Bonjour à tous,

« Dieu veut que je sois honorée ici » telle est la demande que Ste Anne fit à Yvon Nicolazic à Keranna, il y a 4 siècles. Depuis cette date, le sanctuaire n'a été fermé que pendant la Terreur au cœur de la Révolution… Or le sanctuaire est fermé depuis deux mois. Je partage la déception de nos évêques de ne pouvoir, dès le 11 mai, célébrer des messes publiques en respectant les règles de barrière sanitaire qui nous sont demandées. Après les quelques dérapages constatés sur le sanctuaire de non respect de ces règles alors que nous étions intégrés au cluster d'Auray, nous avons été obligés de fermer purement et simplement le sanctuaire. Compte tenu de l'attractivité plus large qu'une simple église paroissiale et à l'instar d'autres sanctuaires importants en France, ces mesures sont demandées et prises par les autorités administratives. Et, ce n'est ni le recteur du sanctuaire, ni l'évêque de Vannes qui décident de cela. J'entends encore cette personne me dire alors qu'elle avait un comportement à risque : « Ce n'est pas grave si je dois mourir c'est que mon heure est arrivée ». Elle oubliait cet acte de charité chrétienne de respecter les règles de barrière sanitaire pour ne pas transmettre le virus en particulier à des personnes à risque… A part ces quelques exceptions, je dois reconnaître que la quasi-totalité des pèlerins et des paroissiens ont respecté ces règles alors qu'elles étaient difficiles à vivre et à accepter pour chacun d'entre nous. Nous avons eu très peur lorsque nous avons constaté que le virus circulait même au sein du sanctuaire, et nous pensons à ceux qui ont été (ou sont encore) très malades. Nous avons aussi une pensée pour ceux qui nous ont quittés. Aujourd'hui, nous savons très bien que nous n'ouvrirons pas le sanctuaire du jour au lendemain comme si rien ne s'était passé. Ce sera, à partir du 11 mai, très progressif et il faudra respecter des règles exigeantes. Je comprends bien que les autorités politiques et sanitaires sont inquiètes, et que cette crise sanitaire inédite est compliquée à gérer mais comme le dit l'Ecriture : « L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » Matthieu 4,4. N'oublions pas la dimension spirituelle de l'homme. 

« Dieu veut que je sois honorée ici ». Ces jours-ci la liturgie quotidienne peut nous sembler paradoxale alors qu'elle nous invite à méditer le discours sur le Pain de Vie de St Jean (Ch. 6). Méditer sur l'Eucharistie alors que vous en êtes privés peut sembler effectivement paradoxal. Chez St Jean le récit de l'institution de l'Eucharistie est remplacé par le récit du lavement des pieds. Il nous dit que le Pain Eucharistique est fait pour être mangé et que cette communion doit déboucher sur une autre communion faite au service des autres et en particulier des plus pauvres, des petits et des malades. Vous êtes privés de la communion eucharistique, n'oubliez pas cette autre communion. Et n'oublions pas tous les beaux gestes de solidarité qui ont été posés en ces jours. Pensons aux soignants et à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre se mettent au service de ceux qui sont seuls ou malades et prions pour eux. C'est pour cela que les cloches de la basilique sonnent tous les soirs à 20h00. N'oublions pas, chacun d'entre nous, d'entrer dans ce mouvement de solidarité et de charité. C'est une façon de vivre de l'Eucharistie « source et sommet de toute vie chrétienne » (Vatican II).

« Dieu veut que je sois honorée ici ». Ainsi donc, si nous ne pouvons plus assurer le service de l'accueil au sanctuaire, si nous ne pouvons plus vivre ensemble la liturgie et en particulier la liturgie eucharistique il nous reste ces gestes de solidarité et la prière personnelle. Voici donc des propositions pour notre prière personnelle :

    En pensant à tout cela, puisque nous restons confinés, après nous avoir mis, la semaine dernière, sous le regard de St Gildas, je voudrais nous mettre à nouveau, comme dans ma première lettre sous le regard du Père Huby. Elève du Père Rigoleuc, il est né à Hennebont le 15 mai 1608. Jésuite, il est fondateur de l'œuvre des retraites. Il développe dans le diocèse, entre autres, l'œuvre de l'adoration du St Sacrement . Mgr de Rosmadec le poussa à étendre cette œuvre à tout le diocèse. Fondée à Vannes, cette pratique s'étendit à tout le diocèse puis à l'ensemble de la France. Avec le soutien du Père Rigoleuc, il poussa Louis Eudes de Kerlivio à la fondation du séminaire. L'évêque de Vannes lui confia la direction des retraites qu'il assura pendant 30 ans. Celles-ci eurent un tel succès qu'on surnomma Vannes « la mère de toutes les maisons de retraites du Royaume ». Il composa un certain nombre d'ouvrages de piété pour les laïcs. Le Père Huby est mort à Vannes le 22 mars 1693 à l'âge de 85 ans au cours de la retraite de Pâques. C'est dans cet esprit, que tous les adorateurs ont été invités à continuer leur service de prière à la maison à l'heure qui est la leur. Et ils sont invités à prier en particulier pour ceux d'entre nous atteints gravement par la maladie. Merci aux adorateurs pour ce service qui continue à la maison. Nous espérons que vous pourrez revenir au plus vite exercer ce service de la prière dans le sanctuaire lui-même. D'autres pourront peut-être les rejoindre. En attendant, l'équipe des adorateurs propose à tous une neuvaine de prière à compter du dimanche 3 mai alors que notre évêque vient prier devant l'image de Ste Anne. En annexe de cette lettre, je vous redonne la prière à Ste Anne en temps d'épidémie. J'y ajoute une autre prière à St Rock en nous rappelant que nous avons sur Mériadec une chapelle St Rock, saint que l'on invoque en temps d'épidémie et, à cause de son fidèle compagnon canin, saint protecteur des animaux… 

    Le service de la prière à domicile peut s'exercer aussi d'une autre manière par ce que l'on a appelé le bréviaire du pauvre. Le pape François, dans une courte lettre, nous invite à prier le chapelet. Je mets cette courte lettre en annexe avec l'une des prières à Marie qu'il nous propose. Déjà dans une très belle lettre apostolique « Rosarium virginis Mariae », le 16 octobre 2002, le pape Jean Paul II soulignait que le rosaire, tout en ayant une caractéristique mariale, était une prière dont le centre était Jésus lui-même. Je ne peux que vous inviter à relire cette lettre de ce Pape qui est venu à Ste Anne. Et regardez combien les mystères du chapelet sont avant tout des méditations évangéliques comme le soulignait Jean Paul II. Alors pourquoi, en ce temps de confinement et en ce mois de mai, ne pas répondre au Pape François en tentant cette aventure de la prière du chapelet. On peut commencer par une simple dizaine comme dans la neuvaine qui nous est proposé par les adorateurs et peu à peu, suivant les possibilités de chacun, ajouter d'autres dizaines. Mais attention, n'oubliez pas de méditer à chaque dizaine un mystère, c'est-à-dire au bout du compte, un passage d'évangile. Et ce n'est pas grave si vous prenez un autre passage de l'évangile… Attention, quand on prie le chapelet, on n'en sort jamais indemne… 

    Et nous gardons nos rendez-vous quotidiens que nous nous sommes donnés :

A 11h30, toutes les cloches du sanctuaire sonnent à la volée. Les chapelains, avec nos religieuses, célèbrent l'eucharistie en privé dans la basilique. Nous portons dans la prière les intentions de messe que vous nous avez demandées. 

A 15h30, je vais prier le chapelet en communion avec vous tous et je m'arrête devant la statue de Ste Anne pour lui confier toutes vos intentions de prière. C'est pour nous l'occasion de s'associer à la neuvaine de prière des adorateurs en participant au chapelet sur les ondes de RCF.

A 19h00, je vais dans la basilique allumer les veilleuses qui ont été offertes, et je salue Ste Anne en votre nom. Voir : ce lien 

A 20h00, les cloches de la basilique sonnent à la volée pour rendre hommage à tous ceux qui sont au service, d'une manière ou d'une autre, des malades de la pandémie.

Que la Vierge Marie et Ste Anne, notre bonne grand-mère, nous accompagnent en ces heures difficiles. Restons unis les uns aux autres. Pensons en particulier à ceux qui vivent difficilement dans la solitude ces jours de confinement. Au nom des chapelains, je vous dis toute notre amitié. Gardons la joie de Pâques, en communion de prière, fraternellement,

P. Gwenaël Maurey, recteur du sanctuaire

Prière par l'intercession de Ste Anne, St Joachim et la Vierge Marie

Dieu Notre Père, Seigneur et Maître de l'Univers, toujours attentif à la clameur de ceux qui t'invoquent, nous savons que tu restes proche de nous dans les difficultés et les joies de notre vie quotidienne.

Tu nous l'as montré dans la personne de ton Fils, Jésus, qui s'est fait homme pour être notre Sauveur.

Aujourd'hui encore, il ne nous laisse pas orphelins mais nous envoie l'Esprit Saint qui nous pousse à la prière.

C'est pourquoi, devant l'épidémie qui secoue notre monde, par l'intercession de notre bonne mère Ste Anne, de son époux St Joachim et de leur fille la Vierge Marie, nous nous tournons vers Toi, Dieu notre Père, avec foi et confiance. 

Nous te demandons aujourd'hui par leur intercession, la cessation de ce fléau pour que triomphe la foi sur la peur, la solidarité sur l'égoïsme et la Vie sur la mort. 

Nous te confions en particulier nos frères et sœurs malades, ainsi que tout le personnel de santé.

Toi le Dieu de bonté et de tendresse qui élève les petits et les pauvres, Prends pitié de nous et de notre monde. 

Amen !