Jour 8 - L'oraison en voyage
P. Léonard Dejean, Marches Tibétaines, 1898.
Léonard Déjean, (1846-1906), partit pour la mission du Tibet en 1869. Il occupa le poste de Chapa avant d'être nommé provicaire à Tatsienlou où il mourut du typhus. Comme tous ses confrères du Tibet, il dut passer une grande partie de son temps à voyager à pied en raison des difficultés du relief.
Au point du jour, nous nous mettons en route ; mes souliers de paille et mes bas ont été séchés au feu hier soir, je n'ai point eu les pieds entamés par ma chaussure comme je pouvais le craindre ; c'est plaisir de marcher à l'aube naissante, en faisant un bout d'oraison.
– Faites-vous votre oraison en voyage ? me demandait un jour un vieux missionnaire.
– Mais sans doute, quelle question !…
Oh ! oui l'oraison en voyage, je sais ce que c'est. Vous la commencez, mais quand la finissez-vous ?
Il faut l'avouer, c'est bien ainsi que les choses se passent : on commence, on recommence, les incidents de la route, le spectacle de la nature, un rien vous distrait. Il ne faut donc pas vouloir faire une oraison en trois points, selon la méthode ordinaire, mais se contenter de tenir le coeur élevé vers Dieu en suivant le plus possible son sujet ; cette oraison en vaut bien une autre, d'autant plus qu'on peut la continuer toute la journée. Il y a le soldat à l'exercice et le soldat en campagne ; pimpant et astiqué, le séminariste en chambre est le soldat à la revue ; crotté, dépenaillé, le soldat en campagne est le missionnaire en voyage. C'est surtout alors que l'on a mille occasions de mettre en pratique toutes les belles considérations que l'on a pu faire jadis au coin d'un bon feu spirituel.
Merci ! 15 personnes ont prié
Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6