Carême jour 16 - samedi II (14/03/2020) : Accueillir le frère prodigue !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du prophète Michée : 

De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! 

De l'Evangile du jour :

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s'engager auprès d'un habitant de ce pays, qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d'ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Traite- moi comme l'un de tes ouvriers.” Il se leva et s'en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller,  mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs,  il s'informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” » (Lc 15, 1-3.11-32)

La parabole de l'enfant prodigue est, Seigneur, un de tes enseignements les plus riches pour nous-autres, pauvres petits pécheurs, dans nos misérables conditions de mortels.
Tu utilises une fois de plus l'intrigue familiale, qui nous est si proche, dans ses méandres et ses débarras, pour éclairer notre Foi et nos œuvres.
Il est ici question d'un père, certainement riche, qui possède un grand domaine, et qui a deux fils. Le plus jeune des deux vient demander sa part d'héritage. Le bon père, généreux, partage alors ses biens à ses deux enfants. L'aîné reste au domaine pour en prendre soin, tandis que le cadet part dilapider tout son argent dans des bas-fonds de débauche et de gaspillage, masqués par les entourloupes du monde de la fête et de la jouissance inutile. Touchant l'abime, n'ayant plus un sou, il est rendu à partager sa vie avec les porcs dont il ne peut même pas manger la nourriture, car la famine étant arrivée dans le pays, il n'y avait plus rien.
C'est alors que revient le souvenir de son père, de la richesse de son domaine, de la bonté de ses dons, et il se laisse gagner par l'audace, tentant le tout pour le tout, en demandant à son père le pardon.
Il rentre alors, la mine basse, sans doute amaigri, meurtri, sale et puant, et l'on s'attend à ce qu'il soit au pire jeté hors du domaine, pour avoir offensé l'héritage familial, au mieux reçu par la colère de son père qui aurait sans doute eu toutes les bonnes raisons de le récriminer.
Mais, sans doute à la surprise de tous, le vieux paternel l'accueille les bras ouverts, fait tuer le vœu gras, gardé pour les grandes occasions, et organise un grand festin.
Évidemment Seigneur, toi le Dieu créateur, tu es ce Père, et nous sommes ce fils. Combien de fois n'avons-nous pas dilapidé ton héritage, c'est à dire ta création, ta miséricorde, ton amour infini, pour le dilapider dans les bas-fonds de ce monde, guidés par son prince, nous plongeant dans de nombreuses famines. Et c'est alors qu'affligés, nous nous tournons vers toi, nous nous souvenons de toi. Et c'est alors que plein d'amour, tu nous accueilles et nous pardonnes.
Mais qu'en est-il du fils aîné, le juste, le loyal, celui qui reste auprès du père et qui accomplit sa volonté ? Il accueille amèrement cette grande célébration, à laquelle lui n'a jamais eu le droit, qu'il ressent comme injuste, insultante, gagné par la jalousie et la concupiscence. C'est clairement le mauvais exemple de l'histoire, et pourtant nous avons tort de le montrer du doigt, car si il nous arrive d'être le fils qui a tout dilapidé, nous sommes bien souvent dans la position du frère aîné. La situation de fils prodigue devient celle du frère prodigue. Sa réaction en dit long sur notre humanité. Ce que nous recevons, nous ne savons pas l'apprécier, le faire fructifier, le célébrer et l'aimer. Alors, quand un nécessiteux reçoit alors qu'il n'a pas eu notre loyauté, nous disons : pourquoi ? Et pourtant, la logique parle : parce que tu as déjà, et lui n'a plus ! Combien des nôtres entendons-nous dire, nous les premiers : quelle chance avons-nous d'avoir des écoles gratuites, des hôpitaux gratuits, une certaine protection salariale et sociale, de la nourriture pour tous, même pour les plus nécessiteux grâce à ceux qui donnent leur temps et leur argent dans les maraudes et les soupes populaires ? Peu nombreux sont les ouvriers de cet acte d'optimisme. Mais combien de pays n'ont rien de tout cela, et seulement la misère, la guerre et la mort ? Et lorsque les habitants fuient pour survivre et qu'ils demandent asile, nous les regardons d'un mauvais œil.
Nous sommes souvent le frère aîné. Et le père nous répond : « ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » Nous pensons évidement à ta passion et ta résurrection, ô Christ Seigneur. Mais ne nous trompons pas, tu n'es pas le fils prodigue, car tu n'as jamais péché, ni rien dilapidé. Par ta croix, ta mort et ta résurrection, tu nous montres que nous aussi pouvons passer par de multiples morts, humaines, spirituelles, existentielles, morales, mais que par notre sincère repentance nous pouvons être relevés et renaître. Tu n'es pas non plus le fils aîné, celui qui pense avoir tout et tout vu, la meilleure place et légitimité. Toi tu es l'unique engendré, fils du Père qui vient accomplir toute sa volonté.

Seigneur, Dieu miséricordieux, pardonne-nous nos péchés, nos gaspillages, le dévoiement de ton héritage, accueille-nous dans tes bras avec toutes nos crasses ;

Ô Christ, sois notre exemple d'humilité et de service pour que nous soyons à notre tour de bons pères aimants et de bons frères unis, particulièrement pour l'ensemble des Chrétiens divisés qui doivent marcher vers la réconciliation et l'unité ;

Seigneur, Esprit d'Amour et de Justice, détourne de nous les pensées de supériorité, les jalousie et la concupiscence, afin que nous ne soyons pas pour nos frères des instruments de contradiction, mais des épaules aidantes et des cœurs aimants sur lesquels les âmes boiteuses pourront prendre appui.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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