Carême jour 23 - Lundi IV (23/03/20) : Retour à Cana !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du prophète Isaïe : 

Ainsi parle le Seigneur : Oui, voici : je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l'esprit. Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. Car je vais recréer Jérusalem, pour qu'elle soit exultation, et que son peuple devienne joie. J'exulterai en Jérusalem, je trouverai ma joie dans mon peuple. On n'y entendra plus de pleurs ni de cris. Là, plus de nourrisson emporté en quelques jours, ni d'homme qui ne parvienne au bout de sa vieillesse ; le plus jeune mourra centenaire, ne pas atteindre cent ans sera malédiction. On bâtira des maisons, on y habitera ; on plantera des vignes, on mangera leurs fruits.

De l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean :

En ce temps-là, après avoir passé deux jours chez les Samaritains, Jésus partit de là pour la Galilée. – Lui-même avait témoigné qu'un prophète n'est pas considéré dans son propre pays. Il arriva donc en Galilée ; les Galiléens lui firent bon accueil, car ils avaient vu tout ce qu'il avait fait à Jérusalem pendant la fête de la Pâque, puisqu'ils étaient allés eux aussi à cette fête. Ainsi donc Jésus revint à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Or, il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm. Ayant appris que Jésus arrivait de Judée en Galilée, il alla le trouver ; il lui demandait de descendre à Capharnaüm pour guérir son fils qui était mourant.
Jésus lui dit : « Si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! » Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends, avant que mon enfant ne meure ! » Jésus lui répond : « Va, ton fils est vivant. » L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit. Pendant qu'il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant. Il voulut savoir à quelle heure il s'était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C'est hier, à la septième heure (au début de l'après- midi), que la fièvre l'a quitté. » Le père se rendit compte que c'était justement l'heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils est vivant. » Alors il crut, lui, ainsi que tous les gens de sa maison. Tel fut le second signe que Jésus accomplit lorsqu'il revint de Judée en Galilée. (Jn 4, 43-54)

Parti de chez toi parce que tu n'avais pas été accueilli, te voilà de retour à Cana, là où tu as changé l'eau en vin lors d'un mariage. Un fonctionnaire du roi vient te trouver parce que, sans doute ayant entendu parler de tes miracles, et inquiet pour son fils malade et mourant dans la ville de Capharnaüm, il n'a d'autre recours que toi. Acte de désespoir, on pourrait bien blâmer cet homme, lui reprocher son comportement intéressé, et pourtant, nous sommes à bien des égards identiques. Les moments heureux sont les plus nombreux dans notre vie. Il est rare, dans ces instants, d'entendre ou de dire  « merci, Seigneur ! » En revanche, les drames, les maladies et les deuils, ces passages tragiques qui nous marquent au fer rouge, nous poussent vers toi dans une grande lamentation, et l'espérance d'un miracle. Voilà une marque de notre humanité, qui par ailleurs est visible dans toute l'histoire du peuple d'Israël.

Au départ, ta réaction semble un peu sèche : « si vous ne voyez pas de signes et de prodiges, vous ne croirez donc pas ! » Mais le fonctionnaire ne se démonte pas. Il te demande de venir chez lui. Mais toi, à qui rien n'est impossible, tu lui dis : « ton fils est vivant. » Le fonctionnaire n'en demande pas plus : il croit et part, jusqu'à ce qu'on vienne lui expliquer que son fils est guéri, et ce depuis le moment où tu venais de prononcer cette parole.

Sans doute, Seigneur, as-tu senti dans le cœur de cet homme la Foi, la vraie Foi immense qui l'animait. Parce qu'il a eu la Foi, tu as réalisé ce prodige ! Car en effet, il est loin de son fils, il ne sait pas si ta parole a eu un effet, il n'est pas très bien vu de te parler, mais il part, confiant, c'est-à-dire avec foi.

Attendre un miracle, un prodige, revient à demander une preuve de ton existence. Il nous est, à tous, arrivé d'être dans cette attente. Lorsque les temps sont durs, que nos croyances sont arides dans des déserts existentiels, un petit bout de ciel nous aiderait bien à remonter la pente, et à être de nouveau à ta suite.

Nous n'obtenons pas forcément ce signe. Ou pas tout de suite. Sûrement sommes nous, à ces instants, beaucoup trop aveuglés par nos peines, nos colères, nos péchés. Mais certainement aussi, nous ne savons pas demander. Nous ne savons pas te parler. Nous sommes comme des enfants qui pleurent et qui sont incapables de prononcer un mot, en espérant que tu devineras, que tu feras le travail pour nous.

« Demandez, et vous obtiendrez. » 

Demander, c'est accepter de s'abaisser à la condition de serviteur, à la condition de mortels, à la condition de non-contrôle. Demander, c'est lâcher ce même contrôle, c'est dire : « je n'y puis rien, cela me dépasse, cela est au-dessus de moi, alors je m'en remets à toi ! » Demander est un acte d'abandon.

Oui, Seigneur, c'est ce que fait le fonctionnaire royal : son fils est perdu, il ne peut rien faire, il prend le chemin, te rejoint là où tu es, et s'abandonne à toi et à ta volonté. Nous avons l'esquisse de l'attitude que tu attends.

Accepter de s'avouer vaincu, perdu, en demande. Accepter de n'y pouvoir rien faire. Te chercher là où tu es, dans nos cœurs, et s'abandonner à toi, totalement, complètement, entièrement. De là les demandes couleront comme des fleuves d'eau vive. De là, nous nous soumettrons à ta volonté.

Nous obtiendrons.

Mais nous obtiendrons quoi ?

Pas forcément selon notre désir, mais selon ta volonté, qui, est, de toutes les façons, bonne, et la meilleure pour nous !

Seigneur, écoute nos supplications, nos prières, nos demandes, avec indulgence, même si avant que nous demandions tu sais déjà ce dont nous avons besoin, pardonne-nous nos péchés et nos manquements ;

O Christ, sois sur notre route, pour que facilement, comme le fonctionnaire, nous te trouvions, nous t'écoutions, et que ta simple présence nous transcende pour que, sans preuve, sans voir, nous puissions te suivre ;

Esprit-Saint, pénètre nos cœurs durs de pierre, et fais en des cœurs tendres de chair, dans l'abandon au Père, dans l'abandon à la Providence, dans l'abandon à la Divine Volonté.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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