Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l'heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t'ai glorifié sur la terre en accomplissant l'œuvre que tu m'avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde existe. J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé.
Moi, je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. » (Jn 17, 1b-11a)

Glorifier Dieu

Dans la Bible, « glorifier » quelqu'un veut dire manifester sa gloire, faire connaître le rayonnement de sa personne. Mais il y a une fausse gloire et une vraie gloire : il y a la « vaine gloire », celle que cherchent les pharisiens quand ils se donnent en spectacle (Mt 6, 2), celle qui nous emprisonne dans l'image, avantageuse ou non, que les autres ont de nous ; il y a la « gloire » tout court, celle qui nous tourne vers autrui et nous pousse à partager nos biens, celle qu'un père trouve dans ses enfants, un ami dans ses amis. C'est de cette « vraie » gloire, évidemment, que Jésus est désireux, lui qui veut donner la vie éternelle à ceux que [le Père lui] a donnés, et qui met sa gloire à nous transmettre la connaissance du seul vrai Dieu. Il nous a ouvert les yeux sur sa bonté sans mesure. Il ne l'a pas fait comme un maître qui livre une doctrine, mais dans sa prière au Père qu'il a dit plus grand (Jn 14, 28), dans son humble déférence envers celui qui nous le donne et qui nous donne à lui. Sa prière nous a donc précédés comme l'inébranlable rocher qui nous soutient, comme la réalité plus que réelle à laquelle nous pouvons consentir. Non par un « oui » dont nous serions propriétaires, mais par un « oui » gratuitement donné qui nous donne part à l'éternelle Gloire.

Michel Corbin, s.j.

Michel Corbin, jésuite, est professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris et professeur invité au centre Sèvres.