Carême jour 22 - Samedi III (21/03/20) : pharisien ou publicain ?

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du prophète Osée

Venez, retournons vers le Seigneur ! il a blessé, mais il nous guérira ; il a frappé, mais il nous soignera. Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour : alors, nous vivrons devant sa face. Efforçons-nous de connaître le Seigneur : son lever est aussi sûr que l'aurore ; il nous viendra comme la pluie, l'ondée qui arrose la terre. – Que ferai-je de toi, Éphraïm ? Que ferai-je de toi, Juda ? Votre fidélité, une brume du matin, une rosée d'aurore qui s'en va. Voilà pourquoi j'ai frappé par mes prophètes, donné la mort par les paroles de ma bouche : mon jugement jaillit comme la lumière. Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.

De l'Évangile de Jésus Christ selon saint Luc :

En ce temps-là, à l'adresse de certains qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien, et l'autre, publicain (c'est-à-dire un collecteur d'impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : “Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c'est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. » (Lc 18, 9-14)

En ton temps d'incarnation, Seigneur Jésus, il existait une réelle différence entre le pharisien et le publicain. Le pharisien, l'homme de la tradition et de la Loi, était considéré comme le plus fidèle parmi les fidèles, le plus vertueux et le plus proche de Dieu. Le publicain, lui, le, collecteur d'impôt, celui à la botte de l'envahisseur romain, était le collaborateur détesté, le plus petit, au plus bas de l'échelle, indigne.

Dans ta parabole, tu les opposes en les mettant en scène au Temple en train de prier.

Le pharisien est debout et prie. Sans nul doute n'est-il pas de mauvaise foi ; il fait état de tous ses efforts, de ses jeûnes, de ses dons à la communauté, et, sans doute vertueux, s'écarte de ceux qui volent, trompent, ne sont pas dans la justice, comme le publicain qui est à côté de lui.

Le publicain, timide, honteux, est au loin. Il souffre probablement beaucoup du regard que porte la communauté sur lui, et il se tape la poitrine, symbole de repentance, et demande, somme toute, miséricorde et grâce, car lui-même se reconnait pêcheur.

La justice commune et grossière, si elle suivait simplement la règle du mérite, donnerait au pharisien honneur et gloire, et laisserait le publicain dans sa honte. C'est d'ailleurs, pour ceux qui ne connaissent pas la différence entre un pharisien et un publicain, et qui lisent pour la première fois cet Evangile, ce qu'ils pourraient penser.

Mais toi, une fois de plus, tu vas à contre-courant, et tu nous dévoiles qu'en réalité c'est le publicain, c'est-à-dire le pêcheur, qui en rentrant chez lui devient l'homme juste.

O toi, Dieu de miséricorde, dans ton universalité tu es venu pour tous les hommes. Tu ne scindes donc pas l'humanité en deux. Tu nous parles à nous, directement, parce que dans notre cœur, il y a à la fois le pharisien et le publicain. Pharisien, nous le sommes, parce que nous essayons de faire de notre mieux, et nous le sommes surtout parce que de ces bonnes œuvres, nous attendons de la société une certaine reconnaissance, la reconnaissance sociale qui manque à tant de monde. Si elle manque, c'est qu'elle procède d'une soif insatiable qu'aucun éloge ne peut tarir. Oui pharisien, nous le sommes, parce notre orgueil recherche toujours plus de place, plus d'ampleur, pour nous placer plus près, plus haut, dans une espérance vaine. Finalement, nous ne le faisons pas de mauvaise pensée, parfois même pour de bonnes raisons, mais ce qu'il manque, c'est la vérité de l'acte. Publicain, nous le sommes aussi. Des actes peu glorieux, nous en faisons. Nous avons nos parts d'ombres, d'acceptation du mal, de collaboration insidieuse avec l'ennemi, d'éloignement de Dieu. Ainsi, au fond, nous sommes à la fois pharisien et publicain. Mais alors, Seigneur, comment faire la différence ?

Tu nous donnes la réponse par tes propres mots : « demandez, et vous obtiendrez ! » Le pharisien ne demande rien. Il est centré sur lui-même, il fait un compte rendu d'activité, mais de son cœur, aucune exhortation n'émane. Il est, d'une certaine façon, autosuffisant, il a déjà reçu, donc comment peut-il être en attente ? Le publicain, quant à lui, supplie de toute son âme. Il vide son cœur pour faire place au Royaume, c'est-à-dire te faire place. C'est là le commencement de la conversion.

Te suivre, tu nous l'as dit, c'est prendre sa croix, c'est vendre tout ce que l'on possède. Te suivre, c'est faire un acte d'abandon. Te suivre, c'est accepter que tout vienne de toi. Te suivre, c'est ressentir le besoin de ta présence. Te suivre, enfin, c'est accepter de se convertir sans cesse.

Comme à tout habitude, tu finis ton discours en synthétisant simplement mais mystiquement ton enseignement.

« Qui s'élève sera abaissé, qui s'abaisse sera élevé. » S'élever, c'est chercher le pouvoir, le contrôle, la première place, où on oublie bien vite que le début et la fin, c'est toi, que la puissance et la gloire, c'est toi. S'abaisser, c'est s'abandonner, se laisser aller, se laisser vider, pour que toi, tu viennes nous habiter et nous remplir.

Seigneur, écoute nos supplications, nos repentances, nos regrets, nos remords, nos demandes de pardon, et accorde nous ta divine miséricorde ;

O Christ, donne-nous le goût de la simplicité, de la joie parfaite, de la tempérance et de la pauvreté, pour que jamais nous ne puissions oublier qu'il n'est qu'un seul Dieu, c'est toi ;

Seigneur, Esprit-Saint, habite nos vies, comble nos manques, éloigne nous des mondanités, afin que nous soyons auprès de ceux qui ont le plus besoin de notre aide, de notre soutien.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

Merci ! 8 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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