"Où t'es-tu caché, Bien-Aimé"

Image de la publication

Samedi Saint, 11 avril, Année A


"Où t'es-tu caché, Bien-Aimé"


Tout est silence, absence, manque, manque de Celui qui était notre espérance, notre Route, notre Lumière.

Nous faisions route avec Lui, et puis, tout est allé très vite.

La trahison, l'engrenage du péché, l'oubli de ce qui était mes promesses, mes assurances…

Et tout s'écroule, tout s'écroule de ce qui faisait mes certitudes…!


Une main vient qui se pose sur mon épaule…


Si tout est absence et silence, le Seigneur est il définitivement disparu pour autant ou bien, poursuit il son œuvre de Rédemption au delà de mes désespérances?


Des chrétiens Cambodgiens m'ont raconté la mort de Mgr Salas durant le génocide Khmer rouge, et comment sa croix pectorale fut enfouie par les chrétiens.

Il fallait la protéger, la cacher…

Mais cette croix, enfouie, était en fait, semence…!

Par delà la désespérance, par delà les larmes et le sang, cette croix produisait son fruit, elle était le signe de ce que nous vivons aujourd'hui.


Jésus est mort, et il a été enseveli.

Il veut par là, épouser cette réalité même qui est celle de chacun, il veut par delà la vie, partager chacune de nos réalités.

Il veut aller plus loin encore.


Le Christ par sa mort et sa descente aux enfers, veut me dire que le plan de Salut est inscrit jusqu'en cet appel: “réveil toi, oh toi qui dort”, adressé à  ceux qui gisent aux profondeurs de l'enfer. 

La mort est soudain visitée, elle est vaincue, par cette visite de Celui qui l'a dépasse merveilleusement par sa puissance de vie.

Si Jésus s'est endormi, il nous faut l'attendre, il nous faut le veiller, il nous faut descendre au plus intime de nous-même, au plus intime des profondeurs de notre péché, de tout ce qui est rupture d'alliance avec le Seigneur, il nous faut vraiment désirer d'un profond désir, le retour du Bien Aimé.


Un temps il demeura avec nous, et le voilà disparu à notre regard, nous voilà privés de sa présence amoureuse, de cette présence qui nous désirait, qui sollicitait d'un profond désir notre amour.

Et moi, avais je véritablement conscience de son Amour? Avais je une réponse adaptée à ses appels, à sa quête de mon don total pour qu'il put enfin établir en moi sa demeure?


“ô flamme d'amour, vive flamme,

Qui me blesses si tendrement

Au plus profond centre de l'âme!

Tu n'es plus amère à présent,

Achève donc, si tu le veux:

Romps enfin le tissu de cet assaut si doux!”(1)


Si donc le Seigneur m'est absent, si cette absence m'est épreuve, si elle me donne à languir son retour, son retour n'en sera pas moins spectaculaire, qui ramènera à Lui les brebis dispersées, par delà l'espace et le temps, par delà leur faute, qui réveillera aussi mon désir, qui ravivera ma tiédeur, qui purifiera mon amour, qui enflammera mon désir, ma quête de mon Bien Aimé .


“Où t'es-tu caché, Bien-Aimé,

Me laissant tout gémissante?

M'ayant blessée; mais à ta suite,

En criant, je sortis. Hélas, vaine poursuite!(...)


Eteins, je t'en prie, mes ennuis,

Car nul autre n'en est capable,

Et que mes yeux enfin te voient,

Toi leur lumière véritable,

Car pour toi seulement j'en veux avoir l'usage.”(2)


Ainsi disposés, dans le silence et la solitude, dans la quête et la réflexion de ce qui fut notre vie, dans l'attente du retour du Christ, nous pourrons alors mieux accueillir sa Lumière, sa présence bienheureuse, lorsqu'il reviendra.


Mais, dans cette attente, avec Marie, prions en communion avec tous ceux qui partagent la douleur de la perte d'un être cher, soyons en communion de prière avec eux dans leur peine, faisons monter à Dieu notre prière, afin qu'il accueille auprès de Lui, nos frères et sœurs défunts. 


Prions aussi et supplions, pour ceux qui luttent, se trouvent soudain perdus, désespérés, devant un fléau qui les dépasse, afin que le Seigneur leur vienne en aide, les console, leur apporte la Paix, la guérison.


Le Seigneur s'en est allé, veillons, dans l'attente de son retour!


Amen


  1. “Chant de l'âme” Saint Jean de la Croix, Œuvres complètes, traduction Mère Marie du Saint Sacrement, Ed. Cerf

  2. “Le cantique spirituel B” Saint Jean de la Croix, Œuvres complètes, traduction Mère Marie du Saint Sacrement, Ed. Cerf


HOMÉLIE ANCIENNE POUR LE GRAND ET SAINT SAMEDI

« Éveille-toi, ô toi qui dors »


Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler. ~


C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort. Oui. c'est vers Adam captif, en même temps que vers Ève, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. ~


Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.


« C'est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c'est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À  ceux qui sont endormis : Relevez-vous.


« Je te l'ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t'ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d'entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d'ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.


« C'est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c est pour toi que moi, le Maître, j'ai pris ta forme d'esclave ; c'est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c'est pour toi, l'homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c'est pour toi, qui es sorti du jardin, que j'ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j'ai été crucifié dans un jardin.


« Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.


« Vois la flagellation sur mon dos, que j'ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois. ~


« Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t'es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Ève. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.


« Lève-toi, partons d'ici. L'ennemi t'a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t'installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t'ai écarté de l'arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu'un avec toi. J'ai posté les chérubins pour qu'ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t'adorent comme un Dieu. ~


« Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »




Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

Merci ! 27 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

loader

Soli Deo

Je m'inscris