Carême jour 17 - Lundi III (16/03/2020) : Nul n'est prophète en son pays

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du deuxième livre des Rois : 

En ces jours- là, Naaman, général de l'armée du roi d'Aram, était un homme de grande valeur et hautement estimé par son maître, car c'est par lui que le Seigneur avait donné la victoire au royaume d'Aram. Or, ce vaillant guerrier était lépreux. Des Araméens, au cours d'une expédition en terre d'Israël, avaient fait prisonnière une fillette qui fut mise au service de la femme de Naaman. Elle dit à sa maîtresse : « Ah ! si mon maître s'adressait au prophète qui est à Samarie, celui-ci le délivrerait de sa lèpre. » Naaman alla auprès du roi et lui dit : « Voilà ce que la jeune fille d'Israël a déclaré. » Le roi d'Aram lui répondit : « Va, mets-toi en route. J'envoie une lettre au roi d'Israël. » Naaman partit donc ; il emportait dix lingots d'argent, six mille pièces d'or et dix vêtements de fête. Il remit la lettre au roi d'Israël. Celle-ci portait : « En même temps que te parvient cette lettre, je t'envoie Naaman mon serviteur, pour que tu le délivres de sa lèpre. » Quand le roi d'Israël lut ce message, il déchira ses vêtements et s'écria : « Est-ce que je suis Dieu, maître de la vie et de la mort ? Ce roi m'envoie un homme pour que je le délivre de sa lèpre ! Vous le voyez bien : c'est une provocation ! » Quand Élisée, l'homme de Dieu, apprit que le roi d'Israël avait déchiré ses vêtements, il lui fit dire : « Pourquoi as- tu déchiré tes vêtements ? Que cet homme vienne à moi, et il saura qu'il y a un prophète en Israël. » Naaman arriva avec ses chevaux et son char, et s'arrêta à la porte de la maison d'Élisée. Élisée envoya un messager lui dire : « Va te baigner sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra nette, tu seras purifié. » Naaman se mit en colère et s'éloigna en disant : « Je m'étais dit : Sûrement il va sortir, et se tenir debout pour invoquer le nom du Seigneur son Dieu ; puis il agitera sa main au-dessus de l'endroit malade et guérira ma lèpre. Est-ce que les fleuves de Damas, l'Abana et le Parpar, ne valent pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Si je m'y baignais, est-ce que je ne serais pas purifié ? » Il tourna bride et partit en colère. Mais ses serviteurs s'approchèrent pour lui dire : « Père ! Si le prophète t'avait ordonné quelque chose de difficile, tu l'aurais fait, n'est-ce pas ? Combien plus, lorsqu'il te dit : “Baigne-toi, et tu seras purifié.” » Il descendit jusqu'au Jourdain et s'y plongea sept fois, pour obéir à la parole de l'homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d'un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l'homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n'y a pas d'autre Dieu, sur toute la terre, que celui d'Israël ! »

De l'Évangile du jour : 

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu'une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d'eux n'a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin. (Lc 4, 24-30)

A l'écoute d'une petite fillette juive à son service, un puissant soldat du roi Syrien Aram, lépreux, part à la rencontre d'Elysée, prophète d'Israël. Espérant que ce dernier viendra au-dessus de ses plaies agiter ses mains, puis dire des incantations magiques, Naaman est déçu parce qu'on lui demande d'aller se baigner sept fois dans le Jourdain. Nous pouvons comprendre l'incompréhension du voyageur : qui y-a-t-il de magique d'aller se baigner dans un vulgaire fleuve qui, de fait, aurait quoi de plus qu'un autre ? La colère le gagne et tout aurait pu s'arrêter là si ses serviteurs ne le raisonnèrent pas, non vraiment par foi, mais par bon sens : maintenant que tu es là, que te coûte-t-il d'essayer un acte aussi simple ? Comme le pari de Pascal, on a rien à y perdre et tout à y gagner. Cette stratégie sera payante. Parce qu'obéissant à la Parole de Dieu exprimée dans l'ordre d'Élisée, Naaman est sauvé. La lèpre le quitte. Cette guérison convertit son cœur et le fait reconnaître le Dieu d'Israël comme le seul et l'unique.

Te voilà, Seigneur, dans la synagogue, à enseigner devant les juifs, et tu reviens sur l'histoire du prophète Élisée, qui ne sauva aucun juif de la lèpre, mais le Syrien, l'étranger Naaman. Parce que ce dernier avait fait preuve, sans le savoir, d'un acte de Foi, en prenant le chemin à l'écoute de la fillette, en appliquant la prescription incomprise du prophète, il est guéri.

Nul n'est prophète en son pays. Chez toi, Seigneur, non seulement tu as été mis au dehors de la Synagogue, mais tu as été traduit en justice, par les tiens, et condamné à mort, parce que tu proclamait le Royaume de Dieu. Alors que tu dis la vérité, toi qui connais l'histoire de ton peuple et les écritures, tu es poussé non seulement du lieu de prière, mais de la ville, ta ville, Nazareth, et tu ne t'en émeus peu : tu passes au milieu d'eux pour reprendre ton chemin.

Sans commenter cet évènement qui parle de lui-même, réfléchissons d'un point de vue mystique, c'est-à-dire de l'amour personnel et communautaire qui nous lie à toi. Combien de fois, dans ton pays qu'est ton Église Universelle, n'es-tu pas prophète ? Lorsque nous continuons à vivre dans la division, protestants, orthodoxes et catholiques, nous te mettons au dehors de chez toi. Lorsque nous n'accueillons le pauvre, le malade, le pestiféré, l'exilé, le migrant, celui qui ne nous ressemble pas, nous te mettons au dehors de chez toi. Lorsque nous portons des jugements sur les états de vie de nos frères, au milieu de pratiquer la miséricorde, nous te mettons au dehors de chez toi.

Combien de fois, dans ton pays qu'est notre personne, âme, corps et esprit, n'es-tu pas prophète ? Lorsque nous bafouons les promesses de notre baptême, lorsque nous t'abandonnons au profit des intérêts de ce monde, lorsque nous t'ignorons dans nos vies, lorsque nous ne mettons pas en cohérence nos paroles et nos actes, notre foi et nos œuvres, lorsque nous choisissons ce qui nous convient dans ton enseignement pour éliminer ce qui nous dérange, lorsque nous ne proclamons pas ton Royaume d'amour et de miséricorde, d'accueil, nous te mettons au dehors de chez toi.

Et toi, tu passes ton chemin, même si, dans ta miséricorde et ton amour infini tu ne pars jamais loin, pour qu'aux jours de lamentations nous puissions reprendre ta main. Parce qu'en réalité, comme au jour de la synagogue, cela n'est pas toi que nous jetons dehors, mais c'est nous que nous éloignions de ton Royaume, de ta Présence et de ton Amour. Parce que tu es Dieu, vivant, que tu es depuis les siècles, parce que ton règne n'aura pas de fin, ta permanence est irréductible. C'est nous qui nous tournons de la Lumière pour les ténèbres, mais la Lumière, elle, personne ne peut l'éteindre.

Seigneur Dieu notre Père, toi qui est chez toi dans toute la création, garde nous dans ton Royaume, malgré nos divisions, nos manquements, nos péchés, nos erreurs ;

O Christ, sois notre prêtre, notre prophète, notre roi, notre Seigneur et notre Dieu ; toi le Verbe de Dieu, éloigne nous du malin qui nous tente et nous met à l'épreuve ;

Seigneur, que ta Lumière jaillisse par ton Esprit, pour éloigner de nous les paradoxes qui ne procèdent pas de toi, pour nous conduire à l'unité vraie de ceux qui te suivent.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)

Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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