La vie est amour, jouis-en - Sainte Mère Térésa

Méditation audio

[ TEXTE DE LA MÉDITATION CI-DESSOUS : ]

« J'ai l'impression que nous ne nous comprenons plus. »… « Chacun de nous souffre en silence mais nous ne parvenons pas à partager cette souffrance. »… « J'endure seule tous les traitements médicaux, je n'en peux plus. »… « Elle se renferme. »… « Il fuit. » 

Les difficultés conjugales ne sont pas l'apanage des couples en espérance d'enfant, la vie a bien des raisons de mettre le couple à l'épreuve. Mais lorsque la vie ne réalise pas ses promesses d'enfants… lorsque le couple est confronté à la souffrance de l'infertilité ou du deuil… lorsque chacun se referme sur sa douleur et que la communication est rompue… lorsque les désirs individuels ne sont plus désirs conjugaux… le couple peut être fragilisé. 

Fort heureusement tous les couples éprouvés par la vie ne sont pas des couples en difficulté. Souvent ils puisent dans leur amour mutuel et dans la force du sacrement de mariage pour être davantage unis dans l'adversité. 

Cependant la souffrance éprouvée peut creuser la distance entre les époux, les diviser, les éloigner. À petit feu la culpabilité, la non-communication, la rancœur, l'épuisement, les traitements médicaux éprouvants peuvent faire des dégâts dans le couple. 

S'il est dans la Bible un texte qui sait célébrer l'amour conjugal c'est bien Le Cantique des cantiques. Ce recueil poétique met en scène le dialogue amoureux entre le bien-aimé et sa fiancée. Au chapitre 8, verset 7, il est écrit : « Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour, ni les fleuves l'emporter. » (Cantique des cantiques, 08, 07). Cette phrase est pleine d'espérance pour les couples fragilisés par l'épreuve. Quand la tempête gronde dans nos vies, comment ne pas laisser la barque de notre couple se laisser submergée ? Comment garder la flamme de l'amour encore vive même au creux de la nuit ? C'est un défi ! 

Sans doute peut-on voir dans Le Cantique des Cantiques une allégorie de l'amour infini de Dieu pour son peuple. Lui qui nous cherche, nous désire et souffre de nos éloignements. Par le sacrement de mariage, il s'est engagé avec nous. Il a fait alliance. Il ne se contente pas de nous regarder depuis la rive, il est avec nous dans la barque quoi qu'il arrive. Notre équipage peut compter sur Lui comme un partenaire de vie ! 

Dans le couple, chacun souffre différemment. Le risque serait de croire que parce que l'autre n'exprime pas sa souffrance comme je le fais, l'autre ne souffre pas ou l'autre souffre moins. Chacun vit l'épreuve avec sa personnalité et son histoire personnelle. La temporalité entre l'homme et la femme n'est pas la même. Ils n'éprouvent pas les mêmes émotions au même moment, avec le même rythme. La femme ressent intensément dans son corps le manque de façon cyclique. Il faut pouvoir accueillir ce moment avec une délicatesse particulière. 

Pour certains, la tentation sera de fuir cette situation douloureuse en se réfugiant dans le travail, le sport, le dévouement associatif ou autre. Attendre que l'orage passe en mettant sa vie entre parenthèse serait mortifère pour le couple ! 

La vocation du couple est une vocation au bonheur. Pas le regret d'un bonheur passé ou l'espoir d'un bonheur futur. Un bonheur présent dont le couple est acteur ici et maintenant. Les époux ne s'engagent pas dans le mariage pour avoir des enfants mais d'abord et avant tout pour s'aimer. Alors en cultivant leur amour au quotidien, pas à pas, ils pourront ensemble affronter leur histoire et déployer leur propre fécondité. C'est un chemin de patience qui peut fortifier le couple en l'entrainant plus loin dans l'amour mutuel. Ainsi pourront-ils un jour affirmer, tout comme Sainte Mère Térésa, que la vie est amour et qu'il faut la savourer ! 

Dans son livre Éloge du mariage, de l'engagement et autres folies, Christiane Singer écrit : « Les épreuves ne sont pas en mariage le signe qu'il faut clore l'aventure mais souvent, bien au contraire, qu'il devient passionnant de la poursuivre. » J'aime cette pensée. 

Confions au Seigneur ces couples éprouvés pour que le Seigneur les fortifie dans leur amour, les fidélise dans leur promesse et les inspire dans leur aventure conjugale. 

(par Clémence Delorme, conseillère conjugale et familiale)

Témoignage

Nous nous sommes rencontrés lors du mariage d'Eric, mon frère, 1 mois après il décédait dans un accident de voiture, 3 mois après, tu demandais ma main à mon Père, 8 ans après notre fils unique naissait.       

Marie = Pierre, nous avons fêté le 26 mai nos 19 ans de mariage, avec du recul qu'aimerais tu dire à Marie et Pierre d'alors ?

Pierre = « Le bon Dieu a un plan pour vous. Faites -le chemin bien accompagné.  Ayez des projets et engagez-vous. »

Marie = Moi je leur dirai : « Il y a une issue même si ce n'est pas celle à laquelle vous vous attendez. »

Car si j'avais pris conscience que j'étais en chemin, je ne me serai pas empêchée de vivre pendant sept ans.  Je voyais la vie des autres avancer et pas la mienne. J'avais le sentiment d'être sur la case départ, au bord du chemin.

Marie = Pierre, nous avons traversé l'épreuve de l'infertilité, penses-tu que nous étions pleinement conscients de ce qui nous arrivait ?

Pierre = Non, on se marie avec l'intention d'avoir des enfants, aucun couple n'est préparé à une telle épreuve.  Et pour un homme il y a un sentiment d'impuissance devant l'intrusion de la médecine dans l'amour conjugal.

Marie = Oui, Je me souviens de m'être présentée dans le bureau d'un médecin après un énième examen très douloureux. Il me dit que Non, avoir un enfant ne sera pas possible… Le monde s'écroule, je souffre dans ma chair et dans mon âme. Tu es dans la salle d'attente, tu espères une bonne nouvelle...  Sur le mur, une radio sur laquelle je vois un dizainier ! Mais qu'est-ce que tout cela signifie ? J'étais complètement perdue.

Marie = Pierre, tu sais que je ne supportais pas l'idée de te priver d'enfant, je t'ai proposé de partir. Pourquoi es-tu resté et ou as-tu trouvé la force ?

Pierre = Parce que je t'aime… Et j'ai pris 2 engagements dans ma vie avec l'aide du Seigneur : le jour de ma promesse Scout et le jour de notre mariage.

Marie = Je voulais te voir heureux, c'était mon espérance pour toi.

Aujourd'hui quel sens donnerais-tu à ce qui nous est arrivé ?

Pierre = Le fait d'avoir un seul enfant nous donne du temps pour nous consacrer aux autres, à notre paroisse … Et toi, quel regard as-tu sur notre histoire ?

Marie = Cela reste toujours une grande souffrance que PERSONNE mieux que toi, mon mari, a su partager. En t'épousant, j'ai épousé un roc.

Marie = Penses-tu que cela t'ait changé ?

Pierre = J'ai failli me retrouver veuf à deux reprises, ce genre d'expérience fait murir. Où est l'essentiel ? Aujourd'hui l'essentiel, sous le regard de Dieu, c'est vous : ma femme, mon fils, bref ma famille, aussi petite soit-elle, avec une fécondité différente.

Te rappelles-tu du sermon de notre mariage ? La famille : petite Église domestique.

Marie = Et dire que je pensais que les bébés naissaient dans les choux, sans oublier « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants… ». Je vis maintenant tous les jours avec la conscience du miracle et de la fragilité de la vie.

Pierre, tu récites souvent la prière du Para qui se termine ainsi : « Mais donnez-moi aussi le courage / Et la force et la foi / Car vous êtes seul à donner / Ce qu'on ne peut obtenir que de soi. »

Pierre = Je la récite depuis que je suis jeune. Dieu m'a accompagné.

Pierre = Marie, Et si s'était à refaire…

Marie = Non ! Mais avec toi… OUI

Chant pour se recueillir

Pour conclure, prenons ensemble la belle prière pour les couples en espérance d'enfant.