Introduction

Bonjour et bienvenue à chacun/chacune en ce sixième jour de notre neuvaine à St Benoit. Quel chemin parcouru ! Quelle bénédiction de nous savoir unis les uns aux autres dans la prière, dans la quête de la vie et dans l'amitié avec St Benoit ! En reprenant les mots du livre de la Genèse, dans le récit de la Création, on a envie de s'exclamer : « ce fut le sixième jour… et Dieu vit que cela était bon, très bon ! ». Rappelez-vous, c'est ce même 6^ème jour de la Création, que Dieu crée l'humain et lui confie la terre et le monde pour en prendre soin. Dieu fait confiance à l'être humain…

Méditation

Confier. Faire confiance. Dans la traduction de la Règle que nous utilisons depuis le début de cette neuvaine, ces mots-là – « confiance », « confier » – n'apparaissent pas moins de 26 fois ! C'est dire si la confiance est au cœur de la vie bénédictine, et de la vie de tous ceux qui prennent St Benoit comme père, maître et protecteur. La confiance ne cesse de circuler, de se partager dans un sens et dans l'autre. Celui à qui on fait confiance, fait lui-même confiance ce qui fait grandir son respect confiant envers Dieu et sa confiance à l'égard de qui lui a fait confiance, et la confiance devient peu à peu le climat ambiant, l'air que l'on respire.

Le 1^er à faire confiance c'est Dieu ! Comme dans la Genèse, il va confier sa création, ses créatures. Dans le cadre du monastère, c'est d'abord l'abbé qui expérimente cette confiance de Dieu.

RB 2 : « L'abbé s'adaptera à tous. Alors il n'y aura pas de perte dans le troupeau que Dieu lui confie. Mais, bien mieux, l'abbé sera dans la joie parce que ce bon troupeau grandit. Avant tout, il ne laissera pas de côté le salut des frères que Dieu lui a confiés »

RB 27 : « L'abbé doit faire tout ce qu'il faut et très vite, pour ne pas perdre une seule brebis du troupeau que Dieu lui a confié. Pour cela, il se sert de toute son intelligence et de toute son habileté. »

Mais bien au-delà des murs du monastère tout comme à l'intérieur, ne sommes-nous pas aussi tous confiés les uns aux autres ? D'ailleurs ce que Dieu a confié à l'abbé, celui-ci le confiera lui-même à d'autres. La confiance d'un autre fait toujours naitre la confiance en l'autre…

RB 64 : « L'abbé cherchera à être aimé par les frères plutôt qu'à être craint. Il n'est pas agité, il n'est pas inquiet. Il n'exagère pas les choses, il n'est pas têtu. Il n'est pas jaloux et il sait faire confiance aux frères. Sinon, il ne connaîtra jamais le repos. »

La vie ensemble se fonde sur la circulation de la confiance, sur cette capacité à croire en l'autre… La vie ensemble ne se fonde pas uniquement sur des contrats avec assurance zéro risque. Ça ce n'est pas la vie. La vie suppose de faire confiance… La confiance suppose toujours une prise de risque… Sinon ce n'est plus de la confiance… Alors, où puiser la capacité de prendre ce risque, l'audace de faire confiance ?

Assurément la vie et la règle de St Benoit font tourner nos regards vers Dieu. Parce que Dieu est solide comme le roc, parce qu'on peut s'appuyer sur Lui, alors tout devient possible. Savez-vous que le mot « amen » a une racine hébraïque qui signifie cette solidité, cette stabilité ? Chacun de nos AMEN dit notre foi en Dieu, notre confiance en Lui… La confiance envers Dieu permet d'ouvrir la porte de son cœur aux autres, de le faire avec douceur, avec amour, avec sérénité.

RB 66 : Dès qu'une personne frappe ou dès qu'un pauvre appelle, le portier dit : « Rendons grâce à Dieu » ou bien « Bénissez-moi ». Et, avec toute la douceur que donne un respect confiant envers Dieu, il répond vite, avec un cœur brûlant de charité.

Cette même confiance est celle qui permet de faire des choses que l'on se croyait incapable de faire (voir RB 68). Cette même confiance est celle qui permet de continuer à se relever après chaque chute. Si St Benoit est invoqué comme protecteur, c'est probablement parce qu'il ne craint pas le combat, ou plutôt parce que la peur ne l'emporte pas sur la confiance. La confiance ouvre l'espace pour accueillir la peur, l'échec, les ratés sans désespérer. Jamais.

Reprenant les mots du psaume 33, il affirme que  « Rien ne manque à ceux qui respectent Dieu avec confiance » (RB 2) mais surtout il conclue une liste impressionnante d'instruments pour bien agir par cette formule :

RB 4 : « ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu »

Tout est là ! Tout le chemin parcouru depuis le début de cette neuvaine pourrait – presque – s'arrêter là. « Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu ». Jamais. C'est cela faire confiance. Croire en Dieu. Croire en l'autre. Croire en soi. Quels que soient le vécu, les ratés, les chutes, les incohérences, les inachèvements, croire et surtout surtout : 

« ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu »…

Pour aller plus loin

Pour ceux qui le souhaitent, prenons le temps d'aller plus loin, d'enraciner en profondeur ce que Benoit nous donne de découvrir de la confiance. Pour cela, deux pistes :

- comme on égrène un chapelet, consacrer 5 minutes à répéter intérieurement, calmement ce simple verset : « ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu »…

- bénir Dieu pour Sa confiance, pour tout ce qu'il vous a confié à vous : votre vie, votre corps, vos talents, vos proches, Sa grâce, Son Évangile, notre société, notre terre,…

En communion de prière

Pour nous soutenir sur le chemin de la confiance, ensemble dans cette communauté de prière, aujourd'hui, nous confierons tout spécialement à St Benoit :

« ceux et celles qui n'ont plus confiance en eux, en leurs proches ou en Dieu »