Jour 8 - Benoit PACIFIQUE

Image de la publication


Introduction

« Cherche la paix et poursuis-la »

Méditation

La paix, chez St Benoit, n'est pas quelque chose de statique, c'est une dynamique. La paix se poursuit… St Benoit est loin d'être dupe ou naïf. Lui qui a vécu en communauté, il sait tout ce dont notre humanité est capable… dans le pire comme dans le meilleur. Il sait par expérience que chacun de nous est unique et donc que pour chacun de nous, faire alliance est un challenge qui nécessité d'accueillir de l'altérité, pour s'ajuster à celui qui est en face et ce, ni en m'écrasant, ni en écrasant l'autre.

La paix dans la communauté bénédictine n'a rien à voir avec l'absence de conflits. Ça ce n'est pas de la paix, c'est de l'absence de vie. Comme St Benoit sait que le combat spirituel fait partie de la vie du chrétien, il sait que les frottements, les « épines de discorde » comme ils les appellent font partie de toute vie commune. En communauté monastique, mais aussi en famille, au travail, etc.
Loin de détourner le regard et de se voiler la face, il prend ces « épines de discorde » au sérieux. Pour que ces pierres sur le chemin deviennent des pierres de construction, il ne s'agit pas de les nier, ni de se laisser obnubiler ! Il ne s'agit pas de faire semblant que rien ne s'est passé… Ainsi au chapitre 4 de la Sa Règle, il donne parmi ses instruments du bien agir cette recommandation :

         RB 4 : Ne pas donner une paix qui est fausse.

Alors comment faire ? Car il faut l'avouer c'est plus facile de prendre l'option « comme si de rien n'était » ou encore celle du « puisque c'est ainsi, tant pis… » (sous-entendu je boude). Dans les deux cas, cela me laisse là où j'en suis, sans avoir à me bouger, à me convertir pour reprendre les mots de l'Évangile, les mots de Jésus lui-même. Alors voyons ce que St Benoit propose dans sa Règle :

RB 4 : Ne pas aimer les disputes [et un peu plus loin dans le même chapitre] Quand tu t'es disputé avec un frère, retrouver la paix avec lui avant le coucher du soleil.

Ne pas aimer les disputes, c'est ne pas les chercher, ne pas prendre plaisir à cette situation, ne pas s'y installer. C'est aussi pour cela que Benoit invite à « retrouver la paix » avant le coucher du soleil. On a tous expérimenté à quel point certaines situations peuvent s'enliser avec le temps, si dès le début on n'ose pas aller retrouver l'autre pour parler. Non pas pour l'accuser, mais pour ensemble, oui ensemble, chercher à relire ce qui s'est vécu et à envisager ce qui pourrait se vivre une autre fois pour que chacun puisse être respecté dans telle situation. St Benoit le dit c'est « avec l'autre » qu'il s'agit de retrouver la paix. Il n'y aura alors non pas un perdant et un gagnant comme en temps de guerre, mais bel et bien deux gagnants. Deux êtres qui auront su parler, écouter, accueillir… et grandir ensemble.

Une fois de plus, Benoit est un homme incarné, réaliste, alors il comprend – et il ne s'en choque pas – que ce chemin vers la paix avec un frère, un autre, dépasse parfois nos forces. Qu'il y a parfois des peurs, des résistances, des jugements erronés qui nous trompent,… Alors ici encore, St Benoit tourne nos regards vers le profond de nos cœurs, vers Dieu.

RB 53 : Ils commencent par prier ensemble. Puis ils se donnent la paix. On donne ce baiser de paix seulement après la prière, à cause des tromperies de l'esprit du mal.

Prier, puis donner le baiser de paix. La paix est au terme d'un processus, un processus qui passe par la rencontre avec Dieu, dans Sa Lumière… Là, sa grâce peut faire la clarté en moi pour m'aider à voir les évènements en vérité, sans être trompé(e) par mes éventuelles ténèbres intérieures.

Si ce passage concerne la rencontre d'un moine et d'un hôte, il en va de même entre les frères. C'est au cours de la prière que la guérison advient. L'air de rien, c'est au cœur d'un chapitre sur l'office de Laudes et Vêpres que St Benoit va partager une clé pour vivre ce « cherche la paix et poursuis-la » qui lui est si cher.

RB 13 : On ne termine jamais l'office de Laudes et de Vêpres sans dire le « Notre Père » à la fin de l'office. C'est le supérieur qui le dit en entier à haute voix, pour que tous les frères l'entendent. Et cela, à cause des petites blessures qui viennent des disputes habituelles dans une vie commune. Dans cette prière, les frères s'engagent ensemble par cette promesse : « Pardonne-nous, comme nous pardonnons, nous aussi. » Par là, ils se purifieront de ces fautes.

C'est par l'écoute du « notre Père » que chacun est remis en vérité devant Dieu. Ce regard qui – nous l'avons expérimenté au premier jour de la neuvaine – nous rend humble. Si tous doivent entendre cette prière, c'est que tous sont concernés. Remarquez que Benoit ne distingue pas les potentiels méchants des gentils, les soi-disant qui ont tort face à ceux qui ont raison. Non, c'est « tous les frères » qui entendent la prière, c'est « ensemble » qu'ils s'engagent dans un « nous »

Il y a dans la vie ensemble des petites blessures qui viennent des disputes habituelles. St Benoit les accueille sereinement. Il nous apprend aussi à les accueillir sereinement. Et puis il nous ouvre ce chemin pour les transformer en une grâce extraordinaire : celle de la conversion. Pour cela, prendre le temps de prier, de se mettre en vérité sous le regard de Dieu et puis oser la rencontre avec  l'autre. Non pas tant pour déterminer les éventuels torts que pour ensemble rouvrir un chemin où chacun prend soin de l'autre…

« Ô Christ tu es venu nous apprendre à aimer »

Pour aller plus loin

Pour ceux qui le souhaitent, prenons le temps d'aller plus loin, d'enraciner en profondeur ce que Benoit nous donne de découvrir de la paix. Pour cela, deux pistes :

- prendre le temps de nommer dans mon cœur – et sous le regard bienveillant de Dieu – les personnes que j'ai aimé, estimé et avec qui je suis aujourd'hui en froid, voire en conflit… Les nommer, revoir leurs visages, les bons moments passés ensemble. Faire mémoire de tout ce qui fut bon… et qui me manque…

- découvrir ce qu'on appelle « la communication non violente ». Cet outil permet de relire les situations sans accuser l'autre mais en osant se dire soi-même pour ouvrir un chemin. Et si cela pouvait m'aider à renouer le contact avec ceux qui me manque ?

En communion de prière

Pour nous soutenir sur le chemin de la paix, ensemble dans cette communauté de prière, aujourd'hui, nous confierons tout spécialement à st Benoit :

« ceux et celles qui comptent sur nous pour rouvrir le dialogue »

Prière de la communauté

Bénir et être béni avec saint Benoit

"Abba", Père, Tu as béni St Benoit, et nous T'en bénissons. Humble, libre, fort, fraternel, priant, confiant, vigilant, pacifique, aimant, il l'a été, et aujourd'hui encore, qui que nous soyons, il nous apprend à l'être. Par son intercession, nous implorons ta bénédiction sur ... afin qu'il/elle ait la vie en abondance. A sa prière, accorde-nous la grâce d'être à l'écoute de Ta Parole, l'audace d'être artisan de paix et le bonheur de ne rien préférer à Ton Amour. Béni sois-Tu, pour les siècles de siècles, Amen.

Merci ! 1642 personnes ont prié

38 commentaires

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Qui veut la vie, la vraie ? Neuvaine à saint Benoît 🎧

Je m'inscris