v 1 "On donnera aux frères des vêtements adaptés à la situation et au climat de leur lieu d'habitation"

1°)Le rôle du vêtement. - Dans sa Règle, st Benoît prend soin de préciser : "on leur donnera". Ici le vêtement ne s'achète pas mais il est proposé au frère dans dans une triple intention : pourvoir aux besoins atmosphériques, le protéger et lui permettre une appartenance communautaire, dans la diversité des besoins. Le vêtement tient lieu de reconnaissance sans figer, sans tomber dans la mode mais en tenant compte des contingences climatiques et culturelles. Pour les religieux, le vêtement prendra une autre signification : lors des voeux, le frère "prendra l'habit" ce qui signifie "entrer en religion". 

2°)Savoir faire le tri. -Les habits deviennent très vite source de superflu voire d'encombrement. L'avantage des tris de vêtements, comme de tout ce qui se porte, consiste à ranger, à mettre en ordre, à rassembler pour avoir accès à l'essentiel du Moment. La vie monastique, avec son voeu de pauvreté traduit la permanence de cet esprit, y compris dans les habits et les vêtements. Le vestiaire conserve l'essentiel, la laverie entretient et recycle : chaque habit conserve son indispensable usage. Dans le monde , les soldes ramènent cycliquement leur appel à acheter, à combler et à réveiller des désirs et des envies. Ces cycles de promotions révèlent le caractère éphémère des habits, leur aspect saisonnier et relatif. La Règle dans son caractère stable rappelle l'essentiel dans les trois rôles du vêtement rappelé ci-dessus. Nous pouvons y glaner un autre regard sur le turn-over des vêtements pour leur donner une mission essentielle, durable : nous protéger, nous habiller avec sobriété et goût, apprendre à alimenter avec nos superflus les magasins de lasolidarité sociale prèts à recycler les vêtements en surplus dans nos penderies. OUI, les tris ont encore de l'avenir dans l'organisation d'une charité chrétienne solidaire.

3°)Le vêtement , passage vers l'autre et non écran - Le choix de st Benoît pour le vêtement rejoint l'une des béatitudes sur la pauvreté de St François qui lui non plus ne se préoccupait de ses biens matériels mais distribuait tout supplément aux pauvres. Pensons aussi à st Martin qui partagea son manteau pour en couvrir un pauvre. OUI l'habit ne doit pas faire écran. Y compris dans nos assemblées et cérémonies religieuses : la sobriété et la beauté ne devraient jamais signifier opulence et spectaculaire, dans les ornements et vêtements liturgiques. Cet argent qui serait pris aux pauvres .qui en auraient besoin ! 

 A quelques jours de la fête du saint curé d'Ars, patron de tous les prêtres, rappelons une de ses pensées :"J'ai vu Dieu dans un homme"

Derrière l'accessoire et le relatif, que représente le vêtement, il y a un essentiel à trouver et à rappeler. St Benoît nous y encourage !!