Carême Dimanche IV (22/03/20) : ta Lumière pour voir !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du premier livre de Samuel :

En ces jours-là, le Seigneur dit à Samuel : « Prends une corne que tu rempliras d'huile, et pars ! Je t'envoie auprès de Jessé de Bethléem, car j'ai vu parmi ses fils mon roi. » Lorsqu'ils arrivèrent et que Samuel aperçut Éliab, il se dit : « Sûrement, c'est lui le messie, lui qui recevra l'onction du Seigneur ! » Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils,
et Samuel lui dit : « Le Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là. » Alors Samuel dit à Jessé : « N'as-tu pas d'autres garçons ? » Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. » Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu'il ne sera pas arrivé. » Jessé le fit donc venir : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau. Le Seigneur dit alors : « Lève-toi, donne-lui l'onction : c'est lui ! » Samuel prit la corne pleine d'huile, et lui donna l'onction au milieu de ses frères. L'Esprit du Seigneur s'empara de David à partir de ce jour-là.

De l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean : 

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l'interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n'ont péché. Mais c'était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m'a envoyé, tant qu'il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l'aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L'aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l'avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C'est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c'est quelqu'un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C'est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il me l'a appliquée sur les yeux et il m'a dit : ‘Va à Siloé et lave-toi.' J'y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j'ai vu. Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. » On l'amène aux pharisiens, lui, l'ancien aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n'est pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat. » D'autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il dit : « C'est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C'est pourquoi ils convoquèrent ses parents, et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu'il est né aveugle ? Comment se fait-il qu'à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c'est notre fils, et qu'il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s'expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu'ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s'étaient déjà mis d'accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! » Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l'homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n'en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j'étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t'ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit, et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m'entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l'injurier : « C'est toi qui es son disciple ; nous, c'est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d'où il est. » L'homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d'où il est, et pourtant il m'a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n'exauce pas les pécheurs, mais si quelqu'un l'honore et fait sa volonté, il l'exauce. Jamais encore on n'avait entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n'était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu'ils l'avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c'est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n'auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !', votre péché demeure. » (Jn 9, 1-41)

Un miracle, une manifestation et une enquête. Voici, Seigneur, ce que nous rapporte l'évangéliste Jean dans ce récit de la guérison de l'aveugle né. Le thème de la cécité est récurrent dans le nouveau testament. Handicap par excellence, il est celui de la domination des ténèbres face à la lumière. Non pas, qu'il en soit bien entendu, que les aveugles soient dans les ténèbres spirituelles, mais il s'agit là d'un exemple qui, une fois de plus, viens questionner notre Foi et nous enseigner. Il est question, ici, de lumière, de ta Lumière, toi, le Christ, l'Oint, qui fait succession à celui que tu avais désigné au prophète Samuel, le jeune David, qui n'avait alors rien de l'apparence de celui qu'on attendait, mais qui allait être alors, après avoir reçu une corne pleine d'huile sur la tête, empli de l'Esprit et futur grand roi.

Se présente sur ton chemin un aveugle né. Il ne te demande rien, mais tes disciples, eux, te questionnent : qui a commis un péché assez grave pour que Dieu l'accable d'un si grand handicap ? Ta réponse est claire : ni lui ni ses parents. Tu n'es, toi notre Dieu, ni juge ni bourreau, mais amour éternel et miséricordieux. Ceci était dit, tu rajoutes qu'en lui, en l'aveugle, se manifeste l'œuvre de Dieu. Tu t'empresses, toi aussi, Dieu le Fils, d'œuvrer pour celui qui t'envoies, car tu sais que la nuit, celle de ta mort, arrive, où nous serrons privés de toi, en attente de la résurrection.

Un mot t'aurait suffit pour guérir cet aveugle, qui ne demande rien. Mais parce qu'il te faut montrer au monde, tu t'approches de lui, et tu lui appliques de la boue sur les yeux. Acte étrange, dont tu ne nous habitues pas, tu nous rappelles la glèbe, la terre dont nous sommes issus, dont Adam a été créé. La terre, c'est la matière ; cette matière, elle nous constitue. Parce que tu recouvres ses yeux, tu l'envoies au bassin des pèlerins, en contrebas de la cité de Jérusalem, où il doit se laver. L'acte fait, les yeux ainsi propres, l'aveugle voit. Miracle !

Evidemment, nous avons là le signe du baptême, le signe de l'eau, de l'immersion, qu'a entamé Jean le Baptiste, et que tu as transcendé par l'Esprit Saint. Ce baptême, c'est le passage de l'ombre à la lumière, de la mort à la vie. Ce miracle, cette manifestation, c'est celle de la Lumière, qui parvient aux yeux de l'aveugle, et par la Lumière la manifestation de la Vie.

Cet aveugle, c'est nous. Cette cécité, c'est notre incrédulité. Et alors, nous devenons ces pharisiens qui mènent l'enquête, parce que Jésus a guéri un jour de Sabbat. Ils le questionnent, lui, le pauvre aveugle, et ses parents qui se défilent. Mais il ne se laisse pas impressionné, il assure que Jésus l'a guéri, le répète une deuxième fois, et essuie les insultes des pharisiens, qui se cachent derrière Moïse pour nier Jésus. Oui, nous sommes les pharisiens quand nous aussi nous rejetons ceux qui ne nous ressemblent pas. Oui, nous sommes pharisiens lorsqu'on considère, qu'au fond, on mérite un peu la vie qu'on a, par nos péchés, nos actions, ou les actes de nos ancêtres. Cette enquête qu'ils mènent ne rime à rien, tourne au dialogue de sourds, puisque menée à charge, elle n'a d'autre visée, inspirée par le malin, que de te discréditer, de prouver ta culpabilité pour obtenir ton jugement et ta mort. De leurs discours, ils en resterons divisés.

Aveugles, nous avons besoin de ta glèbe pour aller nous laver dans l'eau vivifiante de ton baptême, de celle qui sort de ton cœur transpercé. L'aveugle né et nouveau voyant est jeté dehors par les pharisiens, et tu reviens vers lui. Tu testes sa croyance, sur l'existence du Fils de l'homme, et tu affirmes ton identité, celle de Fils de Dieu, et de Dieu lui-même, sauveur du monde. L'aveugle confirme sa Foi. Il ne te nie pas. A travers le dialogue que tu as avec lui, tu nous révèle pourquoi tu es parmi nous. Lumière, tu ouvriras les yeux à ceux qui ne voient pas, et tu rendras aveugles ceux qui voient. En réalité, les voyants que tu décris, ce sont ceux qui, aveuglés par leurs certitudes, mettent sur leurs yeux un voile sombre qui empêche ta Lumière de pénétrer. En revanche, les plus humbles, qui se pensent inférieurs par leur ignorance, et qui, libres de tout jugement, lèveront la tête à ton passage, ceux-là recevront ta Lumière. Tu le confirmes aux quelques pharisiens devant toi qui, sans doute de bonne foi, te demandent, un peu angoissés, si ils sont par conséquent aveugles : tant que, emplis de certitudes, nous affirmons détenir la vérité, nous nous rendons aveugles, et nous ne percevons pas ta Lumière.

Ce que tu nous demandes est assez simple. Ne cherchons pas de savantes choses pour justifier, expliquer, prouver. Ce n'est pas là l'affaire de la Foi. Vidons nos cœurs et nos esprits dans un acte d'abandon, afin de laisser la place à ta Lumière, à travers elle ta Sagesse, à travers elle ton Chemin, à travers lui ta Vérité, à travers elle, la Vie. Ainsi, lorsque nous nous présenterons devant les nôtres, nous n'aurons plus besoin de parler en notre nom, pour notre compte et notre réputation, mais il nous suffira de nous laisser transpercer par l'Esprit-Saint, et grâce à lui c'est ton Verbe qui parlera à travers nous, ta Lumière qui resplendira.

Oui, Seigneur, comme tu l'as fait avec le prophète Samuel qui a su reconnaître le frêle et jeune roi David, donne-nous de reconnaître ce qui procède de ton Fils, et à travers lui de toi, Dieu le Père, pour que notre parole et nos actes soient toujours dans ta Vérité et ta Sagesse ;

Oui, ô Christ, délivre-nous de la glèbe sèche qui nous aveugle, pour que libres de nos préjugés, nous puissions voir ta Lumière dans notre prochain, et ta Providence dans les actes de charité que nous mènerons ;

Oui, Esprit de Sagesse, souffle sur nous pour nous dégager de la poussière encombrante, fais de nous des hommes debout, libres et visionnaires, dans l'accomplissement de ton Royaume et de ta Volonté.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

Merci ! 6 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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