Carême jour 11 - Lundi II (09/03/20) : miséricorde et pardon !

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Le carême est un temps privilégié pour les Chrétiens. Nous y vivons quarante jours de réflexion, d'efforts et de jeûnes, en miroir avec les quarante jours passés par Jésus dans le désert. Ils s'ouvrent vers la mort et la résurrection du Christ. Comme les anciens, nous avons reçu les cendres, signe de contrition et de pénitence dans l'ancienne alliance, symbole de notre condition mortelle, mais aussi feu vivant qui nous réchauffe, fertilisant de notre renaissance. Marqués sur notre front de la croix, qui nous donne à contempler la mort de Jésus, mais surtout sa résurrection, marchons ensemble durant cette grande quarantaine vers la pâque de notre Seigneur Jésus le Christ.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Du livre du prophète Daniel : 

Je fis au Seigneur mon Dieu cette prière et cette confession : « Ah ! toi Seigneur, le Dieu grand et redoutable,
qui garde alliance et fidélité à ceux qui l'aiment et qui observent ses commandements, nous avons péché, nous avons commis l'iniquité, nous avons fait le mal, nous avons été rebelles, nous nous sommes détournés de tes commandements et de tes ordonnances. Nous n'avons pas écouté tes serviteurs les prophètes, qui ont parlé en ton nom à nos rois, à nos princes, à nos pères, à tout le peuple du pays. À toi, Seigneur, la justice ; à nous la honte au visage, comme on le voit aujourd'hui pour les gens de Juda, pour les habitants de Jérusalem et de tout Israël, pour ceux qui sont près et pour ceux qui sont loin, dans tous les pays où tu les as chassés, à cause des infidélités qu'ils ont commises envers toi. Seigneur, à nous la honte au visage, à nos rois, à nos princes, à nos pères, parce que nous avons péché contre toi. Au Seigneur notre Dieu, la miséricorde et le pardon, car nous nous sommes révoltés contre lui, nous n'avons pas écouté la voix du Seigneur, notre Dieu, car nous n'avons pas suivi les lois qu'il nous proposait par ses serviteurs les prophètes. »

Évangile du jour : 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l'on vous donnera : c'est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » (Lc 6, 36-38)

La miséricorde et le pardon sont deux grandes valeurs que tu es venu nous apporter, Seigneur. Tu persistes à signes à de multiples reprises dans ton évangile, de façon parfois déroutante, comme lorsque tu nous demandes de prier pour nos persécuteurs. Notre instinct primaire et parfois animalier, malgré notre condition d'hommes et de femmes créés à ton image, nous pousse à un désir de vengeance et d'égalité de souffrance. C'est la fameuse loi du talion, œil pour œil, dent pour dent, vie pour vie, que tu es venu abolir.

Si tu es le Verbe de Dieu, c'est parce que tu es la Parole en mouvement, la Parole qui se conjugue à tous les temps et à toutes les personnes, et qui enseigne non seulement par ses propos, mais par ses actes. Ta mort sur la croix, injuste puis innocent d'une quelconque faute, toi qui a vécu sans péché, est l'exemple même de l'abandon à la miséricorde. Au seuil de ton dernier souffle, tu auras cette prière en direction de ton Père : Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. 

Nous t'avons demandé, durant ta condition d'homme, quel était ton commandement, et toi, tu insistes en disant que de la Loi, aucun iota ne sera enlevé, ni point sur le iota. Mais tu résumes cette Loi, tout d'abord dans ton corps, qui deviendra corps mystique de l'Eglise et de ton peuple, et dans ton commandement qui deviendra le premier : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ; il n'est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime.

De cet amour absolu, infini, incommensurable, qui peut atteindre tous les hommes et femmes sans aucune exception, le principe premier est la miséricorde. En effet, le pardon est nécessaire à l'amour du prochain : comment peut-on aimer quelqu'un si on garde, même de façon lointaine, une rancœur en nous ?

Nous pouvons dire, en l'expérimentant, qu'il est difficile de pardonner, notamment dans certains cas extrêmes d'actes gravissimes. Et pourtant, même à ces derniers, la miséricorde s'applique. Il n'y a pas de paix sans pardon. Les peuples de la bien-aimée Afrique du Sud ou du martyr Rwanda ont su appliquer le pardon en surmontant des exactions et des inégalités révoltantes. Ils ont montré au monde que de l'horreur peut naître la Lumière d'un peuple qui, entrant en espérance, rejette et transcende ce que le malin avait réussi à distiller.

Le pardon n'est pas naturel ; il vient de toi, il est par toi, il trouve son accomplissement en toi, Dieu le Très-Haut. Et c'est par un acte d'abandon que cela commence : lorsque je dépose à tes pieds mes aigreurs, mes remontrances, mes lamentations, je me libère d'un poids immense, du joug de la haine, et je peux enfin élever ma tête, mon cœur et mon esprit vers ta Sainte-Face lumineuse, vers ton cœur rayonnant, celui-là même qui, une fois percé par la lance, a fait jaillir le sang de l'eucharistie et l'eau purificatrice du pardon des péchés.

Le pardon, donc, nous permet de vivre. Se reconnaître tout d'abord pécheur, c'est avoir l'humilité de ne pas se considérer au-dessus. Pardonner à l'autre, sans demi-mesure, mais avec Dieu, c'est se libérer de ce qui nous garde alités, ce qui nous empêche de se lever et de marcher à ta suite.

Seigneur, dans notre monde, il nous est donné d'habiter avec des frères et des sœurs de religions ou philosophies diverses, en particulier ceux de confession musulmane. Lorsqu'on s'intéresse à leur histoire, leur culture, leur Livre, nous ne pouvons que reconnaître l'extrême richesse de l'Islam et de sa culture, la beauté de son architecture, de ses mosquées, de ses appels à la prière. Pourtant, une tentation voudrait nous pousser à nier, rejeter voir détester ces personnes qui sont, de fait, de part leur citoyenneté et leur état d'humain, nos frères et nos sœurs. A cause des actes et crimes condamnables d'une poignée, une tendance à l'amalgame a lieu. Comme les actes antisémites, les actes islamophobes augmentent.

Seigneur, cela n'est pas ta volonté. A l'image des moines martyres de Tibhirine, lors de la guerre civile Algérienne, il nous faut faire la différence entre les fondamentalismes politico-fanatiques et le peuple innocent. Les moines, malgré la menace, ont choisi de ne pas fuir, et ont soigné jusqu'au bout leurs frères musulmans avec lesquels ils n'avaient qu'une relation de tolérance mutuelle et de paix. Aussi nous demandes-tu de ne pas juger, car nous aussi, de par notre histoire ancienne ou lointaine, nous avons eu nos fanatismes dont nous payons encore la repentance.

Seigneur, cela n'est pas ta volonté, et tu l'as exprimé par ton Esprit qui a soufflé durant le concile Vatican II, et les écrits des pères conciliaires et de ton vicaire le Saint Pape Paul VI au sujet des musulmans :

« L'Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Bien qu'ils ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu, ils le vénèrent comme prophète ; ils honorent sa Mère virginale, Marie, et parfois même l'invoquent avec piété. De plus, ils attendent le jour du jugement, où Dieu rétribuera tous les hommes après les avoir ressuscités. Aussi ont-ils en estime la vie morale et rendent-ils un culte à Dieu, surtout par la prière, l'aumône et le jeûne.  Même si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le saint Concile les exhorte tous à oublier le passé et à s'efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu'à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté. » (déclaration sur les relations de l'église avec les religions non chrétiennes « Nostra-Aetate », concile Vatican II, Paul VI, le 28 Octobre 1965)

Dieu le Très-Haut, donne-nous de vivre ta miséricorde et ton pardon dans le plus intime de nos vies, envers nous-mêmes et notre prochain, en déposant à tes pieds ce qui nous alourdit, et en rejetant fermement l'œuvre du malin ;

O Christ, par ton exemple sur la Croix, tu nous as montré que par l'abandon totale à la volonté du Père, nous sommes conduits sur des chemins qui ne mènent pas à la mort, mais à la résurrection et la vie qui n'a d'autre raison d'être qu'éternelle ;

Seigneur, que ton Esprit qui apporte la Paix continue de souffler dans nos cœurs attendris de chrétiens, que nous gardions, pour nos frères et sœurs protestants et orthodoxes, pour nos frères et sœurs juifs, pour nos frères et sœurs musulmans, un respect, un amour et une volonté profonde de fraternité, nous qui nous nous disons tous enfants d'Abraham.

Par toi, Dieu le Père, créateur de toute chose ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe Vivant ; en toi, Dieu le Saint-Esprit, qui ne cesse de souffler ses dons ; toi Dieu Un, unique et unitaire, Père, Fils et Esprit-Saint, Trinité insondable depuis le commencement, maintenant, et pour toujours,

Amen, Maranatha ! (durant le carême, nous ne disons pas Alléluia, mais Maranatha, qui signifie en Araméen « Seigneur, viens ! »)

Proposition facultative : dire un chapelet de la miséricorde

Le chapelet de la miséricorde est une prière donnée par Jésus à Sœur Faustine, promettant de nombreuses grâces. Il se récite avec un chapelet ordinaire.

Un Notre Père, un Je vous salue Marie, un Je crois en Dieu.

Sur les gros grains : « Père Éternel, je vous offre le corps et le sang, l'âme et la divinité de votre Fils bien- aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, en réparation de tous nos péchés et de ceux du monde entier. »

Sur les petits grains :« Par sa douloureuse Passion, soyez miséricordieux pour nous et pour le monde entier. »

A la fin du chapelet : « Dieu saint, Dieu fort, Dieu éternel, prenez pitié de nous et du monde entier. » (× 3)


Prière finale pour le Carême :

Seigneur Jésus Christ, durant quarante jours, nous allons marcher dans tes pas.
Tu es parti au désert et tu as jeûné ; tu as été tenté par le diable, mais par ta Parole tu as vaincu.
Nous allons parcourir nos déserts existentiels, périphériques, profonds et enfouis. Nous allons faire face à nos démons, qui, bien cachés, nous paralysent. Nous allons jeûner physiquement et spirituellement, pour nous dépouiller du superflu qui nous alourdit, et redécouvrir la vraie valeur de ce et ceux qui nous entourent.
Donne-nous, Seigneur, d'avoir le courage de faire la Lumière sur les démons de nos caves, et de rejeter comme toi vigoureusement Satan et ses œuvres.
Donne-nous, ô Christ, d'accepter notre croix, dans l'espoir et la certitude de la résurrection, Bonne Nouvelle que tu nous envoies annoncer.
Donne-nous, Seigneur, de nous éloigner de tout orgueil et gloriole, de toute démonstration ostentatoire, et de donner, prier ou jeûner dans le secret de nos cœurs, afin de donner à notre démarche une intention pure, et que l'on nous reconnaisse « à la façon dont nous nous aimons ».
Rappelle-nous, agneau de Dieu immolé, qui enlève le péché du monde, que lorsque nous assistons un affamé, un assoiffé, un pauvre, un malade, un enfant, un aveugle, une brebis égarée, c'est à toi que nous le faisons.
A nous, pauvres pécheurs, disciples divisés, parce que cela n'est pas ta Volonté, affermis nous dans notre Foi et notre zèle pour que nous œuvrions chaque jour dans l'œcuménisme et la voie de l'unité des Chrétiens, ainsi que dans le respect et l'accueil des autres religions, car tu es venu pour tous les Hommes. Par notre démarche de rédemption, purifie-nous de tout ce qui nous sépare, et qui est l'œuvre du prince de ce monde.
Selon ton commandement, assumons avec vigueur ce que nous sommes : que notre oui soit oui, que notre non soit non.
Par toi, Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux, qui nous pardonne ; avec toi, Dieu le Fils, Verbe de Dieu, qui est parti au désert et qui a vaincu le mal ; en toi, Dieu l'Esprit-Saint, souffle vivant et vivifiant, qui nous donne la force d'avancer vers la sainteté. Amen, Maranatha.

Prière de la communauté

Talitha Koum : réveille-moi, Seigneur !

Réveille-moi, Seigneur, de mes sommeils et de mes peurs, comme tu as réveillé la petite fille morte à qui tu as murmuré « Talitha Koum ». Pose ta main sur la mienne, ôte de moi les idées mortifères. Pardonne-moi dans ta Divine Miséricorde. En toi je m'abandonne, pour laisser les promesses de ce monde, et vivre de ta Providence. A tes pieds je dépose ce qui m'encombre pour devenir serviteur et pauvre, avec la joie parfaite de me mettre à ta suite. Donne-moi de vivre pleinement la fraternité, en œuvrant pour l'unité des chrétiens et l'amitié des croyants. Oui, réveille-moi, Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, avec l'aide de la bienheureuse Vierge Marie, afin que, relevé, je vive entièrement dans ton amour par une charité simple, une foi profonde, et dans l'espérance de ton Royaume. Amen.

Merci ! 6 personnes ont prié

Que vos paroles soient toujours bienveillantes, qu’elles ne manquent pas de sel, vous saurez ainsi répondre à chacun comme il faut. Col 4 : 6

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Journal chrétien - Le Quotidien Jésus - Talitha Koum

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