Vendredi 5 mai 2020, 9ème Semaine du Temps Ordinaire-Année A

S. Boniface, évêque de Mayence et martyr, † 754

Oraison

Permets, Seigneur, qu'à l'intercession de saint Boniface, nous puissions tenir sans défaillance et proclamer par toute notre vie la foi qu'il a lui-même enseignée et dont il sut témoigner dans le martyre.

“Que ta Volonté soit en nos vies Seigneur!”

Lectures de la messe:

•  1re lect. : 2 Tm 3, 10-17
•  Ps : 118, 157.160, 161.165, 166.168
•  Évangile : Mc 12, 35-37 

“Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Toute l'Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l'homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien.” 

Chers amis, j'ai eu la grâce de rencontrer des hommes de Dieu qui m'ont accompagné dans cette rencontre des Saintes Écritures dont nous parle St Paul.

Que ce soit dans un monastère où l'on m'apprit à voir la cohérence entre les textes issus de la Parole de Dieu et la mélodie Grégorienne, et comment celle-ci venait mettre en valeur le texte sacré, ou bien encore que ce soit avec notre professeur d'exégèse qui nous donnait d'entrer dans les textes afin de nous en nourrir, de les faire entrer dans notre vie, afin que ces derniers soient le ferment d'une vie Evangélique, que ce soit enfin en paroisse, où je devais redécouvrir ces fondamentaux pour les mettre au service de la mission, de l'annonce de l'Evangile.

Ce préambule en guise d'entrée en matière afin d'illustrer le propos de St Paul, et combien il est  une invitation à nous accaparer la Parole de Dieu.

La Parole de Dieu est une longue Histoire Sainte, une Histoire Sainte dans laquelle Dieu est à l'œuvre, dans laquelle Dieu a sans cesse l'initiative dans ces vies d'hommes et de femmes, des vies finalement comme les nôtres, avec leurs soucis familiaux, politiques, économiques, religieux, etc.

L'homme y est sans cesse, dans cette relation à Dieu, et Dieu dans une réponse à ses appels.

Je nous invite, à nous réaccaparer la Bible; un peu comme les chiens St Bernard sont représentés avec une réserve d'eau de vie au cou, nous devrions porter sur nous la Parole de Dieu, comme notre kit de survie, comme cette Parole qui nous permettra de réaliser en nos vies, “toute sorte de bien”.

Car c'est bien le Seigneur lui-même qui nous parle par les prophètes, par les auteurs inspirés, c'est Lui qui s'adresse à nous et qui, si nous demeurons attentifs, si nous sommes disposés à le recevoir, si nous sommes à l'écoute, dans une disposition de cœur et d'âme favorable, c'est Lui donc qui viendra entrer en résonance avec les besoins les plus secrets de nos âmes, qui viendra nous apporter ces réponses que nous attendions.

Et parfois même en serons-nous surpris!

“Bien-aimé, toi, tu m'as suivi pas à pas dans l'enseignement, la manière de diriger et les projets, dans la foi, la patience, la charité et la persévérance, dans les persécutions et les souffrances, celles qui me sont arrivées à Antioche, à Iconium et à Lystres, toutes les persécutions que j'ai subies. Et de tout cela le Seigneur m'a délivré. D'ailleurs, tous ceux qui veulent vivre en hommes religieux dans le Christ Jésus subiront la persécution.”

Chers amis, comme nous l'avons dit souvent, il y a un chemin particulier par lequel il nous faut passer, un chemin qui épouse la vie du Christ.

J'observais hier une restauratrice d'œuvres d'art, qui évoluait sur un échafaudage dressé dans une église. Il s'agissait pour elle de redonnait son éclat à une peinture représentant Marie. Et l'artiste faisait comme “corps” avec l'œuvre dont elle devait redonner éclat et lumière!

Ainsi en est-il de notre vie à l'école de la Parole de Dieu.

Nous en sommes comme pétris, nous faisons comme corps avec elle, et nous devons comme expérimenter dans notre propre vie, ces moments de vie que nous lisons, ces moments de vie également que Jésus Lui-même a vécu.

Nous entrons dans une pleine communion avec cette vie du Christ, nous devenons pleinement alors, filles et fils de Jésus Christ, par notre capacité à vivre de Lui, à marcher sur ses chemins, à expérimenter ces mêmes moments de vie qu'il a Lui-même vécu.

Mais en tout cela, nous le savons, nous sommes les grands vainqueurs, grâce au Christ qui vient Lui-même dans notre vie, qui est déjà venu, nous sauver!  

“Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris : de cela tu as acquis la certitude, sachant bien de qui tu l'as appris.”

"Fortes in fide", "forts dans la foi", ainsi devenons-nous demeurer, fermes dans ce trésor qui est ce dépôt de la foi que l'Eglise nous enseigne; et nous expérimentons dans notre propre vie, et les évènement récents nous le démontre s'il était nécessaire, que rien de ce que ces Paroles de vie n'est illusion, mais bien Parole inspirée, adressée aux prophètes, expérimentée, pleinement accomplie dans les temps anciens, comme encore aujourd'hui .

Dieu, hier et aujourd'hui est le même, Il l'est pour l'éternité.

Le Seigneur des Seigneurs se révèle encore en ces temps où nous sommes, il vient encore et toujours, frapper à la porte de mon cœur.

Et Il me dit:

 “Ausculta, o fili, praecepta magistri, et inclina aurem cordis tui, écoute, mon fils, les préceptes du maître, et incline l'oreille de ton coeur!”

“David lui-même a dit, inspiré par l'Esprit Saint : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite jusqu'à ce que j'aie placé tes ennemis sous tes pieds”

Jésus nous invite en effet, à entrer dans cette écoute qui est contemplation de la Parole, à entrer dans cette Histoire Sainte et à nous l'accaparer, à la faire nôtre, à faire corps avec elle, à la saisir dans la prière, et non avec notre intelligence, la saisir dans l'Esprit.

La Parole Sacrée, est Parole inspirée, elle est in-spiritu, dans-l 'Esprit.

A moi de savoir créer ces conditions d'écoute, à moi d'entrer dans cette attitude de prière qui est écoute, qui est disposition intérieure, afin d'écouter et d'entendre, cet Autre qui vient me parler.

La Parole est là comme un support, la prière, l'Esprit Saint, est comme le révélateur qui donne la pleine lumière à ces textes qui ont traversé l'Histoire.

Il m'appartient de m'abandonner, d'entrer dans une totale disponibilité à l'œuvre de l'Esprit Saint, de rechercher moins à comprendre, que de dire au seigneur: “Que ta Volonté soit faite”.

Je vous propose ce très beau texte de St Thérèse Bénédicte de la Croix.

Il est un véritable itinéraire de vie, cet abandon du Christ à son Père, cet abandon qui peut devenir le nôtre si nous y consentons, notre abandon au Père.

Alors tout peut arriver, alors nous pouvons découvrir la liberté des enfants de Dieu….La suite nous appartient!

Que ta Volonté soit en nos vies Seigneur!

Amen!

Que ta volonté soit faite

Nous abordons ici le troisième signe de notre adoption divine. Être un avec Dieu était le premier. Être un en Dieu, le second. Voici le troisième: “A cela je reconnais que vous m'aimez, si vous gardez mes commandements.” Être enfant de Dieu signifie se laisser conduire par la main de Dieu, faire la volonté de Dieu et non la sienne, remettre à Dieu tous ses soucis et toutes ses espérances, ne plus s'occuper de soi ni de son avenir. C'est sur cette base que reposent la liberté et la joie de l'enfant de Dieu. Or combien peu les possèdent parmi les âmes pieuses, même parmi celles qui font preuve d'une abnégation héroïque! Elles ploient constamment sous le poids de leurs soucis et de leurs devoirs. Tous connaissent la parabole des oiseaux du ciel et des lys des champs, mais s'ils rencontrent un homme qui n'a ni ressources ni pension ni assurance et qui pourtant ne s'inquiète pas de son avenir, les voilà qui hochent la tête comme devant quelque chose d'anormal. Certes, celui qui attendait du Père céleste qu'il lui assure un revenu et une situation conformes à ses désirs pourrait commettre une grave erreur. La confiance en Dieu ne reste inébranlable que si elle est disposée à tout recevoir de la main du Père. Lui seul sait ce qui est bon pour nous. Et si un jour le besoin et les privations devaient mieux convenir qu'un confortable revenu, ou l'échec et l'humiliation mieux que les honneurs et l'estime, il serait bon de se préparer aussi à cette éventualité. Y parvenir, c'est vivre le présent complètement libéré du souci de l'avenir.

Que ta volonté soit faite. Pris dans toute sa plénitude, cet acte d'abandon doit être la règle de la vie chrétienne. Il doit régir la journée, du matin au soir, le cours de l'année, la vie entière. Tel doit être l'unique souci du chrétien - tous les autres sont pris en charges par le Seigneur; mais celui-là reste le nôtre jusqu'à notre dernier jour. 

Edith Stein, “La Crêche et la Croix”, traduit de l'allemand par Genia Català et Philibert Secretan, Ed. Ad Solem