Carême jour 15 - Vendredi II (13/03/20) : la trahison des frères, des fils !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre de la Genèse :

Israël, c'est-à-dire Jacob, aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu'il était le fils de sa vieillesse,
et il lui fit faire une tunique de grand prix. En voyant qu'il leur préférait Joseph, ses autres fils se mirent à détester celui-ci, et ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité. Les frères de Joseph étaient allés à Sichem faire paître le troupeau de leur père. Israël dit à Joseph : « Tes frères ne gardent-ils pas le troupeau à Sichem ? Va donc les trouver de ma part ! » Joseph les trouva à Dotane. Ceux-ci l'aperçurent de loin et, avant qu'il arrive près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir. Ils se dirent l'un à l'autre : « Voici l'expert en songes qui arrive ! C'est le moment, allons-y, tuons-le, et jetons-le dans une de ces citernes. Nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré, et on verra ce que voulaient dire ses songes ! » Mais Roubène les entendit, et voulut le sauver de leurs mains. Il leur dit : « Ne touchons pas à sa vie. » Et il ajouta : « Ne répandez pas son sang : jetez-le dans cette citerne du désert, mais ne portez pas la main sur lui. » Il voulait le sauver de leurs mains et le ramener à son père. Dès que Joseph eut rejoint ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, la tunique de grand prix qu'il portait, ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne, qui était vide et sans eau. Ils s'assirent ensuite pour manger. En levant les yeux, ils virent une caravane d'Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés d'aromates, de baume et de myrrhe qu'ils allaient livrer en Égypte. Alors Juda dit à ses frères : « Quel profit aurions-nous à tuer notre frèreet à dissimuler sa mort ? Vendons-le plutôt aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui, car il est notre frère, notre propre chair. » Ses frères l'écoutèrent. Des marchands madianites qui passaient par là retirèrent Joseph de la citerne, ils le vendirent pour vingt pièces d'argent aux Ismaélites, et ceux-ci l'emmenèrent en Égypte.

De l'Évangile du jour : 

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d'un domaine ; il planta une vigne, l'entoura d'une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons  et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l'un, tuèrent l'autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d'autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l'héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !” Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » Jésus leur dit : « N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle : c'est là l'œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. » En entendant les paraboles de Jésus, les grands prêtres et les pharisiens avaient bien compris qu'il parlait d'eux. Tout en cherchant à l'arrêter, ils eurent peur des foules, parce qu'elles le tenaient pour un prophète. (Mt 21, 33-43.45-46)

L'histoire de Joseph, fils de Jacob Israël, fait largement écho, Seigneur, au premier acte des enfants d'Adam et Eve, le crime de Caïn tuant son frère Abel. Nous assistons et continuerons d'assister à une série de fratricides ignobles.  Voilà que les frères de Joseph, qui seront avec lui à l'origine des douze tribus d'Israël, jaloux de ce petit dernier préféré par le patriarche vieillissant, décident de le mettre à mort. Le jetant tout d'abord dans une citerne, c'est Roubène, l'aîné, qui parviendra à les convaincre de ne faire que le vendre aux Ismaélites comme esclave. Roubène lui épargne la mort, et Joseph est emmené en Egypte. Rejeté par les siens, détestés, Joseph trouvera grâce aux yeux de Pharaon, occupant alors de grandes responsabilités dans le Royaume. Accablés par une famine, ses frères reviendront en rampant acheter du blé. Cachant d'abord son identité, Joseph finira par pardonner à ses frères, et à leur permettre l'exil du pays de Canaan en Égypte où s'installe le peuple d'Israël.
Nous entendons une fois de plus, Christ Vivant, une de tes paraboles, celle d'un homme puissant propriétaire d'un domaine où il plante des vignes. Partant en voyage, il laisse son champ en location à des vignerons. Mais ces derniers, loin d'être justes, ne respecteront pas les termes de l'alliance conclue. A chacun des serviteurs envoyés par le maître pour récolter le fruit de sa vigne, les vignerons leur donneront la mort, jusqu'au dernier serviteur envoyé, le fils unique du Maître.
Dieu Notre-Père, créateur du ciel et de la terre, le puissant propriétaire c'est toi ; le domaine, c'est ta création. Dieu en mouvement, qui a insufflé le court du temps, tu as créé l'humain à ton image, et tu lui a laissé en location la terre, afin qu'il en prenne soin. Mais nous nous en sommes cru propriétaires, et au lieu de la protéger pour préserver l'environnement et la biodiversité, nous l'avons exploitée à outrance jusqu'à dérégler son équilibre.
Les serviteurs, ce sont tes patriarches, tes prophètes, tes envoyés ; ils ont dû essuyer l'ingratitude et la persécution des leurs. Ils n'ont pas été accueillis. Le fils unique, c'est toi, ô Christ, qui vient en ton Royaume. Malgré tes manifestations, malgré tes miracles, tu es mis à mort sur une croix.
Au retour du maître, le royaume est enlevé aux vignerons.
Ne nous méprenons pas : nous sommes les vignerons. La vigne plantée est la Parole de Dieu, manifestée à travers toi le Verbe Vivant et éternel. Les fruits que nous devons récolter correspondent à l'amour qui découle de ta présence en nous et parmi nous. Ce fruit, ce vin, cette coule remplie, nous ne devons pas la garder jalousement, car nous sommes les bienheureux qui ont la chance de te connaître. Cette coupe, nous devons la partager, l'offrir à ceux qui en sont éloignés, à la brebis égarée.
Si toi, Seigneur, tu es le bon Pasteur, tu nous demandes d'être à notre tour des bergers qui ont souci d'aller trouver les perdus, les égarés.
Pour revenir à Joseph, la trahison des frères devient la trahison des fils, car en vendant Joseph, c'est Jacob Israël, leur père patriarche qu'ils offensent, lui l'héritier Abrahamique. Lorsque par nos actes nous trahissons nos frères, c'est toi, Dieu le Père que nous trahissons et que nous offensons.
Que faisons-nous de la maison que tu nous as offerte ? Comment accueillons-nous ton Verbe ? Que fait-on, mais réellement, de la mort et de la résurrection de ton Fils, notre Seigneur Jésus le Christ ?
En ce temps de carême, nous devons nous poser ces questions. Il ne suffit pas de s'appeler Chrétiens pour l'être, mais notre Foi et nos actes doivent rester en cohérence comme seul témoignage de la Grâce qui nous est donnée.
Seigneur Dieu, écoute tes serviteurs, écoute les vignerons que nous sommes, pardonne-nous nos trahisons intestines, fais que nous œuvrions à la protection de la maison mère qu'est ta création ;
Ô Christ, toi Fils unique immolé, unique-engendré, que ta paix nous aide chaque jour à être à la hauteur de nos promesses ;
Souffle sur nous, Esprit impétueux, que par ta force nos cœurs de pierre se transforment en cœur de chair, que nous puissions accueillir toute la puissance de ton amour et le faire rayonner à nos frères ; réconcilie-nous avec nos frères protestants et orthodoxes afin que nous vivions, selon ta volonté, la fraternité du Christ.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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