"Ceci est mon corps qui est pour vous!"

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9 avril 2020,Jeudi Saint, Année A

Messe du soir


"Ceci est mon corps qui est pour vous!"


“Sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est sorti de Dieu et qu'il va vers Dieu.


Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint.


Il verse ensuite de l'eau dans un bassin et commence à laver les pieds de ses disciples et à les essuyer avec le linge dont il est ceint.


Il arrive ainsi à Simon-Pierre qui lui dit: “Toi Seigneur me laver les pieds!” 

Jésus lui répond: “Ce que je fais, tu ne peux le savoir à présent, mais par la suite tu comprendras.”


Pierre lui dit: "Me laver les pieds à moi! Jamais!”

Jésus lui répondit: "Si je ne te lave pas, tu ne peux avoir part avec moi.”

Simon Pierre lui dit: ”Alors Seigneur, non pas seulement les pieds, mais la main et la tête!”


Jésus lui dit: “Celui qui s'est baigné n'a nul besoin d'être lavé, car il est entièrement pur: et vous, vous êtes purs, mais non pas tous.” Il savait en effet qui allait le livrer; et c'est pourquoi il dit: "Vous n'êtes pas tous purs.”


Lorsqu'il eut achevé de leur laver les pieds, Jésus prit son vêtement, se remit à table et leur dit: “Comprenez-vous ce que j'ai fait pour vous? Vous m'appelez “Le Maître et le Seigneur et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les aux autres; car c'est un exemple que je vous ai donné: ce que j'ai fait pour vous, faites le vous aussi.”


Extraits version TOB


“Parlez ainsi à toute la communauté d'Israël : le dix de ce mois, que l'on prenne un agneau par famille, un agneau par maison.(...)on l'immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l'on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera.”


Frères et sœurs bien aimés, le livre de l'Exode nous livre, dans un style auquel nous ne sommes peut être pas habitué, la vérité de ce que nous allons vivre aujourd'hui.

Si le style est brutal, il n'en demeure pas moins le reflet d'une réalité, un Agneau se livre en pâture, un Agneau se donne à manger, et cet Agneau, c'est le Christ Jésus. Et ce soir, Jésus en instituera un mémorial.


Cependant, avant d'être cet Agneau Pascal qui se donne à manger, Jésus est avant tout, Celui qui sert, Celui qui s'abaisse, Celui qui se fait petit, qui vient laver les pieds.


La rencontre de Jésus doit se concrétiser dans nos vies, par cette première aventure qu'est la rencontre de l'autre dans mon frère le plus délaissé, le plus abandonné, le plus méprisé, celui-là même que je ne veux pas rencontrer. Il me faut alors demander au Seigneur Jésus sa Grâce afin de me mettre à ses pieds, afin de lui laver les pieds, d'aller l'embrasser, de faire ma demeure chez lui.


Jésus pose aujourd'hui des gestes forts. Il dépose son vêtement, il se ceint d'un linge, celui-là même qui servira à nettoyer les pieds de ses disciples.


“Comprends tu ce que je viens de faire?” interroge Jésus.


Jésus me demande si je saisi véritablement ce qui va se passer, Jésus va lui-même nettoyer ma faute, il va s'en imprégner au point de la supprimer. C'est son offrande sur la Croix qui va permettre cela.


Lorsque tu vois Jésus sur la Croix, tu vois ta faute transfigurée en son corps, désormais Agneau offert, Agneau Glorieux, Agneau Vainqueur! 

Ce que tu es invité(e) à contempler, c'est cet Agneau immolé, qui vient laver tes fautes de ses larmes versées.


Il y a dans ce dialogue entre Jésus et Pierre, comme un cheminement. Comme si Jésus éduquait Pierre, lui donnait d'entrer peu à peu dans le mystère.

Jésus fait peu à peu entrer Pierre avec la Samaritaine, dans le mystère de cet eau qui vivifie, dans ce baptême dans la mort et la Vie du Seigneur Jésus, dans sa Résurrection.


Et cette Résurrection, cette vie, passe par cette descente, cette humilité du serviteur, du Serviteur.

Oui, Jésus me demande de consentir à un anéantissement, un anéantissement de tout mon être, de ses passions, de ses désirs, afin d'entrer avec le Christ, dans la dimension de la Résurrection, dans la dimension de son Amour sauveur, son Amour qui viendra au matin de Pâques, m'aider à rouler la pierre de tous mes tombeaux.


Mais avant de connaître la résurrection, il me faut connaitre avec le Christ, à sa suite, un anéantissement.

Il n'y a pas d'échappatoire, il n'y a pas de chemin de traverse. Jésus m'entraine avec Lui dans la Vie, dans sa puissance de Résurrection, à condition que je consente, avec Lui, en un anéantissement en vue d'une Victoire sur le mal.


A la date d'aujourd'hui, la Règle de St Benoît indique:” L'Abbé aura toujours à sa table les hôtes et les pèlerins.”

Par là, notre bienheureux Père, nous rappelle à cette dimension de l'accueille et du service.

Nous ne sommes pas déconnectés de la réalité, déconnectés de nos frères. Jésus nous a bien au contraire connectés à une réalité fondamentale qui est celle de la charité qui se donne, qui s'incarne dans la réalité de mon existence.


Une Carmélite me faisait remarquer la dimension du repas dans la vie de Jésus, et comment les moines de Tibhirine, l'avait incarnée dans leur vie, comment ils se réunissaient autour d'un repas avant ces décisions déterminantes qui furent celles qu'ils ont du prendre lorsque confrontés au danger, ils sentaient en eux ce profond désir, cet appel de témoigner d'un appel plus grand encore, celui de témoigner de l'Amour de cette Résurrection qui les avait un jour amenés à tout quitter, pour un don total dans la prière.  


“Lui qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu'à l'extrême.”


Amour extrême! Jésus, va jusqu'à l'extrême dans ce qu'il peut donner, d'amour, d'abaissement. Il ne s'agit pas pour lui de réaliser un records, une performance.

Dans son Amour, épuré, dénué de toute recherche précisément de tout ce qui peut ressembler à une quelconque quête humaine, Jésus, dans le profond silence qui le relie au Père, s'abandonne dans cet Amour qui est puissance de Résurrection.

Il s'abandonne dans ce qui est toute sa vie, et qui va devenir la nôtre.


L'Amour! Oui, il ne reste plus que l'Amour dans toute cette vie donnée, cette vie offerte, et c'est cet unique Amour qui écrit chaque acte posé, qui guide toute sa vie donnée.


Jésus aime ses apôtres jusqu'à l'extrême, il ne nous reste plus alors qu'à demeurer dans le silence afin de contempler, d'intérioriser, de tenter de saisir un peu de ce mystère d'une vie donnée, par Amour, pour l'Amour.


Il ne nous reste plus qu'à tenter de nous livrer nous-même par Amour au Seigneur, entrer dans l'inévitable combat, celui-là même que Jésus a vécu, celui-là même qu'il nous invite à vivre avec Lui en ces derniers jours, afin de ressusciter avec Lui.


Alors ensemble, avec mon frère myopathe, avec tant de souffrants de par le monde, tant d'abandonnés, tant de silences et de cris de tortures, nous avancerons vers le matin de Pâques, vers nos tombeaux, afin d'en découvrir la pierre désormais roulée!


En ce jour si particulier, en ce jour où Jésus vécut et invita à un tel don dans l'Amour, je ne puis 

que penser à tous mes amis prêtres, religieux et religieuses, tant de vies données par Amour du Seigneur, au service de l'Amour.

Au delà de nos rencontres, de nos brefs échanges ou de nos sourires furtifs, que chacun sache que, dans le secret de la prière, ils, elles, demeurent dans ma prière!

Amen!


"La vocation à laquelle chacun de nous est appelé doit s'incarner concrètement en un temps et un lieu donné, elle doit s'incarner véritablement, prendre chair en notre vie. Si nous étions laissés à nos propres forces naturelles, sans doute l'appel divin serait-il difficilement réalisable. Mais le chemin de l'intériorité n'est pas une simple introspection, il cause aussi une transformation intérieure. Ce ne sont pas seulement les pôles dans leur ensemble qui sont unifiés pour réaliser la vocation à laquelle Dieu nous appelle et permettre ainsi d'avancer, c'est aussi Dieu lui-même qui vient au-devant de l'orant, et qui transforme son âme et son cœur. En d'autres termes, le chemin du discernement de la vocation personnelle passe par un dépouillement préalable de ce que nous croyons être, puis par la manifestation de ce que nous sommes vraiment, enfin par la découverte de l'appel. Le chemin intérieur conduit alors à un nouveau point de départ, celui de la transformation intérieure, la “percée d'une nouvelle vie”:


“Voici ce que ceux qui connaissent la vie intérieure ont expérimenté de tous temps: ils sont entrés dans leur fort intérieur à travers quelque chose qui attire plus fortement que tout le monde extérieur; ils ont expérimenté là la percée d'une nouvelle vie, forte et plus élevée, la vie surnaturelle et divine.”(1)"

  1. Edith Stein, Endliches und ewiges Sein, in Werke, t.II, p.407


in “Le discernement selon Edith Stein”, Vincent Aucante, Ed. Paroles et Silence Paris




Prière de la communauté

Acte d'amour du Curé d'Ars

Je vous aime, ô mon Dieu, Et mon seul désir est de vous aimer Jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer. Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement. Je vous aime, ô mon dieu, Et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on y aura jamais La douce consolation de vous aimer. Ô mon Dieu, Si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, Du moins, je veux que mon cœur Vous le répète autant de fois que je respire. Ah ! Faîtes-moi la grâce de souffrir en vous aimant, De vous aimer en souffrant, Et d’expirer un jour en vous aimant en sentant que je vous aime. Et plus j’approche de ma fin, Plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il.

Merci ! 22 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Soli Deo

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