne des symbolistes, ne me satisfaisait. L'Abbaye de Thélème de Rabelais, le « Bateau ivre » de Rimbaud, et le stoïcisme païen ne savaient pas tenir leurs promesses… Lisant Citadelle de Saint-Exupéry au pied de l'Acropole en 1966, je pressentais tout ce qui me manquait et qui creusait en moi un abîme sans écho. Où donc était la clé de tout ce que j'étudiais, où le nœud décisif de cette « densité » (Citadelle, n° XVIII) qui seule peut faire une personne ?

Par son effet purificateur de « désenchantement », le don de science m'a fait pleurer le gâchis absurde que j'avais fait de ma vie. Il m'a étreint d'angoisse devant l'universelle poursuite du vide, dont le monde loin de Dieu me donnait le spectacle… et qui m'avait entraîné. La dimension apostolique de ma vocation lui doit certainement beaucoup. La prédication des fins dernières est le premier fruit de cette science du salut dont le Principe et fondement ignacien a été pour moi le vecteur.

Par son effet positif, le don de science m'a aussi fait goûter la nostalgie de l'exil (cf. Ps 119, 5). Ma fascination d'enfant pour le texte de l'Apocalypse – découvert, lors de ma retraite de profession de foi, dans le Nouveau Testament que l'on venait de m'offrir – en a été renouvelée. J'ai ultérieurement mis en forme poétique, sous l'image de l'échelle, cette nostalgie dans une "Prière pour recevoir son nom d'éternité" [1]. »

Fr Louis-Marie de Blignières

[email protected]

11 juillet 2020

 

 
 

[1] Parue dans Le Saint-Esprit dans ma vie, Préface de Mgr David Macaire, DMM, 2015.

Pour en savoir plus sur le père Louis-Marie de Blignières :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Marie_de_Bligni%C3%A8res

Pour en savoir plus sur la Fraternité Saint-Vincent Ferrier : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraternit%C3%A9_Saint-Vincent-Ferrier

Site de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier : https://www.chemere.org/

Chaîne You Tube de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier : https://www.youtube.com/channel/UCAnKL0epa83Br5tZfTZD7Eg

Page Facebook de la Fraternité :

https://www.facebook.com/FraterniteSaintVincentFerrier/

Interview avec le père Louis-Marie de Blignières : 

https://www.youtube.com/watch?v=Sc56hiK_4zQ

Pour en savoir plus sur Saint Vincent Ferrier : https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Ferrier


Pour pratiquer les exercices spirituels de Saint Ignace comme le père Blignières (tout le monde peut pratiquer ces exercices, nul besoin d'être ingénieur pour les suivre !), je vous recommande chaleureusement une retraite de 5 jours chez les CPCR (Coopérateurs Paroissiaux du Christ-Roi), soit à Chabeuil, près de Valence, dans la Drôme, soit à Bieuzy, en Bretagne. Des retraites pour dames, hommes, jeunes filles sont organisées toute l'année par ces religieux qui mettent toutes leurs compétences et leur amour du Christ pour vous permettre de faire une rencontre personnelle avec Notre Sauveur et éventuellement discerner une orientation de vie.

Vous tirerez grand bénéfice de cette retraite, je peux vous l'assurer pour l'avoir personnellement expérimenté à Chabeuil en avril 2019.

http://www.cpcr.org/fr/ 

S'il y a des lecteurs/priants espagnols, ils peuvent aussi faire une retraite avec exercices de Saint Ignace à près de Barcelone, chez les CPCR de Caldes :

https://cooperadorascaldes.org/

   

Prière de la communauté

Prières de conversion au choix de vos besoins et inspirations

Choisissez la prière qui vous convient et vous inspire parmi celles-ci : Incroyants, voici une prière pour demander à Dieu de vous faire connaître Jésus : "Jésus, Tu as dit " Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira." Aujourd'hui, je suis là et je frappe à ta porte, je te cherche, je veux te connaître, viens, je t'en prie, envoie-moi ton Esprit Saint et révèle-moi puissamment ta présence. Par Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant". Croyants, voici une prière pour demander à Dieu de vous rendre plus saints et demander la conversion des hommes qui ne connaissant pas Jésus : Ô Dieu, montrez-nous votre visage qui n'est autre que celui de votre Fils, puisque c'est par Lui que vous vous faites connaître, de même que l'homme tout entier est connu par son seul visage. Et par ce visage que vous nous aurez montré, convertissez-nous, convertissez les morts que nous sommes des ténèbres à la lumière, convertissez-nous des vices aux vertus, de l'ignorance à la parfaite connaissance de vous. Ainsi soit-il. (Saint Bruno le Chartreux) Croyants, ajoutez la Prière de l'Ange à Fatima Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, pour ceux qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas et ne vous aiment pas. Prière de conversion des pécheurs obstinés de Sainte Thérèse d'Avila Ô Seigneur mon Dieu, Ô créateur, ayez compassion de Vos créatures. Considérez que nous ne nous entendons pas nous-mêmes, que nous ne savons pas ce que voulons et que nous nous éloignons infiniment de ce que nous désirons. C'est ici, Ô mon Dieu, que doit se montrer Votre miséricorde ! Qu'elle est grande, Dieu de mon cœur, la demande que je vais Vous faire lorsque je Vous prie d'aimer ceux qui ne Vous aiment pas, d'ouvrir à ceux qui ne frappent pas, de guérir ceux qui non seulement prennent plaisir à être malades, mais qui travaillent même à augmenter leur maladie. Vous dites, très doux Sauveur Jésus, que Vous êtes venu sur la terre chercher les pécheurs. Les voilà, mon Dieu, les véritables pécheurs. Oh donc, ayez pitié de ceux qui n'ont pas pitié d'eux-mêmes ; et puisque dans l'excès de leur égarement, ils ne veulent point aller à Vous, venez Vous-même à eux. Je Vous le demande en leur nom, et ces morts, j'en suis sûre, se lèveront de leurs tombeaux dès qu'ils commenceront à rentrer en eux-mêmes, à se reconnaître, à Vous goûter. Et vous Père Céleste, ne considérez point notre aveuglement, mais jetez les yeux sur les ruisseaux de sang que votre Fils a répandus pour notre salut. Sainte Thérèse d'Avila (1515 - 1582)

Merci ! 78 personnes ont prié

1 commentaire

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Jésus allume le feu de la foi !

Je m'inscris