9ème Lettre en temps de confinement

 Bonjour à tous,

Puisque j'ai pris l'habitude de mettre ces « lettres du recteur » sous le regard bienveillant d'un témoin de la foi, permettez que je mette cette 9ème lettre sous le regard d'un prêtre qui a marqué la vie du sanctuaire et de tout le diocèse : Gabriel Deshayes. J'avoue que ce n'est pas sans émotion que, dimanche dernier, j'ai vu Albane et François Gouthe ‘signer' les textes et prières de la messe retransmise en direct par les moyens de communication du diocèse. Comment ne pas penser au centre des sourds et malentendants de la Chartreuse fondé par Gabriel Deshayes ? Comment ne pas penser à tout ce que ce saint prêtre a fait pour le sanctuaire ?  En ce temps de déconfinement progressif, il est bon de se mettre sous le regard de cet ancien curé d'Auray qui aimait le sanctuaire de Ste Anne. Mais avant cela je voudrais remercier tous ceux qui ont œuvré pour que la messe retransmise de dimanche dernier soit une réussite… Plus de 20 000 personnes, que ce soit en direct ou en replay, ont participé à cette liturgie célébrée par notre évêque dans la basilique.

Gabriel Deshayes

Il est né le 6 décembre 1767 à Beignon, petit bourg rural, à la lisière de la forêt de Paimpont, d'un père laboureur et boucher à la fois. Il perd sa mère alors qu'il est encore enfant. Vers 1787, il entre au séminaire de Saint Méen. Lorsqu'éclate la Révolution  française, il est séminariste et ordonné diacre en septembre 1790. Dans les tourments de la Révolution française, pour recevoir la prêtrise, il doit rejoindre Jersey où Mgr Le Mintier, évêque de Tréguier en exil, l'ordonne prêtre, le 4 mars 1792. Il aurait pu attendre là. Il choisit le risque et reprend la route de la France, huit jours après son ordination. Le nouveau prêtre breton regagne alors sa région natale. Il commence son ministère de prêtre proscrit, exposé aux plus graves dangers. Pendant neuf ans, il exerce en cachette son ministère. Dans la plus grande discrétion, il parcourt de nuit les campagnes, rassemble les chrétiens dans leurs granges ou leurs greniers, pour la célébration de la messe et des sacrements. Pour tromper les soldats de la Révolution, il se déguise en meunier, en paysan qui manie la faux dans la lande bretonne, en valet de ferme que l'on envoie aux champs. Il frôle plusieurs fois la mort. Un jour, la maison où il se cache est entourée de soldats : « Oui, oui, dit-il. Deshayes est ici, j'en suis bien sûr, moi ! Cherchons, citoyens ». Et, il disparaît dans la foule. Une autre fois, à peine est-il assis à la table d'un château avec son ami, l'abbé Georges, qu'une servante se précipite : « Les Bleus pleine cour ! » Gabriel Deshayes saute par la fenêtre, cache son compagnon dans les broussailles, d'un bond franchit la douve et s'enfuit dans la campagne. Les bleus l'aperçoivent et arment leurs fusils. Les balles sifflent à ses oreilles sans l'atteindre. Ayant distancé ses poursuivants, il a le temps de troquer la tenue d'un paysan et de se saisir de sa serpe. Quand les gendarmes arrivent à sa hauteur, il leur indique, sans vergogne, la direction prise par le fuyard… Avec le Concordat de 1801 et le relâchement des poursuites envers les hommes d'Eglise, Gabriel Deshayes est nommé auxiliaire et vicaire de Paimpont-les-Forges (35). L'homme passe pour être vraiment très charitable et dévoué à son prochain (il s'inscrit dans cette tradition du catholicisme social et de ses œuvres). C'est lors d'un voyage de retour de Lorient avec son évêque, que Gabriel Deshayes mit les pieds à Auray. Il rencontre Monsieur Brelivet, alors curé de Saint-Gildas d'Auray. Il fait une telle impression que c'est finalement lui qui va lui succéder comme curé d'Auray en 1805.

Auray est une paroisse de 3000 habitants. Il s'attaque à diverses urgences que son sens de Dieu et de l'homme lui font vite repérer. Il aide à la restauration de l'hospice qui regroupe encore à cette époque vieillards, infirmes et enfants trouvés. Il se préoccupe des mendiants et des chômeurs et les enrôle pour un travail communautaire. Il ouvre une filature et crée un atelier de tissage pour les prisonniers. Son presbytère est toujours ouvert, et le curé se dépouille de son manteau ou d'une couverture pour venir en aide à une famille nécessiteuse. Dans les rues d'Auray, il croise des malentendants. A l'époque, on les appelle des sourds. Facilement, ils sont traités d'idiots ou de stupides. Gabriel Deshayes s'en émeut. Dès 1810, il confie les filles aux Sœurs de la Sagesse, à la Chartreuse qu'il vient d'acquérir. Plus tard, il charge les Frères de Saint Gabriel des garçons (qui doivent leur survie à leur refondateur) et développe son œuvre en faveur des aveugles et des malvoyants. C'est un véritable « curé social ». Comme le résume son évêque, Mgr de Pancemont : « L'abbé Deshayes ne va se coucher le soir que pour rêver aux nouvelles merveilles qu'il exécutera le lendemain ». Et lui-même témoigne : « Je ne me suis jamais défié de la Providence. De son côté, elle ne m'a jamais manqué. ». Gabriel Deshayes fondera ou refondera pas moins de douze congrégations dont les Sœurs de la Sagesse et les Frères de Ploërmel. Il porte enfin une véritable attention à l'égard des sourds et malentendants avec la fondation du centre des sourds de la Chartreuse d'Auray qu'il rachète. C'est d'ailleurs une de ses pratiques de demander à d'anciens révolutionnaires de se racheter en l'aidant à financer l'acquisition de biens nationaux pour qu'ils retrouvent leur usage premier. C'est ainsi qu'il rachète le sanctuaire de Ste Anne d'Auray. En 1815, avec l'aide du Père de Clorivière, sj, il y fonde le petit séminaire (d'où notre « chapelle des jésuites »). Le sanctuaire lui doit beaucoup.

De tout cela, rappelons-nous que Gabriel Deshayes, alors séminariste puis jeune prêtre, a vécu un véritable confinement bien plus dramatique que le nôtre. Au sortir de ce confinement, il ne s'est pas crispé sur un passé révolu, mais a su répondre aux appels du Seigneur en sachant que pour s'occuper des âmes, il fallait aussi s'occuper des corps. Alors que nous savons bien que, la crise sanitaire passée, il faudra que nous changions certaines de nos habitudes. Pensons au respect de la création (cf. « Laudato si ») ! L'Eglise, c'est-à-dire chacun d'entre nous, a quelque chose à dire et à faire. Nous avons un signe d'espérance à poser. La crise sanitaire que nous vivons n'est pas une punition divine car « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais le sauver » (Jn 12) nous a rappelé Jésus dans l'évangile de mardi dernier, mais elle est un appel à la conversion. Alors comment vivrons-nous la sortie du confinement ? Je pense que Gabriel Deshayes a quelque chose à nous dire.

Le sanctuaire va peu à peu sortir du confinement comme tous nos concitoyens et précisément toutes les communautés chrétiennes. Des règles strictes sont préconisées à la fois par les autorités civiles et épiscopales. Ce déconfinement du sanctuaire sera, comme il nous l'est demandé, très progressif. Je demande à tous les pèlerins et les paroissiens  de respecter strictement les procédures qui nous sont demandées. Il ne faudrait pas que des rassemblements non autorisés aient lieu dans la basilique. C'est ensemble que nous réussirons ce déconfinement. Il ne faudrait pas qu'après plus de deux mois de fermeture les autorités nous demandent de refermer le sanctuaire. J'en appelle vraiment à la responsabilité de chacun.

La basilique sera donc ouverte tous les jours de 15h00 à 18h00. Des accueillants veilleront à ce qu'il n'y ait pas plus d'une dizaine de personnes présentes en même temps dans la basilique. L'entrée se fera par la porte près de l'autel d'Yvon Nicolazic et la sortie par le cloitre. Un accueil sera installé dans la basilique où l'on pourra demander des intentions de messe. Dans un lieu aménagé en respectant les distances sanitaires un prêtre se tiendra à la disposition de ceux qui souhaitent vivre le sacrement de réconciliation. Le port d'un masque est recommandé. A noter que les messes ne seront autorisées qu'à partir de la fête de Pentecôte avec certaines restrictions. Nous réfléchirons comment les mettre en place. Cette période est transitoire et nous affinerons au fil du temps ces dispositions en lien avec les autorités civiles et épiscopales.

Nous gardons les autres dispositions que nous vivons depuis deux mois, à savoir :

A 11h30, toutes les cloches du sanctuaire sonnent à la volée. Les chapelains, avec nos religieuses, célèbrent l'eucharistie en privé dans la basilique. Nous portons dans la prière les intentions de messe que vous nous avez demandées.

A 15h30, nous sommes invités à prier le chapelet en participant, éventuellement, au chapelet en direct de Lourdes sur les ondes de RCF.

A 19h00, je vais dans la basilique allumer les veilleuses qui ont été offertes, et je salue Ste Anne en votre nom. Voir : https://santacausa.com/collections/sainte-anne-dauray

A 20h00, les cloches de la basilique sonnent à la volée pour rendre hommage à tous ceux qui sont au service, d'une manière ou d'une autre, des malades de la pandémie.

Que Gabriel Deshayes, la Vierge Marie et Ste Anne, notre bonne grand-mère, nous accompagnent en ces heures difficiles et nous aident à vivre au mieux ces heures de déconfinement. Restons unis les uns aux autres. Pensons en particulier à ceux qui vivent difficilement cette crise sanitaire et pensons à tous ceux qui sont à leur service. Au nom des chapelains, je vous dis toute notre amitié. Gardons la joie de Pâques, en communion de prière, fraternellement,

P. Gwenaël Maurey, recteur du sanctuaire

Prière de la communauté

Sainte Anne, nous te prions...

Sainte Anne nous te prions. Sois la gardienne de la foi en nos cœurs, de la grâce en nos âmes, de la solidité de nos foyers, de l'amour dans nos familles, de la réconciliation dans l'Eglise, de la Paix dans le monde. Garde vivante en nous la vertu d'Espérance, comme cette flamme qui brûle devant toi, patiente et persévérante prolongeant notre prière. Sainte Anne veille sur nous. Amen

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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