Jeudi 21 mai Ascension - Année A

Solennité

"Elevons-nous vers le Christ, vers le matin de sa Victoire!"

Oraison

Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l'action de grâce, car l'Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance.

Lectures de la messe

• Première lecture (Ac 1, 1-11)
• Psaume (Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9)
• Deuxième lecture (Ep 1, 17-23)
• Évangile (Mt 28, 16-20)

“ Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.”

Frères et sœurs bien aimés, qu'il est bref cet Evangile de l'Ascension que nous célébrons aujourd'hui! Qu'il est bref, mais pourtant, quelle énergie!

Oui chers amis, alors que les disciples pourraient être catastrophés de voir le Seigneur Jésus s'élever devant eux et disparaître ainsi à leurs yeux, le Seigneur Jésus vient leur faire cette double annonce: “Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre.” et “Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.”

Wah! Quelle dut être la surprise des disciples, leur consternation, leur motivation tout à la fois! Décidément, ce Jésus n'est pas un être ordinaire, et la surprise est toujours au rendez-vous avec Lui!

Lorsque tout semble fini, c'est précisément l'occasion d'un nouveau départ à l'école du Christ. Jésus, c'est l'école des continuels recommencements!

Oui, décidément, la vie avec Christ a véritablement un parfum d'éternité.

L'ascension, c'est justement ce parfum d'éternité...Car le Seigneur qui retourne vers son Père, c'est pour moi l'occasion d'une nouvelle voie. C'est pour moi l'occasion de continuer à suivre le Christ, mais non plus désormais sur cette terre, mais au Ciel.

Chers amis, la Bonne Nouvelle de l'Ascension, c'est que Jésus nous offre aujourd'hui une nouvelle paire de lunette, il nous invite à regarder désormais vers le Ciel, à nous "parfumer d'éternité"…!

“Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel.”

Dès l'ore, Paul qui a lui-même été touché par le Christ, qui a expérimenté en sa propre chair, en sa propre vie, cette puissance de Résurrection qui émane du Christ, nous invite à ne point demeurer affairés sans rien faire, les yeux tournés vers le ciel “expectantes beatam spem et adventum gloriae magni Dei et salvatoris nostri Iesu Christi” “Attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ” (Tt 2,13), mais à vivre de cette espérance qui est en nous, d'en vivre et d'en témoigner. Le Christ nous quitte, non point afin que nous nous installions dans la nostalgie, mais dans la Foi, l'Espérance et la Charité.

L'Ascension du Seigneur est  l'occasion renouvelée de contempler ce triptyque par lequel nous entrons en communion de manière si étroite, avec le Seigneur, par lequel nous entrons en communion avec Lui et avec nos frères, par lequel se construit le corps du Christ qu'est l'Eglise.

“C'est l'énergie, la force, la vigueur qu'il a mise en œuvre dans le Christ quand il l'a ressuscité d'entre les morts et qu'il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l'a établi au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l'on puisse nommer, non seulement dans le monde présent mais aussi dans le monde à venir. Il a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l'Église qui est son corps, et l'Église, c'est l'accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude.”

Désormais assis à la droite du Père, Jésus vient siéger en majesté, il vient également établir l'Eglise dans ce mouvement même qui est le sien.

Comme la Croix élevait l'homme vers la Résurrection, ainsi l'Ascension élève l'Église vers le Ciel, l'entraine dans cette dynamique d'élévation, de nos réalités terrestres vers le Ciel.

Par nous même, nous savons que nous ne pouvons pas y parvenir, mais avec la Grâce de Dieu et de son Esprit Saint, nous devenons les participants de ce plan du Salut qui nous élève désormais vers les Cieux, où siège désormais le Seigneur Jésus , avec le Père ainsi que toutes ses anges.

“Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre.”

L'ascension n'est pas pour nous une “mise sur orbite pour mission spatiale”, elle est une double "mise sur orbite", pour la Sainteté d'une part, pour la mission d'autre part.

Car l'Eglise ne se construit pas dans un “je”, mais dans un “nous”, un “nous” qui est envoi en mission afin de proclamer à tout homme, toute femme, qu'il (qu'elle) est invité(e) à expérimenter cette rencontre avec le Christ qui veut rejoindre chacun de nous afin de devenir participants de son plan de Salut, de devenir enfants de Dieu, frères et soeurs du Christ, invités à cheminer avec Lui, à l'Ecole de l'Evangile, dans une voie de sanctification personnelle et communautaire.

Au terme, nous aspirons à cette rencontre, à cette vie en plénitude, avec le Christ et avec tous ses anges, cette vie en plénitude dont le Christ aujourd'hui, me montre le chemin.

Avec Lui, entrons dans cet élan vers le Ciel, élevons nos cœurs vers les réalités célestes, élevons-nous vers le Christ, vers le matin de sa Victoire.

Belle fête de l'Ascension!

“Entré dans la gloire,

Jésus nous trace le chemin

Et nous conduit vers le matin

De sa victoire.”

SERMON DE SAINT AUGUSTIN POUR L'ASCENSION

« Dieu nous a fait régner aux cieux,
 dans le Christ Jésus »

Aujourd'hui notre Seigneur Jésus Christ monte au ciel ; que notre cœur y monte avec lui.

Écoutons ce que nous dit l'Apôtre : Vous êtes ressuscités, avec le Christ. Recherchez donc les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre. De même que lui est monté, mais sans s'éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu'il nous a promis ne s'est pas encore réalisé dans notre corps.

Il a déjà été élevé au-dessus des cieux ; cependant il souffre sur la terre toutes les peines que nous ressentons, nous ses membres. Il a rendu témoignage à cette vérité lorsqu'il a crié du haut du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? Et il avait dit aussi : J'avais faim, et vous avez donné à manger.

Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi, sur la terre, de telle sorte que par la foi, l'espérance, la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposerions déjà maintenant avec lui, dans le ciel ? Lui, alors qu'il est là-bas, est aussi avec nous ; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour ; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l'amour, mais en lui.

Lui ne s'est pas éloigné du ciel lorsqu'il en est descendu pour venir vers nous ; et il ne s'est pas éloigné de nous lorsqu'il est monté pour revenir au ciel. Il était là-haut, tout en étant ici-bas ; lui-même en témoigne : Nul n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme, qui est au ciel. ~

Il a parlé ainsi en raison de l'unité qui existe entre lui et nous : il est notre tête, et nous sommes son corps. Cela ne s'applique à personne sinon à lui, parce que nous sommes lui, en tant qu'il est Fils de l'homme à cause de nous, et que nous sommes fils de Dieu à cause de lui.

C'est bien pourquoi saint Paul affirme : Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, bien qu'étant plusieurs, ne forment qu'un seul corps. De même en est-il pour le Christ. Il ne dit pas : le Christ est ainsi en lui-même, mais il dit : De même en est-il pour le Christ à l'égard de son corps. Le Christ, c'est donc beaucoup de membres en un seul corps.

Il est descendu du ciel par miséricorde, et lui seul y est monté, mais par la grâce nous aussi sommes montés en sa personne. De ce fait, le Christ seul est descendu, et le Christ seul est monté ; non que la dignité de la tête se répande indifféremment dans le corps, mais l'unité du corps ne lui permet pas de se séparer de la tête.