"C'est moi!"

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vendredi 10 avril ,Vendredi Saint, Année A


Chers amis, dans notre cheminement à la suite de Jésus, nous devons aujourd'hui marcher avec Lui derrière sa Croix, peut être même, nous chargerons nous de sa Croix!


Les textes, de l'Evangile notamment, étant très longs, je n'en retiendrai que quelques extraits, comme points d'appui d'une réflexion qui voudrait nous aider à relire l'ensemble des textes, afin de communier à ce moment si tragique, mais aussi, si important de la vie du Christ, et donc, de la notre!


Peut être êtes vous entrés dans une église ce matin, pour en découvrir que ce qui était comme un point d'appui de votre dévotion, avait disparu!

Dieu aurait il donc disparu, se serait elle évanouie notre espérance, à quoi bon nous être donné tant de peine pour que soudain disparaisse de notre horizon tout espoir!


Je me rendis au matin, en esprit, dans cette prison de femmes, pour y rejoindre cette femme sortant du mitard.

Elle était si défigurée! Je ne voulais rien savoir de ce qui l'y avait conduit, je ne voulais savoir que Jésus, Jésus capable de transfigurer sa peine, sa désespérance!


“Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s'élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu'il ne ressemblait plus à un homme.”


Il y a quelques temps dans un train, une jeune femme prenait place en face de moi. Nous avions tous deux un signe commun, la Croix de Jésus Christ.

Une foi découverts nos prénoms, je découvrais à son côté une Bible. Après lui en avoir demandé l'autorisation, je m'emparais du précieux trésor, et tombais sur le Chapitre 52 d'Isaïe que je lisais à haute voix. “Que c'est beau!” s'exclamait ma sœur en Jésus Christ.


Nous étions alors en communion tous deux, lors de ce trajet qui soudain nous déconnectait de notre réalité, de nos préoccupations, pour les centrer sur Jésus Christ, pour leur donner une nouvelle perspective, cette victoire de Jésus Christ sur le mal, cette victoire de Jésus Christ sur la Croix.


Pour autant, il me fallait revenir à cette réalité, cette réalité d'une église dépouillée, d'une soeur nouvellement sortie du mitard.

La réalité de cette femme cependant, s'incarnait dans celle de Jésus Christ souffrant et vainqueur. Et au fur et à mesure des rencontres, je découvrirais comment ma soeur serait transfigurée, comment elle en viendrait à être elle-même, témoin de cette Parole qui donne vie, comment elle la proclamerait!


Oui, la Parole du Christ nous transforme, parce qu'elle est Parole de Dieu!


“« Qui cherchez-vous? » Ils lui répondirent : « Jésus le Nazaréen. » Il leur dit : « C'est moi, je le suis. »  Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C'est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre.”


“Ils tombèrent à terre!” Ainsi en est il de ces hommes qui entendent cette simple parole: “C'est moi!”

Imaginons cette cohorte ainsi foudroyée par la parole d'un seul homme qui affronte son destin, qui affronte la violence des armes, sans crainte, sans peur aucune du lendemain.


Qu'adviendra t il de cette légion qui se présente à moi? “C'est moi!” 


Face à la volonté de Dieu inébranlable, pourquoi chercher à fuir, pourquoi éviter cette tendresse du Père qui se pose sur moi, et écrit une nouvel page de ma vie?

J'admets que je n'y vois plus très clair, j'avoue que sans ce qui faisait mes appuis, je suis un peu perdu. Mais il y a cette réponse du Christ: “C'est moi!”, qui vient me libérer de la peur, qui vient me libérer de la peur d'affronter ce qui était comme une angoisse paralysante, une angoisse qui me maintenait cloué au sol.


“C'est moi!” Le Christ continue ainsi son chemin Pascal, il continue ce chemin dont il nous a si souvent parlé. Aujourd'hui, ce chemin sera chemin de ténèbres, d'abnégation, de remise entre les mains du Père.


Et moi, suis-je capable de continuer la route lorsque toutes mes sécurités sont comme vacillantes, voir anéanties?

Le Christ me montre aujourd'hui le chemin d'un salut qui s'écrit avec une apparente faiblesse, avec un échec apparent, celui de la mort.


Lorsque nos sociétés font du tri sélectif, le Seigneur m'invite à être missionnaire de la Charité, de la Miséricorde. Il m'invite à vivre, à l'image du Christ, ces moments d'abandon, appuyé sur le Christ, et à être une cellule d'accueil pour tous ceux qui, à son image, vivent, ou sont prêts à vivre cette traversée des ténèbres!


“« Moi, j'ai parlé au monde ouvertement. J'ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n'ai jamais parlé en cachette. Pourquoi m'interroges-tu ? Ce que je leur ai dit, demande-le à ceux qui m'ont entendu. Eux savent ce que j'ai dit. » À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant :« C'est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! »”


Jésus est face à ses contradicteurs, Jésus, qui a toujours été fidèle à la Vérité, avance dans cette recherche permanente de la Vérité. Il ne cherche pas à préserver sa vie, car “c'est, lui qui la donne”, mais il préfère préserver cette liberté que donne la recherche de la Vérité.

Jésus demeure dans cette Vérité qui est conformité au Père. Et cette conformité à la volonté du Père, le met aujourd'hui face à ses contradicteurs, mais qu'importe:


“Bien qu'il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l'obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.”


Jésus nous devient modèle d'obéissance, modèle d'abandon.

Tant d'homme se sont retrouvés en cellule pour avoir fait la volonté de Dieu, pour s'être conformés à un appel du Seigneur.

Jamais le Seigneur ne les a oubliés, mais il est venu, d'une manière ou d'une autre, les libérer.

Il nous faut cependant découvrir la réponse de Dieu, inscrite dans nos vies, au delà même de nos concepts, au delà même des réponses que nous attendrions.

Lorsque je m'inscris dans un total abandon à la Volonté de Dieu, alors je découvre sa volonté, sa réponse pour moi, dans ma vie.


“«Est-ce que moi, je ne t'ai pas vu dans le jardin avec lui ? » Encore une fois, Pierre le nia. Et aussitôt un coq chanta.”


Plusieurs fois, Pierre a été interrogé, et plusieurs fois, il a nié, plusieurs fois il a renié son Maître!

“Est ce que je ne t'ai pas vu dans le jardin?” Je suis peut être ici renvoyé à la faute originelle, à la faute de mes premiers parents en Eden. Il y a une faute à laquelle le Christ vient apporter un remède. Et c'est à ce moment précis que le chant du coq vient me rappeler ma promesse, me rappeler que je suis moi aussi, pécheur, blessé de cette blessure originelle, mais je sais aujourd'hui cette chose extraordinaire, que grâce à la Croix, je deviens un pécheur pardonné.


“ Ma royauté n'est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n'est pas d'ici.”


Jésus m'invite à saisir le décalage qui existera toujours entre son procès, sa mise en croix, et la réalité de sa nature divine.

J'ai du mal à saisir cette transcendance à laquelle m'appelle le Seigneur Jésus.

Je voudrais tellement qu'il devienne mon égal en tout, alors que Lui m'appelle à partager sa Royauté, m'invite à élever mes désirs, à dominer mes passions, à sortir du cercle infernal du péché.


“À mort ! À mort ! Crucifie-le!”


J'ai abandonné ce combat contre le mal, j'ai résolu de renier la Vérité, j'ai résolu de renier Jésus, de ne pas le reconnaître lorsqu'Il ma tendu la main!

Combien de fois vais-je moi aussi le crucifier aujourd'hui, vais-je refuser sa Parole, ses commandements?


“Alors, il leur livra Jésus pour qu'il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus. Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C'est là qu'ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu'il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs.”


Jésus est donc crucifié, il est allé jusqu'au terme de son pèlerinage terrestre, de la crèche à la Croix!

Nous pourrions nous dire qu'il a ainsi accompli la volonté du Père de la manière la plus parfaite que nous pouvions imaginer, en livrant son corps à la mort, à l'anéantissement.

Peut être était ce sans imaginer que le Seigneur devait aller plus loin encore, parvenir à un anéantissement plus grand, plus total!


“Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c'était une tunique sans couture, tissée tout d'une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : A. « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l'aura. » L. Ainsi s'accomplissait la parole de l'Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C'est bien ce que firent les soldats.”

L'humanité, non contente d'avoir ainsi renié, jugé, tué le propre Fils de Dieu, a encore voulu partager au sort et tirer au sort son vêtement.

Plus rien ne pouvait rester sur la Croix, de Celui qui avait voulu tout donner, tout partager.

Il ne devait ainsi demeurer sur cette Croix, que ce qui faisait sa force, sa raison d'être, il n'en devait plus rester que l'Amour!


“Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. ». Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l'Écriture s'accomplisse jusqu'au bout, Jésus dit : « J'ai soif. » Il y avait là un récipient plein d'une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d'hysope, et on l'approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la tête, il remit l'esprit.”


Saint Jean témoigne comment se construisit l'Église primitive, lorsqu'au pied de la Croix, dans tant de souffrances, Jésus, dans un dernier souffle, confia Marie à Jean, et Jean à Marie.

Jean, Marie, deux prénoms associés mystérieusement par le Christ Lui-même avant sa mort, et qui fondent l'Eglise. 

Il peut alors s'exprimer une dernière fois, exprimer sa soif, soif peut-être de retourner à Celui de qui il provient, de Celui à qui Il retourne, de Celui en qui Il se complet, de Celui en qui seul ce mystère de la Croix trouve sa raison, avec cette humanité qui désormais, deviendra indissociablement liée à l'Amour de la Trinité Divine.


“Comme c'était le jour de la Préparation (c'est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d'autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu'on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l'autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu'il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s'accomplisse l'Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l'Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont transpercé.”


Alors que Jésus s'est désormais abreuvé éternellement à la source de l'Amour du Père, il peut désormais nous donner à boire cette eau vive promise, et c'est alors que tout s'accomplit, lorsque dans un dernier acte de partage, la lance vient ouvrir la source jaillissante de vie qui coule de son côté transpercé.

Ainsi, de son corps fixé sur la Croix, jaillissent les fontaines de son Sang et d'Eaux vives!


“À l'endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n'avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c'est là qu'ils déposèrent Jésus.”


Il ne nous reste plus désormais qu'à veiller avec le Christ, afin qu'avec le Christ, nous puissions rouler la pierre de tous les tombeaux!


Amen!




Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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