Carême jour 14 - Jeudi II (12/03/20) : Lazare et le riche

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du prophète Jérémie :

Ainsi parle le Seigneur : Maudit soit l'homme qui met sa foi dans un mortel, qui s'appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable. Béni soit l'homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L'année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit.

De l'Évangile du jour :

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d'ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi, et on l'enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l'eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.” Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d'envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j'ai cinq frères : qu'il leur porte son témoignage, de peur qu'eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu'ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu'un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S'ils n'écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” » (Lc 16, 19-31)

Dans cette parabole, Seigneur, se résume toute la Sagesse que tu t'évertues de nous enseigner. Tu opposes, une fois de plus, le riche et le pauvre. Le riche habite une vaste demeure, dans laquelle il donne des festins. On imagine sans peine cette maison, remplie de bonnes gens, d'altesses et d'illustres personnalités, vivant de mondanités vaines, de débauche et d'ivresse, dans un consumérisme sans borne et une idolâtrie du plaisir. Son portail est fermé, verrouillé, tandis que d'immenses murs la protègent. L'ôte, le seigneur, le riche, porte des vêtements de valeur. Ce sont des serviteurs qui lui emmènent tout ce dont il a besoin.

Au seuil, il y a Lazare. C'est un pauvre. Il git. Des ulcères gangrènent ses jambes. Il n'a le droit à rien, même pas aux restes. Les chiens profitent de sa faiblesse pour lécher ses plaies.

Personne ne crie vraiment au scandale, ni à l'injustice. C'est ainsi.

Et voilà qu'un double drame se produit, le pauvre et le riche meurent. La situation s'inverse : le pauvre se trouve auprès d'Abraham, l'homme qui a tout laissé pour suivre tes pas, dans le Royaume des Cieux ; quant au riche, il croupit au séjour des morts. Et lui, qui ne connaît qu'être servi, il demande à ce que le pauvre vienne lui mettre de l'eau dans la bouche. Mais Abraham lui répond que justice est rendue, et qu'un abime le sépare à présent du Royaume des Cieux.

Il semble alors que le riche comprenne, abandonne sa situation, et qu'un accès de fraternité le pousse à demander à ce que ses frères soient prévenus, pour qu'ils ne commettent pas les mêmes fautes. Il essuie un nouveau refus : la Loi et les Prophètes ont déjà tout révélé. Le riche persiste, espérant qu'un revenant des morts sera plus persuasif. De la bouche d'Abraham nous entendons que même la résurrection de la mort ne suffira pas à convaincre quiconque.

Le peuple de Dieu accorde une importance au Nom. Ici, seul le pauvre est nommé, Lazare. Le riche reste le riche. C'est bien le pauvre qui a de l'importance.

Seigneur, tes paraboles n'ont pas un sens littéral, elles sont bien plus précieuses pour n'avoir qu'un seul plan de lecture. Ne nous dévoyons pas, le riche n'est pas uniquement celui qui a beaucoup d'argent et de biens, et le pauvre celui qui n'a rien. Si la vertu suivait ce dualisme simpliste, il n'y aurait pas beaucoup de sens au monde.

Le riche est celui à qui on a donné, et qui, plutôt que de faire fructifier pour qu'autour de lui rayonne son don, préfère garder égoïstement et se perdre dans des mondanités inutiles. Le pauvre, c'est celui qui n'a pas encore eu la chance de recevoir.

Il est évidant que les disparités financières sont inadmissibles ; il tombe sous le sens que certains puissent vivre du trop plein tandis que d'autres souffrent du trop peu relève de l'ignominie. Mais ce fléau est avant tout une maladie du cœur.

Le croyant, celui qui suit tes pas, est possesseur d'une richesse qu'il n'imagine pas. Si il garde cette richesse pour lui, si il n'accepte pas de rayonner, d'être transfiguré, et percer les carapaces et de faire s'éclater les tombeaux, si il ne fait que vivre dans son coin sans l'autre, il est le riche. Lorsqu'il rencontrera le débauché, le perdu, celui qui à qui personne n'a jamais présenté Dieu, il est face à Lazare, qu'il a de grandes chances d'ignorer.

Sans doute, Seigneur, cette analyse pourra troubler certains. Mais voilà : devenir pauvre auprès de toi, c'est s'enrichir ; personne n'a idée de la chance que nous avons. Tu nous demandes de partager cette dernière auprès des pauvres de cœur, des pécheurs, de ceux qui te sont éloignés, dans les périphéries géographiques et existentielles. Alors si de nous transparaît notre Foi par ton amour infini, nous parviendrons à convertir, à emmener l'autre, le prochain, vers toi, vers ton salut, vers ton miracle, et si vraiment notre Foi est profonde, si seulement par notre bouche ton Esprit parle, nous parviendrons à aider ceux qui ont faim, soif, ceux qui sont malades, parce que la Providence y pourvoira.

Beaucoup aura du mal à y croire, et pourtant, toi, tu es mort et ressuscité, et tu es parmi nous, et le constat d'Abraham perdure : cela ne suffit pas à ce monde.

Seigneur Dieu, ouvre nos cœurs, nos yeux, nos oreilles, pour que, riches que nous sommes de tes bienfaits, jamais nous ne laissions le moindre pauvre au seuil du festin de ton Royaume ;

O Christ, Chemin, Vérité et Vie, tu nous as montré l'exemple : ta mort et la résurrection sont des signes éternels ; puissions-nous, plus que jamais, en saisir toutes les conséquences sur nos vies ;

Seigneur, par ton Esprit, acceptons d'être des pauvres comme Lazare, pour être auprès de toi ; libère-nous des murs qui enferment le riche dans son palais inutile.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

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Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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